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Électricité non conforme en location : quels recours ?

Vous venez de poser vos valises, et tout semble parfait… jusqu’au moment où une prise grésille ou que votre disjoncteur saute sans raison. Problème de taille : une installation électrique défectueuse peut vite devenir un véritable danger pour vous et vos proches. Comment savoir si votre logement est aux normes ? Entre la NF C 15-100, le diagnostic électrique obligatoire et les recours en cas de problème, mieux vaut être informé·e avant de brancher sa cafetière l’esprit tranquille. Spoiler : votre propriétaire a des obligations, et vous, des droits !


Location : comment déterminer si votre installation électrique est non conforme ?

Lorsque vous louez un logement, vous vous attendez - logiquement - à ce que tout fonctionne correctement, surtout en matière d’électricité. Eh oui, un couac du côté du courant, et c’est vite la Bérézina dans votre chez-vous !

Seulement, n’est pas électricien·ne qui veut. Alors, comment savoir si votre installation est aux normes ou si elle représente un danger ? Une installation électrique vétuste ou mal réalisée peut entraîner des risques d’électrocution, d’incendie ou tout simplement de panne. Avant de brancher vos appareils en toute insouciance, mieux vaut donc faire le point, pour vous assurer que votre installation électrique est conforme et sécurisée, notamment en se basant sur la norme NF C 15-100 (on ne vous en dévoile pas davantage, puisqu’on en parle juste ici ⬇️).

La norme NF C 15-100 : la référence en matière d’électricité domestique

Avant d’entrer dans le vif du sujet, attardons-nous donc un peu sur cette fameuse norme NF C 15-100. Cette norme définit les règles de sécurité et de confort pour les logements neufs et les rénovations électriques en France. Concrètement, elle impose plusieurs exigences :

  • Un disjoncteur général adapté à la puissance du logement ;
  • Un tableau électrique avec des protections différentielles pour éviter les courts-circuits et les électrocutions ;
  • Des prises de terre pour évacuer les surtensions et prévenir les chocs électriques ;
  • Un nombre minimum de prises par pièce, pour éviter les surcharges avec des multiprises ;
  • Des équipements adaptés aux pièces humides, comme des prises étanches en salle de bain¹.

Bien que cette norme soit obligatoire pour les constructions neuves et les rénovations lourdes en vertu de l’arrêté du 3 août 2016, les logements anciens peuvent encore présenter des installations qui ne respectent pas ces standards. 

C’est là qu’intervient la loi Solidarité et Renouvellement Urbain (ou SRU)². Depuis 2000, cette réglementation impose aux bailleurs de délivrer un logement décent et en bon état d’usage. Aussi, qui dit logement décent, dit que celui-ci ne doit pas laisser « apparaître de risques avérés pouvant porter atteinte à la sécurité physique ou la santé des locataires ». De plus, ce texte de loi stipule que tout logement doit impérativement être équipé d’éléments conformes à l’usage d’habitation (comme des prises de terre, des interrupteurs différentiels, etc.).

D’où l’importance de vérifier la conformité électrique avant de louer ou d’emménager.

Quid du diagnostic électrique obligatoire

Bonne nouvelle : depuis 2018, tout bailleur mettant en location un logement dont l’installation électrique a plus de 15 ans doit fournir un diagnostic électrique. Ce document, valable 6 ans, vise à identifier les éventuels risques liés à l’installation et à garantir la sécurité des locataires. En cas d’anomalies majeures, des travaux peuvent être exigés pour rendre le logement conforme aux normes minimales de sécurité.

Comment repérer une installation électrique non conforme ?

Une installation électrique défectueuse ne crie pas forcément « danger » à première vue (et ce serait par ailleurs un tantinet inquiétant que celle-ci soit douée de parole). Pourtant, plusieurs signes peuvent et doivent vous alerter. 

