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 Droits de douane et énergie : l’UE s’éloigne du Pacte Vert

L'accord commercial discuté fin juillet entre les États-Unis et l'Union européenne s'accompagne d'un volet énergétique massif : 750 milliards de dollars d'achats d'énergies fossiles américaines sur trois ans. Cette orientation marque un éloignement notable du Pacte Vert européen de 2019, qui visait la neutralité carbone d'ici 2050. Quelles conséquences pour les entreprises ?


Droit de douanes de Trump : quels sont les engagements d’achat d’énergie de l’UE ?

Les négociations sur les droits de douane entre Donald Trump et Ursula Von der Leyen ont eu lieu au mois de juillet 2025. Pour éviter des droits de douane de 15% sur leurs exportations, les pays européens ont accepté de tripler leurs achats énergétiques outre-Atlantique. 

Les Etats membres se sont engagés officiellement à acheter pour 750 milliards de dollars (environ 650 milliards d’euros) de pétrole, de gaz naturel liquéfié (GNL) et de combustible nucléaire en provenance des États-Unis sur une période de trois ans. Cela représente en moyenne 250 milliards de dollars d’achats par an.
Cette promesse signifie que l’Union européenne prévoit de renforcer considérablement ses importations d’énergie en provenance des États-Unis. L’objectif est de diversifier ses sources d’approvisionnement, notamment après la crise énergétique déclenchée par la guerre en Ukraine, pour « contribuer à remplacer le gaz et le pétrole russes » selon les mots de la Commission européenne.

Des engagements tenables ? 

Toutefois, cet engagement paraît peu réaliste : en 2024, les achats européens d’énergie aux États-Unis n’ont représenté qu’environ 65 milliards d’euros, soit moins de 20 % du total importé (376 milliards d’euros). Pour respecter cette promesse, l’UE devrait donc tripler ses importations en provenance des États-Unis, ce qui semble difficile à court terme.

En effet, d’un côté, la demande européenne est déjà liée à des contrats de long terme avec d’autres fournisseurs ; de l’autre, l’offre américaine dépend d’infrastructures encore en développement et de la demande mondiale, notamment en Asie.

De nombreuses ONG environnementales pointent le risque stratégique d’une nouvelle dépendance vis-à-vis des États-Unis. D'autres y voient un renoncement supplémentaire au Pacte vert européen. Pour Esther Bollendorff, porte-parole du Climate Action Network Europe, il s’agit d’« un tournant radical »  par rapport au Pacte Vert.

Droit de douanes de Trump : en quoi sont-ils contraires aux engagements du Pacte Vert ?

Pour bien comprendre les enjeux liés à l’achat d’énergie aux USA, il faut revenir sur le Pacte Vert européen. Ce texte vise la neutralité carbone d’ici 2050 et une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 55 % d’ici 2030, par rapport à 1990. Il repose sur un virage résolu vers les énergies renouvelables (éolien, solaire, hydrogène vert, etc.) et prévoit la diminution de la dépendance aux combustibles fossiles, notamment russes. Acquérir en masse du gaz naturel liquéfié (GNL), du pétrole sur trois ans, va à l’encontre de cette trajectoire. Cette décision prolonge et renforce la consommation d’énergies fossiles, ralentissant la transition énergétique. 

Par ailleurs, les menaces de droits de douane formulées par Trump ("buy more US oil and gas or face tariffs") encouragent l'Europe à accroître ses importations américaines pour éviter une guerre commerciale. Cette logique court-termiste entre en opposition directe avec l’esprit du Pacte vert, qui privilégie la réduction des émissions plutôt que la sécurisation immédiate de l’approvisionnement énergétique à tout prix. « Lier l'avenir énergétique de l'Europe aux Etats-Unis comme principal fournisseur compromet la stratégie de sécurité énergétique du bloc, ancrée dans la diversification d'approvisionnement, le développement des énergies renouvelables et l'amélioration de l'efficacité énergétique », fait savoir Aymeric Kouam, analyste chez Strategic Perspectives. L’UE pourra donc difficilement remplir ses objectifs de réduction des émissions de GES (gaz à effet de serre), d’autant plus que les USA pratiquent le fracking, dite fracturation hydraulique. Cette pratique, qui permet d’exploiter les gaz de schiste, est très polluante. 

