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Centrale nucléaire Cruas
Centrale nucléaire Cruas

Quel est le pourcentage d’électricité nucléaire en France ?

En France, les énergies renouvelables prennent du galon. En 2023, le solaire et l’éolien ont même totalisé près de 15 % de la production électrique 🎉 🥳 ! On ne va toutefois pas se réjouir trop vite, puisque la filière nucléaire reste encore de loin prépondérante dans la production électrique hexagonale, et représente quelque 65 % du mix. Alors, pourquoi le pourcentage d’électricité nucléaire est si élevé au Pays des Lumières ?


Quid de la production d’électricité en France

Après une année 2022 en dents de scie, la production nucléaire a repris des couleurs en 2023, pour s’élever à 320,4 TWh en tout. Une augmentation de 41,5 TWh par rapport à l’année précédente. Pour résumer, sur les 494,3 TWh d’électricité produits en France en 2023 : 

  • 64,8 % étaient d’origine nucléaire (320,4 TWh) ;
  • 11,9 % étaient d’origine hydraulique (58,8 TWh) ;
  • 10,2 % étaient d’origine éolienne (50,7 TWh) ;
  • 6,1 % étaient d’origine gazière (30,0 TWh) ;
  • 4,3 % étaient d’origine solaire (21,5 TWh).

Autrement dit, en matière de consommation et de production d’électricité en France, le nucléaire reste en pole position. Cependant, et malgré cette remontada de l’atome, la tendance générale est à la baisse depuis quelques années. Pour preuve, les variations de la part de l'énergie nucléaire dans la production totale d'électricité en France au cours de ces (presque) quarante dernières années : 

  • 1985 : 64,8 % de nucléaire
  • 1990 : 74,4 % de nucléaire 📈
  • 1995 : 76,1 % de nucléaire 📈
  • 2000 : 76,4 % de nucléaire 📈
  • 2005 : 78,5 % de nucléaire 📈
  • 2010 : 74,1 % de nucléaire 📉
  • 2013 : 73,3 % de nucléaire 📉
  • 2014 : 76,9 % de nucléaire 📈
  • 2015 : 76,3 % de nucléaire 📉
  • 2016 : 72,3 % de nucléaire 📉
  • 2017 : 71,6 % de nucléaire 📉
  • 2020 : 71 % de nucléaire 📉
  • 2021 : 69 % de nucléaire 📉
  • 2022 : 63 % de nucléaire 📉
  • 2023 : 64,8 % de nucléaire 📈

Si le pourcentage d’énergie nucléaire dans le mix électrique hexagonal de 2023 est supérieur à celui de l’année précédente, on constate néanmoins qu’il est équivalent à celui de 1985 ! Une observation qui n’est certainement pas du goût du gouvernement, si l’on en croit les nombreuses déclarations du président, Emmanuel Macron, grand amoureux de l’énergie atomique. « Le monde de demain sera plus électrique. Nous devons être en mesure […] de produire jusqu'à 60 % d'électricité en plus qu'aujourd'hui. […] Et la clé pour produire cette électricité […] est de développer tout à la fois les énergies renouvelables et le nucléaire. […] [Nous allons] prolonger tous les réacteurs nucléaires qui peuvent l'être […] [et] lancer dès aujourd'hui un programme de nouveaux réacteurs nucléaires » déclarait-il à Belfort, le 10 février 2022.

Comment expliquer la baisse du pourcentage d’énergie nucléaire en France ?

Un coût considérable

Si le gouvernement multiplie les annonces sur la relance du nucléaire et les enveloppes à destination de la filière, force est de constater que côté chiffres, les comptes sont mauvais. Pourtant, l’Hexagone compte pas moins de 56 réacteurs, répartis sur 18 sites, soit une capacité énergétique de 63 GW. Le parc nucléaire se décompose de la façon suivante :

  • 32 réacteurs d'une puissance de 900 MW ;
  • 20 réacteurs d'une puissance de 1300 MW ;
  • 4 réacteurs avec une puissance de 1450 MW.