  • Le premier indicateur de non-conformité est l’absence de mise à la terre (la mise à la terre est un système de sécurité électrique qui permet d'éviter les risques d'électrocution en cas de court-circuit ou de fuite de courant). La plupart des logements récents disposent de prises équipées d’une borne de terre (petite tige métallique visible). Toutefois, dans les installations vétustes, certaines prises ne sont pas reliées à la terre, ce qui augmente le risque d’électrocution. Pour le vérifier, un simple testeur de prise permet de voir si le courant est bien évacué en cas de fuite.

Bon à savoir

Pour utiliser un testeur de prise, branchez-le dans la prise à vérifier. Le testeur indiquera généralement un voyant vert si la mise à la terre est correcte. Si un voyant rouge s’allume ou aucun voyant n’apparait, cela signifie qu’il n’y a pas de mise à la terre, ou qu'elle est défectueuse, ce qui représente un risque de sécurité.

  • Le tableau électrique est également un bon indicateur. Un tableau aux normes doit être équipé de disjoncteurs différentiels pour protéger contre les courts-circuits et les électrocutions. En effet, il permet d’interrompre le passage du courant lorsqu’un problème sur le réseau électrique est détecté. Si vous tombez sur un tableau avec de vieux fusibles ou des câblages anarchiques, c’est mauvais signe ! Les boîtiers en bois ou les fils apparents sont aussi des indices clairs d’une installation obsolète.
  • Dans le logement, l’état des fils électriques et des prises mérite aussi toute votre attention. Les prises et les interrupteurs doivent être bien fixés, sans traces de brûlure ou d’échauffement autour. Si vous voyez des fils dénudés, des câbles qui traînent, ou des rallonges branchées sur des rallonges, ça sent mauvais.
  • Enfin, un dernier indice : le nombre et l’emplacement des prises électriques. Une installation récente respecte des standards précis : au moins cinq prises dans un salon, trois dans une chambre et six dans une cuisine. Si vous devez multiplier les multiprises pour brancher vos appareils, cela peut être le signe d’une installation ancienne qui n’a pas suivi l’évolution des besoins électriques modernes.

Si vous remarquez un ou plusieurs de ces points dans votre location, alors, c’est peut-être le moment de tirer sur la manche de votre propriétaire, afin de faire vérifier votre installation par un·e professionnel·le et d’évaluer les risques. Objectif : mise en conformité !

Électricité non conforme en location : que risque le bailleur ?

Vous avez détecté l’un ou l’autre de ces couacs sur votre installation électrique ? Eh bien, mauvaise nouvelle : si les défauts constatés sont mineurs et n’impactent pas directement la sécurité des occupant·e·s, le bailleur n’est pas tenu d’intervenir immédiatement. En revanche, si l’installation présente un véritable danger, il est impératif d’effectuer les mises aux normes nécessaires (Ouf !). Dans le cas contraire, la responsabilité du propriétaire pourrait être engagée, avec un risque de poursuites judiciaires en cas d’accident.

Pour rappel, le Décret n°87-712 du 26 août 1987 définit les réparations locatives comme des travaux d'entretien courant, incluant le remplacement d'éléments usés par un usage normal des locaux. Concernant l'électricité, le locataire est donc responsable de l'entretien et du remplacement des éléments suivants : 

  • Les interrupteurs ;
  • Les prises de courant ;
  • Les disjoncteurs ;
  • Les ampoules ou tubes lumineux ;
  • Les baguettes et gaines de protection. 

La Loi n° 89-462 du 6 juillet 1989 définit quant à elle les obligations des locataires et des propriétaires. Selon l’article 6, le propriétaire doit donc fournir un logement décent, en bon état de sécurité, avec un minimum de performance énergétique et conforme à l’usage d’habitation, ainsi qu’entretenir les locaux et effectuer les réparations nécessaires (hors réparations locatives). C’est alors à lui que revient la charge de gérer les problématiques qui concernent : 

  • La vétusté de l’installation ou de l’équipement ;
  • Un vice de construction ;
  • Une malfaçon ;
  • Un cas fortuit (un événement dont on ignore la cause) ;
  • Un cas de force majeure (cela peut être une panne provoquée par un incident climatique).

