Le One Planet Summit a été l’occasion pour les gouvernements et acteurs de la finance d’échanger sur des solutions pour sauver le vivant de plus en plus en danger. La biodiversité figure (enfin) en bonne place à l’agenda international !
12 janvier 2021
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Entreprises et gouvernements ont longtemps mis de côté les questions de biodiversité, souvent par ignorance.
Depuis plus de 10 ans, les projecteurs ont surtout été focalisés sur le changement climatique. Contre toute attente, c’est la pandémie de COVID-19 qui a sans doute contribué à ne plus mettre la poussière sous le tapis. C’est ce qu’on a vu hier au 4ème sommet One Planet summit, qui s’est déroulé à Paris et en visio-conférence. Les trois premiers sommets, avec une première édition en 2017, avaient porté sur le changement climatique. Ce 4ème sommet, qui fait suite à celui de Nairobi en mars 2019, s’est entièrement consacré à la biodiversité.
Ce sommet vise à relancer ce qu’on appelle la diplomatie verte, qui a été freinée par la pandémie. Si certains États sont montés au créneau, ils ont associé à ce sommet d’autres parties prenantes, comme le monde des affaires et la société civile. Dans ce contexte, il est vital que les engagements pris hier pour espérer enrayer l’érosion du vivant soient suivis d’effet.
Cette rencontre a été coorganisée par la France, l’ONU et la Banque mondiale.
Ils ont eu la capacité à faire intervenir des participants de premier plan. Entre autres, nous pouvons citer le prince Charles, Boris Johnson, Angela Merkel, le Premier ministre canadien, le vice-premier ministre chinois, Han Zheng, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, la présidente de la BCE, Christine Lagarde ou encore le président du Costa Rica. Des acteurs de la finance se sont aussi joints à la partie.
Lors de la préparation du sommet, quatre thématiques avaient été choisies pour lancer des mesures concrètes en faveur de la biodiversité ;
Des décisions ont été prises dans tous les domaines mis à l’ordre du jour. Dans certains cas, des objectifs chiffrés ont même été fixés, pour aller plus loin que l’affichage de simples intentions. Certaines priorités reprennent des causes défendues de longue date par les ONG et plusieurs pays souvent laissés à l’écart.
Charité bien ordonnée commençant par soi-même, 50 États sont désormais engagés à protéger 30% de leur territoire d’ici 2030. Si ce chiffre parait abordable, il n’en est rien, car actuellement seuls 7% des océans et 15% des espaces terrestres le seraient. La France est bien avancée sur cet objectif.
La question des aires protégées est portée par « la Coalition de la haute ambition pour la nature et les hommes », dont le Costa Rica, la France et le Royaume-Uni sont à l’origine.
Concernant l’agro-écologie, il a été décidé de donner un coup d’accélérateur à un projet ancien, celui de la grande muraille verte pour le Sahara et le Sahel. Il s’agit d’une idée vieille de 15 ans qui est restée dans les cartons compte tenu de sa démesure : planter un rideau de verdure de près de 8.000 km du Sénégal à Djibouti d’ici à 2030. La Banque mondiale et la Commission européenne figurent parmi les donateurs. Un secrétariat créé à cet effet va veiller à ce que les engagements soient respectés.
L’intérêt récent de la finance pour la biodiversité est aussi à souligner. Cet enjeu est de taille, car lesdits acteurs financiers ignorent largement quelle est leur empreinte sur le vivant.
Pour tenter d’y voir plus clair sur ce sujet, une « task force on nature-related financial disclosure » a été créée. Elle a vocation à déboucher sur de nouveaux engagements en faveur de la nature. À l’occasion de ce sommet, la Caisse des Dépôts s’est engagée à mesurer l'empreinte sur la biodiversité de l’ensemble de ses portefeuilles d’actifs (actifs immobiliers, actions, obligations) d’ici 2024.
Enfin, et compte tenu de la crise sanitaire qui dure depuis un an, une quatrième initiative internationale vise à mieux prévenir les pandémies. Elle porte le nom de Prezode (acronyme anglais de prevention of the emergence of zoonotic diseases). Prezode rassemble des instituts de recherche en France comme l’INRAE, en Asie, en Afrique, en Amérique latine ou encore des universités. Ils associeront dans leurs travaux les communautés locales. Son idée est de favoriser la recherche de solutions pour identifier et réduire les facteurs épidémiques liés aux animaux, les zoonoses.
Certaines ONG se méfient des effets de manche supposés de certains États ou multinationales.
Publié la semaine dernière, un rapport de l’initiative Portfolio Earth avance que les banques ont bien réalisé des efforts concernant les énergies fossiles, néanmoins elles continuent impunément à favoriser la pollution liée aux emballages plastiques. Elle décrit une chaine de responsabilités, qui regroupe les fabricants de plastique, l’industrie agroalimentaire qui en est une grosse consommatrice, et les groupes bancaires qui les accompagnent financièrement.
D’autres associations souhaiteraient mettre la question de la déforestation en haut de l’agenda. L’ONG Reclaim Finance rappelle les effets nocifs de la production de soja au Brésil, un produit qui rentre dans l’alimentation des bovins avant de finir en steak.
À l’issue de One Planet summit, il faut se féliciter qu’il n’est plus envisageable de laisser dans un angle mort les questions de biodiversité.
Les organisateurs du sommet reconnaissent que du retard a été pris et que ce sommet marque une étape à confirmer.
Le One Planet summit s’insère en effet dans une perspective plus vaste.
Pour Pascal Canfin, Président de la commission Environnement du Parlement européen « la disparition de la Nature rend notre monde plus vulnérable et moins sûr. » C’est pourquoi certains décideurs comme lui soutiennent la nomination au prix Nobel de la paix 2021 de l’IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques), qui rassemble les scientifiques de la biodiversité près de 15 ans après celui du Giec.
Dans ce contexte, si les politiques publiques jouent enfin un rôle moteur, les consommateurs peuvent aussi avoir un impact via leurs modes de consommation. Opter pour une offre d’électricité verte ou améliorer l’isolation thermique de son logement font partie des actions simples à mener pour tous-tes. Sur ce point, Ekwateur sera ravi de répondre à toutes vos questions. Pourquoi ne pas profiter de ce début d’année pour prendre les bonnes résolutions pour vous et le vivant ?