La France est même la seconde plus grande puissance nucléaire, juste derrière les États-Unis (93 réacteurs en service) et devant la Chine (53 réacteurs en exploitation). Un statut qui n’empêche pas les chiffres de décroître. La perte de production nucléaire de ces dernières années s’explique notamment par la découverte d’un problème de corrosion sous contrainte, ainsi que des retards de maintenance accumulés au cours de la pandémie. Un constat qui s’inscrit néanmoins dans une tendance baissière de plus long terme. « Entre 2005 et 2015, neuf années sur dix, on produisait plus de 400 TWh d’électricité nucléaire. Depuis 2015, on n’y arrive plus. Luc Rémont, le nouveau PDG d’EDF, a annoncé que l’objectif du groupe était d’atteindre à nouveau 400 TWh en 2030, mais que ce sera très dur », rappelle rappelle Mycle Schneider, consultant allemand dans les domaines de l’énergie et de la politique nucléaire.

À ceci s'ajoute le sujet de la capacité d'adaptation du nucléaire au changement climatique (en particulier considérant les épisodes de sécheresse et de décrue des fleuves qui permettent de refroidir nos centrales). Saisie en janvier 2022 par la commission des Finances du Sénat, la Cour des comptes a présenté le 21 mars les conclusions de son enquête sur l’adaptation du parc nucléaire au réchauffement climatique. Premier constat : le coût estimé de cette adaptation demeure extrêmement modeste, même s’il reste difficile à apprécier. « Il faut dire qu’EDF ne l’a pas évalué complètement et précisément », a déclaré Annie Podeur, présidente de la deuxième chambre de la Cour des comptes, devant les sénateurs de la commission. « Pour autant, l’entreprise a réussi à nous indiquer que les investissements relatifs au climat et à la météo (comme la rénovation d’aéroréfrigérants, la construction et le rehaussement de digues) représentent un montant d’investissements déjà réalisés de 960 millions d’euros sur la période 2006 – 2021 », a-t-elle ajouté. Les dépenses programmées pour la période 2022 – 2038 s’élèvent quant à elles à environ 612 millions d’euros. « Ce ne sont donc pas de lourds enjeux financiers », conclut-elle. La cour juge cependant nécessaire qu’EDF « puisse disposer dans l’avenir d’une information précise sur le coût de l’adaptation climatique pour l’entreprise [et] de sa performance sur ce point », ajoute Annie Podeur.

Dans le cadre des investissements du plan France 2030, la filière nucléaire bénéficie de pas moins de 1,2 milliard d’euros de fonds publics pour développer « une industrie nucléaire souveraine et durable ». Lors d’une conférence de presse donnée en janvier dernier, Emmanuel Macron a également indiqué que huit autres réacteurs EPR2 (european pressurized reactor, réacteurs nouvelle génération) devraient être construits en plus des six initialement prévus (on vous avait dit, qu’il aimait beaucoup le nucléaire). Un programme qui devrait coûter plus de 100 milliards d'euros, pour lesquels il faudra bien trouver des financements.

L’énergie nucléaire, est-ce que c’est une énergie renouvelable ?

On ne va pas faire durer le suspens plus longtemps : la réponse est NON. Pour produire de l’électricité nucléaire, il faut un combustible appelé uranium. Or, ce minerai n’est pas renouvelable. Pourtant, la France se donne pour objectif d'atteindre 33 % d'EnR dans son mix énergétique d'ici à 2030. Une ambition qui cadre mal avec la surreprésentation du nucléaire, voulue par l’actuel gouvernement 🤔. En attendant, si vous souhaitez participer à l’essor de sources d’énergie VRAIMENT renouvelables, vous pouvez opter pour une offre d’énergie 100 % verte avec Ekwateur. En quelques clics, grâce à un parcours de souscription ultra simple, profitez d’une électricité issue de centrales solaires, hydrauliques ou éoliennes.

Pourquoi l’électricité française est majoritairement d’origine nucléaire ?

La France n’est autre que le plus gros producteur d’électricité nucléaire européen. Pour comprendre les raisons de cette super-production, retour en 1973. Suite à la guerre du Kippour, une crise pétrolière majeure s’engage. Les pays de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) s’organisent afin de faire monter les prix du pétrole en représailles à l’occupation des territoires par Israël depuis 1967. Problème de taille : côté électricité, l’Hexagone ne dispose que de peu de ressources internes pour assurer son fonctionnement. Sa dépendance aux hydrocarbures lui joue des tours et la facture d’énergie flambe, elle quadruple même, entre 1972 et 1974. Le 6 mars 1974, Pierre Messmer (non, pas l’hypnotiseur, le Premier ministre), annonce le fameux « Plan Messmer ». Objectif : redonner son indépendance énergétique au pays, en passant par la construction de plus de 13 centrales nucléaires de 1 000 MW chacune.