Le saviez-vous ?

20 à 35 % d’incendies d’habitation seraient d’origine électrique³, et si le problème vient d’une négligence de la part du propriétaire, le propriétaire peut être tenu pleinement responsable.

Un logement mis en location doit être sûr et conforme aux normes en vigueur au moment de sa construction. Si vous constatez des anomalies électriques dans votre logement et que votre propriétaire refuse d’intervenir, vous pouvez le mettre en demeure de réaliser les travaux nécessaires, en lui faisant parvenir… Une lettre de mise en demeure. S’il ne s’exécute pas, l’affaire peut être portée devant le tribunal d’instance. Le juge pourra alors obliger le bailleur à effectuer les mises aux normes, imposer une réduction du loyer, voire interdire la location jusqu’à ce que la sécurité soit garantie.

Et si aucun diagnostic électrique n’a été fourni alors que l’installation a plus de 15 ans ? Dans les cas les plus graves, cela peut entraîner l’annulation pure et simple du bail, l’interdiction de louer le logement et des sanctions lourdes pour le propriétaire, allant jusqu’à 300 000 € d’amende et 2 ans de prison selon la DGCCRF. En cas de mise en danger avérée, il peut même être poursuivi pour mise en danger de la vie d’autrui. Par ailleurs, le bailleur peut également être sanctionné d'une amende de 1 500 € dans le cas où il n’aurait pas fait appel à un diagnostiqueur certifié (3 000 € en cas de récidive)⁴.

Électricité non conforme en location : comment réclamer la mise aux normes ?

Vous l’aurez compris, si l’installation électrique de votre logement est vétuste ou dangereuse, votre propriétaire a l’obligation de vous fournir un logement sécurisé. Seulement, reste à savoir comment faire valoir vos droits et obtenir la mise aux normes. Pour ça, suivez le guide…

  1. Signalez le problème : contactez directement votre bailleur par écrit (mail ou courrier recommandé avec accusé de réception) en détaillant les différentes anomalies constatées (prises défectueuses, absence de mise à la terre, tableau électrique obsolète, etc.).
  2. Appuyez votre demande avec un diagnostic  : pour rappel, si l’installation a plus de 15 ans, un diagnostic électrique est obligatoire. Vérifiez s’il a été réalisé avant la signature du bail.
  3. La mise en demeure du bailleur : si malgré toute votre bonne volonté, votre propriétaire ne réagit pas, il est (malheureusement) temps d’employer les grands moyens. Envoyez une mise en demeure de réaliser les travaux sous un délai raisonnable. Si il·elle persiste dans son refus, vous pouvez saisir le tribunal d’instance pour demander l’exécution des travaux, une baisse du loyer, voire même l’interdiction de louer si le logement est jugé dangereux.
  4. Signaler aux autorités compétentes : si le propriétaire ne réagit pas ou refuse d'agir, vous pouvez contacter la mairie de votre commune. Elle peut vous orienter vers les services compétents, notamment pour les inspections de sécurité.
  5. Le dernier recours : tribunal et sanctions : un logement insalubre ou dangereux peut - dans les cas les plus graves et avérés - entraîner une annulation du bail et des sanctions financières lourdes pour le·a propriétaire (jusqu’à 300 000 € d’amende et 2 ans de prison). Dans la plupart des cas, des travaux peuvent être imposés au propriétaire.

Votre propriétaire doit garantir un logement sûr et conforme aux normes minimales de sécurité. Si ce n’est pas le cas, ne restez pas sans agir : faites valoir vos droits !

Sources

¹https://assets.legrand.com/editorial/legrandfr/normes/infographie-norme-nfc15100-grand-public.pdf

²https://www.ecologie.gouv.fr/politiques-publiques/loi-solidarite-renouvellement-urbain-sru

³https://www.onse.fr/

⁴https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F18692

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