Quel impact des droits de douane sur les factures des entreprises ?

Difficile à dire. Toujours est-il qu’il est fort probable que les prix du gaz augmentent. Comme l’explique Reuters « les prix du gaz naturel américain pourraient augmenter fortement dans les années à venir en raison de la hausse de la demande intérieure, notamment en raison des besoins énergétiques astronomiques de l'intelligence artificielle. ». En outre, concentrer les importations depuis les USA va à l’encontre de ce qui a été promu depuis quelques années : la diversification des sources. Une instabilité politique aux USA, qui deviendrait principal pays exportateur vers l’Europe, pourrait entrainer une explosion des prix (comme on l’a vu avec la guerre en Ukraine). 

Les experts estiment qu’ils pourraient doubler entre 2024 et 2026 pour atteindre 4,40 $/MMBtu, notamment en raison d’une demande soutenue liée à l’usage de l’intelligence artificielle.

Sans compter que les infrastructures américaines (terminaux de liquéfaction) sont regroupées sur la côte du Golfe, une zone exposée aux aléas climatiques extrêmes (ouragans, inondations…) et aux risques géopolitiques (tensions au Moyen-Orient, par exemple). Toute perturbation pourra provoquer une baisse soudaine et significative des volumes disponibles, avec un effet immédiat sur les cours internationaux. 

Bon à savoir

Bon à savoir : Par ailleurs, le prix du gaz joue un rôle déterminant dans la formation du prix de l’électricité, en raison du mécanisme du "merit order". Autrement dit, plus le gaz est cher, plus l’électricité le sera aussi. Si l’Union européenne ne parvient pas à négocier un prix du gaz suffisamment bas, par exemple en l’imposant comme condition dans le cadre de quotas d’achat obligatoires, les prix de l’électricité risquent d’être très volatils. Cette instabilité pourrait être accentuée par plusieurs facteurs : tensions géopolitiques, fluctuations de la demande intérieure et mondiale, ou encore imprévisibilité de la politique américaine, depuis le retour de Trump.

Dans ce contexte, comment se prémunir des hausses des factures de gaz ?  

Les achats de gaz aux États-Unis risquent donc de faire grimper les factures de gaz des entreprises. Pour se protéger, les professionnels peuvent changer leur stratégie d’achat d’énergie. En s’approvisionnant en gaz vert, elles font le choix d’une énergie renouvelable produite en Europe. Elles peuvent donc stabiliser leur budget énergie tout en participant à la transition énergétique

Pour accompagner les entreprises, Ekwateur Pro propose des contrats de gaz vert avec deux formules au choix :

  • Gaz vert à prix fixe, où le prix du kWh est déterminé à la signature du contrat et reste stable pendant 1 ou 2 ans (hors évolutions réglementaires) pour les profils avec une consommation annuelle de référence (CAR) inférieure ou égale à 10 MWh / an ;
  • Gaz vert à clics, destinée aux entreprises consommant plus de 10 000 MWh par an, qui permet de fixer à l’avance le prix du kWh HT, basé sur les taux observés au cours de l’année précédente, et ce pour l’année suivante.

Toutes nos offres sont certifiées par des Garanties d’Origine, assurant qu’une quantité équivalente de gaz renouvelable est injectée dans le réseau pour chaque kWh consommé. Les professionnels peuvent choisir entre des formules hybrides (5 % biométhane français) ou 100 % biométhane (gaz issu exclusivement de sources renouvelables). 

Bon à savoir : Les kWh les moins chers sont ceux que l’on ne consomme pas. Pour aider les entreprises à réduire leur consommation d’énergie, il est possible de réaliser des travaux d’efficacité énergétique. Ces derniers peuvent être financés par des aides comme les Certificats d’Economies d’Energie (CEE). 

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