
L’énergie réactive : qu’est-ce que c’est ?
Saviez-vous qu’une partie de l’électricité qui circule dans les réseaux ne sert pas directement à faire fonctionner vos appareils ? C’est ce qu’on appelle l’énergie réactive. Indispensable pour certains équipements comme les moteurs ou les transformateurs, elle peut aussi surcharger le réseau et, dans certains cas, faire grimper la facture d’électricité des entreprises. Invisible sur un compteur classique, elle mérite pourtant qu’on s’y intéresse. Alors, à quoi sert-elle vraiment ? Pourquoi peut-elle poser un problème ? Et surtout, comment la limiter ? On vous explique tout !
24 février 2025 à 16:35
Lecture 5 mn
L’électricité que nous utilisons tous les jours, ça ne se résume évidemment pas à un simple bouton « on/off ». Derrière chaque lampe qui s’allume, chaque machine qui tourne, se cache une dynamique plus complexe, et l’un des concepts souvent méconnus, et toutefois essentiel, est l’énergie réactive. Elle est partout, elle impacte votre consommation… Cependant, elle reste invisible sur votre compteur classique.
Alors, c’est quoi exactement l’énergie réactive, pourquoi existe-t-elle et en quoi peut-elle influencer votre facture d’électricité ?
L’électricité, ce n’est pas juste une question de puissance active
Pour comprendre l’énergie réactive, il faut d’abord revenir aux bases de l’électricité. L’énergie que nous utilisons tous les jours se mesure en watts (W) ou kilowatts (kW) et est facturée en kilowattheures (kWh). Pour le moment, rien de trop compliqué, en somme.
Cette énergie consommée par nos appareils, appelée énergie active, est celle qui produit un effet utile : éclairer une ampoule, chauffer un radiateur, faire fonctionner un moteur… Bref, c’est celle qu’on paye et qui fait le job. Chaque mois, sur votre facture d’élec, vous vous acquittez donc de l’énergie active que vous avez sollicitée.
Néanmoins, il existe aussi une autre forme d’énergie qui circule dans les réseaux électriques, appelée énergie réactive. Contrairement à l’énergie active, elle ne produit pas directement un travail utile. Seulement, elle est indispensable au bon fonctionnement de certains équipements. Elle est particulièrement présente dans les installations industrielles, les commerces et même chez certains particuliers équipés d’appareils spécifiques.
Energie active VS énergie réactive : quelle différence ?
On récapitule : l’énergie active alimente directement nos appareils (lumière, chaleur, mouvement), tandis que l’énergie réactive circule sans être consommée. Elle reste nécessaire au fonctionnement de certains équipements comme les moteurs et transformateurs.
L’énergie réactive, c’est quoi au juste ?
Pour vous faire une idée plus nette : l’énergie réactive, c’est un peu comme le souffle dans un ballon. Quand vous soufflez dedans, l’air s’accumule à l’intérieur sans produire directement son effet (contrairement à l’air que vous utilisez pour souffler sur une bougie et l’éteindre). L’air contenu dans le ballon représente l’énergie réactive : il prend de la place et circule. Cependant, il ne sert pas directement à alimenter un appareil. Toujours pas super clair ?
Imaginez que vous pédalez sur un vélo. L'énergie active, c’est la force que vous appliquez sur les pédales pour avancer. C'est elle qui fait le travail utile. L'énergie réactive, c’est comme si vous vous balanciez légèrement de gauche à droite en pédalant. Ce mouvement ne vous fait pas avancer. Seulement, il est nécessaire pour garder l’équilibre et éviter de tomber.
De la même façon, certains équipements électriques ont besoin d'énergie réactive pour fonctionner correctement, même si elle ne produit pas directement d'effet utile.
D’un point de vue technique, l’énergie réactive est générée par des appareils qui fonctionnent avec des champs électromagnétiques, comme les moteurs électriques, les transformateurs ou les lampes fluorescentes. Ces équipements ont besoin de cette énergie pour maintenir leur champ magnétique, toutefois elle ne sert pas directement à produire un travail mécanique ou thermique.
Elle est mesurée en kilovoltampères réactifs (kVArh), une unité qui indique la quantité d’énergie réactive qui circule dans un réseau électrique.
C’est dans l’industrie que l’on trouve les plus grands consommateurs, via - entre autres :
- Les machines pour la soudure ;
- Les fours à chauffage diélectrique ;
- Les moteurs asynchrones ;
- Les lampes à fluorescence ou à décharges ;
- Les transformateurs ;
- Les redresseurs de puissance.
Quel problème avec l’énergie réactive ?
