
Mix énergétique de la France : où en sera-t-on en 2035 ?
En 2025, la France devrait connaître une baisse des émissions de gaz à effet de serre nettement insuffisante au regard de ses ambitions climatiques. Selon les estimations provisoires du Citepa, publiées le 10 octobre, les émissions nationales ne reculeraient que de 0,8 %, soit une réduction d’environ 2,9 millions de tonnes de CO₂e par rapport à 2024. Or pour respecter les objectifs, l'Hexagone doit réduire ses émissions de 5 % par an¹. Dans ce cadre, elle doit notamment verdir son mix énergétique. Quel est le mix énergétique de la France ? Quelles sont les perspectives à 2035 ? Ekwateur Pro vous en dit plus.
16 octobre 2025 à 18:53
Lecture 4 mn
Le mix énergétique français actuel : les énergies renouvelables en progression
Avant de s’intéresser au mix énergétique de la France en 2035, il convient de faire un point sur la situation actuelle. Selon les Chiffres clés des énergies renouvelables 2025² publiés par le SDES, la part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute d’énergie atteint 22,7 % en 2023, encore loin de l’objectif de 30 % fixé pour 2030.
Le mix énergétique national reste marqué par la prédominance des énergies fossiles qui représentent environ 42 % de la consommation finale d’énergie primaire (pétrole, charbon et gaz) et du nucléaire qui représente environ 41 % de la consommation finale d’énergie primaire³. Les énergies renouvelables représentent 15,8% de notre consommation d’énergie primaire, comme le montre le graphique ci-dessous.

source : Ministère de la Transition écologique
En matière d’électricité, cependant, les filières renouvelables continuent leur progression. Les sources renouvelables constituent 27 % de la production totale d’électricité.
L’éolien terrestre a franchi le cap des 23 GW installés en 2024, le solaire photovoltaïque atteint 24,5 GW, et l’éolien en mer fait enfin son apparition dans le mix avec 1,5 GW raccordés.
L’hydroélectricité reste stable, autour de 25,8 GW, tandis que le biogaz injecté dans les réseaux atteint près de 12 TWh, confirmant la diversification progressive des sources.
Malgré ces avancées, la France reste encore en deçà des trajectoires fixées par la précédente Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE 2019-2028), ce qui explique les fortes attentes autour de la PPE 3.
Bon à savoir
La Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) fixe, pour 10 ans, les orientations françaises en matière de transition énergétique. Elle vise à garantir sécurité d’approvisionnement, maîtrise des coûts et atteinte de la neutralité carbone en 2050. On attend toujours la PPE 3 qui accumule un retard notable.
La trajectoire RTE : accélérer pour réussir la neutralité carbone
Qu’en est-il désormais du mix énergétique de la France à horizon 2035 ? Pour avoir une idée des perspectives, on peut se baser sur le bilan prévisionnel 2023-2035 publié par RTE et qui constitue la feuille de route technique de cette transformation. Il identifie les conditions pour atteindre la neutralité carbone en 2050, en commençant par une première étape clé : 2035.
Pour cela, la France doit sortir progressivement des énergies fossiles tout en donnant plus de place à l’électricité dans tous les usages (transport, bâtiment, industrie), l'électrification étant considérée comme vecteur de décarbonation. Dans ce contexte, la consommation électrique pourrait atteindre 580 à 640 TWh en 2035, contre environ 470 TWh aujourd’hui.
RTE retient quatre leviers indissociables pour réussir cette mutation :
- Efficacité énergétique, pour réduire les besoins globaux ;
- Sobriété, grâce à des changements de comportements et mode de vie ;
- Nucléaire, pilier de la stabilité du système ;
- Énergies renouvelables, dont la production devra au moins doubler d’ici 2035 pour atteindre 270 à 320 TWh/an. A titre de comparaison, EDF prévoit une production nucléaire de 365-375 TWh pour l’année 2025.
Le réseau identifie 3 scénarios possibles. Le plus ambitieux, dit « Accélération réussie », combine un haut niveau d’électrification et une montée en puissance rapide des renouvelables.
Les capacités installées pourraient ainsi atteindre, à l’horizon 2035 :
- 45 GW d’éolien terrestre,
- 18 GW d’éolien en mer,
- 90 GWc de solaire photovoltaïque,
Ces chiffres correspondent à la trajectoire haute du pacte éolien en mer et aux hypothèses les plus optimistes de RTE sur la disponibilité nucléaire, estimée à 360 à 400 TWh.
