L’impact écologique de l’élection Miss France

Comme chaque année, les Miss ont été conduites dans un coin paradisiaque de notre pays pour y faire des photos et des vidéos. Cette année, le comité a choisi la Guyane ! On peut comprendre la volonté de faire découvrir cette magnifique région d’outre-mer à la jeune femme qui va représenter tout le pays, tout en faisant participer à cette manifestation une population souvent trop éloignée pour profiter pleinement des festivités nationales.

Néanmoins, on peut s’interroger sur le choix d’une destination aussi éloignée de Paris quant à l’aspect écologique. Pour un vol entre la capitale et l'aéroport international Félix-Éboué, un-e seul-e passager-e en classe économique rejette environ 3,9 tonnes de CO₂ pour un aller-retour selon la fondation Myclimate qui possède un simulateur de coût écologique des vols d’avion. 

Si la quantité est légèrement dégressive à mesure que le nombre de passagers augmente, avec 30 candidates, plus toute l’équipe de tournage (78 personnes ont fait le voyage au total selon Télé-Loisirs), rien que le voyage en lui-même représente un coût qui dépasse allègrement les 100 tonnes de CO₂ émises dans l'atmosphère.

Une personne qui fait cet aller-retour consomme donc à elle seule le tiers des émissions rejetées par un-e Français-e en moyenne en 2021 (9,9 tonnes par an).

On l'imagine bien, les Miss ne partent pas avec quelques tenues vestimentaires décontractées pour siroter un cocktail sur une des plages de Guyane. Confrontées à un programme chargé en des lieux différents et comprenant des activités diverses, l’équipe de tournage et les Miss vont consommer près d’une tonne de fruits et légumes pour un total de 1 500 couverts servis durant le séjour. En très grande majorité, et heureusement, il s’agit là de nourriture locale, ce qui est une excellente chose sachant que les aliments aussi ont une empreinte carbone.

Durant la cérémonie, comme il est évident que personne ne va regarder des vidéos de Miss en train de manger, il a aussi fallu prévoir des prises de vue avec diverses poses en tenues variées dans des décors extérieurs. En conséquence, il faut aussi ajouter dans le coût écologique le transport des vêtements des représentantes des régions françaises. Ici aussi, rien n’a été laissé au hasard puisque c’est plus de 40 cartons de vêtements qui ont décollé en même temps que l'équipe de tournage. Avec 13 tenues officielles, pour chacune des 30 candidates, on peut aisément imaginer la montagne de tissu que cela représente. 

La conseillère en image des Miss et styliste Aurore Donguy précise pour le magazine Femme Actuelle que ce sont plus de 500 tenues (allant de 15 à 30 kg) qui ont traversé l’Atlantique. A raison de 15 kg x 500 costumes, ce transport minimum de 7,5 tonnes est donc à rajouter au bilan carbone de ce voyage déjà coûteux en termes d’émission de gaz à effet de serre. 

Si, sur place, plus de 30 heures de pellicules sont tournées afin de réaliser le reportage des “Miss en voyage”, le coût du tournage de la cérémonie en elle-même est aussi élevé. Comme pour le cinéma, la télévision a besoin de très nombreux appareils branchés sur l'électricité qui consomment beaucoup. Les spots de lumière par exemple représentent l’une des dépenses carbone les plus importantes sur un tournage selon le rapport « L'Empreinte écologique d'un Tournage », rédigé en 2008 par la Commission du film d'Ile-de-France. 

Or, on sait d’ores et déjà que la scène de Miss France ne ressemblera pas à l’entrée d'un bar gothique de Berlin à deux heures du matin. Autrement dit, les lumières vont briller plus que jamais ! 

La cérémonie de Miss France est donc assez importante écologiquement, surtout quand les tournages sont réalisés à une dizaine de milliers de km de Paris. Si l’inclusion des Français-es de Guyane est une excellente chose dans cette fête, nul doute que celleux-ci préfèrent préserver leur magnifique région des conséquences du dérèglement climatique.