Vous l’aurez donc compris : même si vous ne l’utilisez pas directement, l’énergie réactive circule bien dans votre installation et dans le réseau électrique général. Et c’est là que ça se gâte…
- Elle surcharge le réseau : imaginez une autoroute où une partie des voitures roulent sans transporter personne et prennent de la place sans servir à grand-chose. C’est un peu ce que l’énergie réactive a tendance à faire : elle occupe de la capacité sur le réseau sans produire de travail utile, ce qui oblige les fournisseurs à surdimensionner leurs infrastructures pour éviter les surcharges.
- Elle fait chauffer les câbles et les transformateurs : comme elle circule sans être consommée, elle entraîne des pertes d’énergie sous forme de chaleur dans les lignes électriques et les équipements. Résultat : une moins bonne efficacité du réseau électrique.
- Elle peut être facturée aux professionnels (et parfois aux particuliers) : si vous dépassez un certain seuil d’énergie réactive par rapport à votre énergie active, votre fournisseur d’électricité peut vous facturer un supplément. Ces frais, appelés pénalités pour énergie réactive², concernent surtout les entreprises et les industries. Dans certains cas, des particuliers équipés de gros appareils électriques (pompes à chaleur, moteurs, climatisation industrielle) peuvent aussi être concernés.
Comment savoir si on produit de l’énergie réactive ?
Si vous êtes un particulier avec une installation classique (éclairage LED, appareils électroménagers standards, chauffage électrique…), vous n’avez quasiment pas d’énergie réactive. Toutefois, si vous disposez d’équipements un peu plus costauds (pompe à chaleur, moteur électrique puissant, équipements utilisant des transformateurs, etc.)… alors vous produisez de l’énergie réactive et elle peut commencer à impacter votre facture si elle dépasse un certain seuil.
Pour les entreprises et les industries, le fournisseur d’électricité mesure l’énergie réactive grâce à un compteur spécifique. Il existe un indicateur clé : le facteur de puissance, qui exprime le rapport entre énergie active et énergie réactive. Plus ce facteur est proche de 1, plus votre installation est efficace. En dessous de 0,93, vous pouvez être facturé pour l’excès d’énergie réactive.
Comment réduire ou compenser l’énergie réactive ?
Bonne nouvelle : il existe des solutions techniques pour limiter l’énergie réactive et éviter les pénalités sur la facture d’électricité.
Installer des batteries de condensateurs
Les condensateurs servent à compenser l’énergie réactive en absorbant l’excédent et en le restituant aux équipements quand ils en ont besoin. C’est la solution la plus efficace pour les industries et les grandes entreprises.
Les condensateurs fonctionnent comme des réservoirs d’énergie qui absorbent et restituent l’énergie réactive au bon moment. Plutôt que de laisser l’énergie réactive circuler librement dans le réseau, ils la stockent temporairement et la renvoient aux équipements qui en ont besoin.
Les batteries de condensateurs sont indispensables pour les industries, les commerces avec des équipements énergivores (frigos, moteurs, ascenseurs…) et les grands bâtiments équipés de climatisations puissantes.
Optimiser les équipements électriques
Choisir des appareils à haut rendement et éviter les équipements obsolètes peut réduire la production d’énergie réactive. En effet, si vos installations produisent beaucoup d’énergie réactive, c’est peut-être qu’elles ne sont pas adaptées ou qu’elles sont obsolètes. Quelques ajustements peuvent faire une grosse différence :
- Choisir des moteurs électriques à haut rendement : certains moteurs électriques modernes intègrent déjà des systèmes pour limiter leur consommation d’énergie réactive. Remplacer un vieux moteur peut réduire immédiatement la charge réactive.
- Éviter les équipements surdimensionnés : si vous utilisez un moteur ou un transformateur trop puissant par rapport à votre besoin réel, il va consommer plus d’énergie réactive que nécessaire. Adapter la puissance des équipements permet d’optimiser leur consommation.
Éteindre les appareils inutilisés : un moteur en veille peut continuer à consommer de l’énergie réactive. Installer des systèmes de gestion intelligente pour couper automatiquement l’alimentation des équipements non utilisés peut réduire leur impact sur le réseau.
Vérifier son contrat d’électricité
Certaines offres incluent une tolérance sur l’énergie réactive, d’autres appliquent des pénalités dès qu’un seuil est dépassé. Si vous êtes un professionnel, comparez les offres et adaptez votre contrat.
Pour résumer, si vous êtes un particulier avec une installation classique, vous n’avez quasiment pas d’énergie réactive à gérer. Par contre, si vous possédez une pompe à chaleur, des machines électriques puissantes ou une installation industrielle, il peut être intéressant de mesurer et de compenser cette énergie pour éviter des surcoûts et améliorer l’efficacité énergétique !

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