D’ailleurs, vous connaissez peut-être la fameuse citation de Valéry Giscard D’Estaing : « En France on n’a pas de pétrole, mais on a des idées ! » Eh bien, elle fait directement référence à ce projet. Les chantiers vont bon train, à tel point que la part du nucléaire dans la production d’électricité passe de 37 % en 1981 à 55 % en 1984. Alors que la plupart des pays dans le monde ralentissent leurs programmes nucléaires, côté français, c’est l’inverse. Un rythme de construction effréné, qui ne tarira qu’à la fin des années 90, avec la sortie de terre du réacteur Civaux 2 (en décembre 1999). De nos jours, l’âge d’or du nucléaire est néanmoins entaché par différentes problématiques de taille : 

  • Des déchets nucléaires qu'on ne sait toujours pas recycler ;
  • Des ressources en uranium limitées ;
  • Des problèmes de sécurité croissants ;
  • Le coût important du grand carénage des centrales nucléaires (programme industriel de rénovation et de modernisation des centrales nucléaires existantes).

Un constat qui n’empêche pas les politiques de mettre le paquet et de croire fermement en « l’avenir du nucléaire », en brandissant à chaque intervention l’émergence d’une nouvelle et troisième génération de centrales nucléaires. Les réacteurs pressurisés européens ou european pressurized reactor (d’où EPR) ont été conçus et développés par Orano (ex-Areva) dans les années 1990-2000, avec pour objectif d’améliorer la sûreté et la rentabilité des centrales nucléaires. Pourtant, sur les chantiers, les retards s’accumulent au point de faire de l’EPR de Flamanville l’un des plus grands fiascos industriels français. Lancée en 2007, la construction du réacteur n’est à ce jour toujours pas achevée et sa facture ne cesse d’augmenter.

Quels sont les pays qui exploitent le plus l’énergie nucléaire ?

À l'échelle mondiale, 10 % de l'électricité provient des centrales nucléaires. L'Agence internationale de l'énergie (IEA) estime à 413 gigawatts (GW) la capacité opérationnelle de l'énergie nucléaire dans le monde. En 2022, on comptait : 

  • 93 centrales nucléaires aux États-Unis ;
  • 56 centrales nucléaires en France ;
  • 53 centrales nucléaires en Chine ;
  • 37 centrales nucléaires en Russie ;
  • 33 centrales nucléaires au Japon ;
  • 24 centrales nucléaires en Corée du Sud ;
  • 22 centrales nucléaires en Inde ;
  • 19 centrales nucléaires au Canada ; 
  • 15 centrales nucléaires en Ukraine ;
  • 12 centrales nucléaires au Royaume-Uni.

Cependant, le « World Nuclear Industry Status Report » 2023, pointe une phase de déclin sans précédent pour le secteur nucléaire au niveau mondial. Le décalage des capacités installées entre le nucléaire et les énergies renouvelables est de plus en plus criant. En 2022, ces dernières se sont chiffrées à :

  • 348 gigawatts (GW) pour les renouvelables ;
  • 4,3 GW pour les centrales nucléaires.

En France toutefois, l’atome a encore de beaux jours devant lui. En 2022 par exemple, sur les 2 482 TWh d’énergie primaire consommée, 36,6 % étaient issus du nucléaire et seulement 13,9 % des énergies renouvelables*.

Néanmoins, à l’échelle mondiale, les énergies renouvelables prennent de l’avance sur le nucléaire et ça, c’est plutôt bon signe, non ?

Sources

RTE - Bilan électrique 2023
Statista - Part de l'énergie nucléaire dans la production totale d'électricité en France de 1985 à 2022
Statista - Nombre de réacteurs nucléaires opérationnels selon le pays dans le monde en 2022
World Nuclear Industry Status Report 2023
Ministère de la Transition énergétique - Bilan énergétique de la France

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