Au fur et à mesure de notre visite et de nos conversations, nous nous trouvons beaucoup de points communs avec nos petites centrales de production. On vous avait dit : on les a bien choisies 😉
L’engagement écologique
Pierre et Marius Pasteris vivent au cœur de la nature et l’engagement écologique, pour eux, c’est une évidence. « Il faudrait être fou pour rester insensible aujourd’hui à la préservation de l’environnement ! L’écologie, ce n’est rien d’autre qu’une question de survie », nous confie Pierre.
Les effets du réchauffement climatique, ils les ont constatés au fil des années. L’Ugine est alimentée par la fonte des neiges, alors son niveau d’eau est sensible aux variations climatiques. Lors de la canicule de 2003, l’assèchement de la rivière a par exemple diminué de près de 30% le rendement de la centrale ! L’énergie renouvelable dépend directement des éléments naturels, alors elle vous place forcément au cœur de la fragilité de la planète…
Pour autant, les deux frères sont résolument optimistes : « Il ne faut pas douter du génie humain ! On constate partout le retour de certaines valeurs, le retour à l’humain, la recherche de proximité, la valorisation des circuits courts… »
Et ils nous parlent de l’agriculture de montagne, qu’ils ont vu beaucoup évoluer dans la vallée : les agriculteurs de leur enfance, qui sont passés à l’agriculture intensive sous la pression de la grande distribution, en recourant aux pesticides et à l’alimentation artificielle du bétail… Puis, à partir de 1995, l’essor d’un nouveau mouvement paysan et le développement progressif de méthodes alternatives plus respectueuses de la terre : élevage raisonné, agriculture bio, etc.
Le goût de l’innovation
De l’innovation, la centrale en a beaucoup connu depuis qu’elle a été créée !
Progrès technologiques, informatiques… Pierre Pasteris a même fait partie des pionniers : son rêve, c’était de construire une centrale quasiment autonome. Un projet qu’il a en grande partie concrétisé aujourd’hui, avec l’automatisation du fonctionnement de La Motte : contrôles constants du niveau d’eau, pilotage automatique de la vanne grâce à un détecteur installé au pied de la chute, contrôle des températures du générateur électrique, etc.
La centrale est directement raccordée au réseau, et le flux d’électricité qu’elle injecte est transmis à RTE grâce à un compteur communiquant, qui mesure et communique en temps réel les informations. Ce compteur, qui s’appelle Altys, est en quelque sorte la version pour professionnels de l’énergie du compteur Linky que vous avez peut-être chez vous 😉
Si tous ces systèmes d’alerte facilitent beaucoup l’exploitation de la centrale, les Pasteris ont souhaité conserver un pilotage manuel de la centrale. Pierre fait encore un parallèle avec la nouvelle génération paysanne : « L’automatisation a considérablement simplifié l’exploitation de notre centrale ces dernières années. C’est un peu comme l’automatisation de la traite des vaches dans les exploitations agricoles ! Et nous avons aussi les mêmes contraintes que les éleveurs : il faut toujours être là, toujours être disponible. Si un relevé anormal envoie une alarme au milieu de la nuit, la centrale se met à l’arrêt et nous devons nous rendre sur place pour évaluer le problème, faire les opérations nécessaires et relancer la centrale, une fois que nous nous sommes assurés que toutes les conditions nécessaires sont bien réunies. »
Les deux frères parviennent aujourd’hui à exploiter seuls la centrale avec l’aide d’un ingénieur électronicien qui, aussi passionné qu’eux, a installé lui aussi sa propre microcentrale hydroélectrique. Il y a en permanence un responsable d’astreinte désigné. Et les réveils nocturnes ne manquent pas, comme nous le raconte Marius : « Avec cette centrale, on renait tous les jours ! C’est un perpétuel renouvellement, même avec l’automatisation. Il y a de nouveaux types d’incidents électroniques, des aléas d’intempéries… » Et il nous montre, au passage, les traces d’un arbre tombé sur la vanne lors de la tempête qui a sévi quelques jours plus tôt.
La décentralisation
Pierre et Marius Pasteris sont aussi deux ardents défenseurs d’un sujet qui nous tient beaucoup à cœur chez Ekwateur : la décentralisation !
Les deux frères ont connu une époque où on ne jurait que par Paris. Eux-mêmes n’ont pas été encouragés à rentrer dans leur Savoie natale : certains avaient prédit à Pierre qu’il avait peu de chances de travailler à des projets intéressants loin de la capitale. Mais vous savez désormais qu’il est déterminé, notre producteur d’énergie, et qu’il en fallait plus pour le faire changer d’avis 😉 Il a eu raison, car lorsqu’il s’est installé dans un nouveau bureau d’étude à Megève il a piloté des projets de construction de première main, comme le centre d’instruction navale de Toulon, ou encore celui de Querqueville… tous conçus et étudiés depuis sa petite station savoyarde !
Aujourd’hui, ils se réjouissent de l’engouement nouveau pour la décentralisation : leur jolie vallée se développe grâce à l’arrivée ces dernières années de jeunes couples et de familles, attirés par la qualité de vie locale. Et ils nous parlent de nouveau de l’agriculture de montagne et de cette nouvelle génération, qui a fait fleurir les coopératives et les commerces de proximité, en circuit (très) courts, partout dans la vallée.
Et la suite ? Comment la voient-ils ?
Les cas de concessions unipersonnelles comme la leur sont très rares aujourd’hui, car elles apportent moins de garanties de continuité d’exploitation que les centrales gérées par des entreprises. « Nous sommes de petits artisans de l’énergie », nous confient-ils !
Alors comment voient-ils la suite ? Leur centrale sera probablement reprise par une société d’exploitation, qui poursuivra ici leur activité de production d’électricité 100% renouvelable à partir de l’Ugine.
Ci-dessous, Pierre Pasteris (à gauche), concessionnaire de la centrale de La Motte, avec son frère Marius.
Pour le reste… Pierre et Marius sont résolument confiants pour l’avenir ! Pour eux, la nouvelle génération a pris conscience des problèmes et ils sont optimistes sur notre capacité à inventer des solutions pour encourager la baisse de la consommation, le développement d’une consommation raisonnée, la décentralisation de la production…
Tiens tiens, ça ressemble beaucoup aux valeurs d'Ekwateur, tout ça 😉
Au moment de quitter Pierre et Marius Pasteris, on s’est sentis fiers chez Ekwateur de vous proposer l’électricité renouvelable de producteurs locaux comme eux.
Vous permettre de choisir leur énergie, c’est l’une de nos actions (il y en a d’autres) pour œuvrer à l’énergie de demain : une énergie verte, collaborative et locale.
Cela vous donne envie d’agir aussi ? N’hésitez plus à rejoindre le mouvement de l’énergie décentralisée avec Ekwateur !