Toutefois, cette évolution pose plusieurs défis. Notamment, la France va faire face à davantage de besoin de flexibilité (stockage, pilotage de la demande et effacement industriel). Pour cela, le gestionnaire du réseau de transport demande des investissements. Comme l’explique RTE « D’ici à 2035, il faudrait ainsi tripler les investissements, de 25 à 35 milliards d’€ par an, pour la production et les capacités de flexibilités. ».
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France Renouvelables : propositions pour une France décarbonée en 2035
De son côté, France Renouvelables, fédération nationale des acteurs du secteur, a également établi des propositions pour une France décarbonée d’ici 10 ans.
Dans sa communication “Nos propositions pour accélérer la transition énergétique”⁴, l’organisation alerte sur le retard accumulé en matière de développement de moyens de production renouvelables, et plaide pour une trajectoire claire à horizon 2035. Elle approuve la reprise par l’État des trajectoires issues des groupes de travail sur la Stratégie française énergie-climat (SFEC), et insiste sur plusieurs points d’attention :
- fixer des objectifs sur le repowering des parcs éoliens en fin de vie en dehors des volumes neufs. En effet, un bon nombre de parcs éoliens terrestres arrivent en fin de vie d’ici 2035. Il faudra donc s’organiser pour prolonger leur durée de vie.
- accélérer le développement de l’éolien en mer dont la puissance est de 1,5 GW à l’heure actuelle⁵.
Comme RTE, l’association pense que l’électrification sera l’un des leviers les plus puissants pour réduire la dépendance aux énergies fossiles. Elle appelle le gouvernement à intégrer des objectifs chiffrés de stockage par batteries et d’électrification des usages dans la future PPE.
Les ambitions de la filière se veulent précises et cohérentes avec les scénarios RTE :
- 300 TWh d’électricité renouvelable produite en 2035,
- 18 GW d’éolien en mer,
- 45 GW d’éolien terrestre,
- 90 GWc de solaire photovoltaïque,
- 6 GW de stockage par batteries dès 2030.
France Renouvelables rappelle que cette trajectoire répond non seulement à l’urgence climatique, mais aussi à des enjeux de pouvoir d’achat, de compétitivité industrielle et de d’indépendance énergétique.
Elle souligne la nécessité de donner un cap stable aux acteurs économiques, notamment par la publication rapide de la PPE afin d’envoyer un signal clair aux investisseurs.
Bon à savoir
SFEC et PPE : quelles différences ? La SFEC (Stratégie Française pour l’Énergie et le Climat) est la feuille de route nationale à long terme intégrant les enjeux climatiques, énergétiques et d’adaptation. Elle englobe la SNBC, la PPE et le PNACC. La PPE (Programmation pluriannuelle de l’énergie), quant à elle, traduit concrètement, sur dix ans, les orientations énergie définies dans la SFEC.
Une PPE toujours attendue
Malgré la mobilisation des acteurs publics et privés, la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) se fait toujours attendre. La PPE doit fixer les priorités d’action de l’État en matière d’énergie pour les dix années à venir : développement des filières renouvelables, trajectoire du nucléaire, place des biogaz, stratégies de stockage et de sobriété. Elle constitue la traduction opérationnelle de la Stratégie française énergie-climat (SFEC) et de la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC).
La version actuellement en vigueur (2019-2028) devait être remplacée en 2024 par une nouvelle programmation couvrant 2025-2035, mais sa publication a été reportée du fait d’une levée de boucliers politique, puis de l’instabilité gouvernementale. Ce retard entretient une incertitude préjudiciable pour les filières. Sans cadre clair, difficile d’anticiper les volumes d’appels d’offres, d’investir dans de nouveaux moyens de production.
En attendant la publication de textes officiels, il est possible d’agir à son niveau en tant qu’entreprise. En choisissant de l’électricité verte, comme proposée par Ekwateur Pro, on participe au développement des énergies renouvelables en Europe. Un moyen également de mieux maîtriser ses factures d’électricité professionnelles, en optant pour un contrat adapté !
- https://www.contexte.com/briefing/2025/10/10/
- https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/edition-numerique/chiffres-cles-energies-renouvelables/fr/pdf/chiffres-cles-energies-renouvelable-2025.pdf
- ttps://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/edition-numerique/chiffres-cles-energies-renouvelables/fr/pdf/chiffres-cles-energies-renouvelable-2025.pdf
- https://www.france-renouvelables.fr/nos-propositions/
- https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/publicationweb/645?type=versionimprimable