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Polluants éternels (PFAS) : qu’est-ce que c’est ?

Si en amitié ou en amour, le mot « éternel » a de quoi séduire, lorsqu’il s’agit de substances polluantes, on est déjà nettement moins emballé·es. Eh oui, les PFAS ou « substances per- et polyfluoroalkylées » sont des molécules extrêmement résistantes qui ne se dégradent presque pas, d’où leur surnom de polluants éternels. Le hic ? Ces composés chimiques sont encore utilisés dans de nombreux objets du quotidien et dans certains usages professionnels ! On fait le point…

À retenir


PFAS ou polluants éternels : définition

Selon l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), les PFAS sont « des substances fluorées qui contiennent au moins un atome de carbone méthyle ou méthylène entièrement fluoré (sans atome H/Cl/Br/I attaché). » Quoi ? Ça ne vous semble toujours pas très clair ?! On va corriger ça 😉

Ces composés ont été imaginés dans les années 1930, produits à grande échelle dès les années 1950, et leur curriculum vitae industriel aurait presque de quoi faire rougir toute l’équipe des Avengers : ils résistent à la chaleur, repoussent l’eau, tiennent tête aux huiles et s’accrochent au monde avec une ténacité chimique impressionnante. Tout ça, grâce à une armature carbone-fluor d’une robustesse hors du commun¹.

On en compte aujourd’hui plus de 4 000, peut-être même jusqu’à 14 000 selon certaines estimations². Leur famille est vaste : 

  • Polymères ;
  • Non-polymères ;
  • Sulfonates de perfluorooctane (PFOS) ;
  • Acides perfluorooctanoïque (APFO), etc.

Et puisque l’industrie adore les matériaux qui encaissent tout sans broncher, ces molécules se sont glissées dans de nombreux (très nombreux) objets et produits de notre vie quotidienne. Là où le bât blesse, c’est que leur incroyable solidité se retourne contre nous. En effet, ces substances se baladent dans l’air, s’infiltrent dans les sols, nagent dans les rivières et remontent, imperturbables, la chaîne alimentaire.

Où trouve-t-on des PFAS ?

Vous l’aurez compris, les PFAS sont de véritables couteaux suisses chimiques (antiadhésifs, imperméabilisants, résistants aux hautes températures, excellents tensio-actifs, etc.). De quoi attirer la plupart des secteurs industriels. C’est pourquoi, on les retrouve dans une foule d’objets du quotidien, souvent sans les voir passer. Ils sont présents, par exemple, dans :

  • Les emballages alimentaires anti-gras (hamburgers, pizzas, kebabs…) ;
  • Les revêtements antiadhésifs des poêles et ustensiles de cuisine (dont le Téflon) ;
  • Les textiles déperlants et vêtements imperméables ;
  • Certains cosmétiques ;
  • Certains produits phytosanitaires ;
  • Des substances pharmaceutiques ;
  • Certaines mousses anti-incendie (agents formant film flottant), etc³.

En 2020, environ 225 000 tonnes de PFAS se trouvaient dans les produits mis sur le marché européen, avec, en tête :

  • Les textiles : 92 000 tonnes ;
  • Les dispositifs médicaux : 43 000 tonnes³.

En clair, difficile d’ouvrir un placard, un tiroir ou un sac de sport sans croiser au moins un PFAS quelque part.

Quels dangers représentent ces PFAS ?

Les données européennes montrent que les PFAS ont pris un abonnement illimité dans la chaîne alimentaire. 69 % des poissons analysés, 55 % des abats et mollusques, 39 % des œufs et 23 % du lait contiennent au moins un PFAS réglementé². À ce stade, ce n’est plus une contamination ponctuelle, c’est un climat de fond.

Pour la nature et les animaux

Les PFAS se dispersent doucement, mais sûrement. Ils s’accumulent dans les milieux aquatiques, s’invitent dans les organismes des poissons, puis des prédateurs, puis de ceux qui mangent les prédateurs. Grâce à leur stabilité à toute épreuve, rien ne les arrête vraiment, ni le temps, ni la lumière, ni les saisons.
Résultat, une pression diffuse, mais permanente, sur les écosystèmes, qui finit par bousculer les équilibres biologiques. Les PFAS entraînent ainsi une pollution de tous les milieux : l'eau, l'air, les sols et même les sédiments.

Pour la santé humaine

La nature n’est pas la seule à faire les frais de cette grande invasion chimique, puisque les PFAS sont également associés à :

  • Des maladies thyroïdiennes,
  • Des perturbations du foie et du métabolisme des lipides,
  • Des effets immunitaires, dont une réduction de la réponse vaccinale,
  • Des troubles endocriniens,
  • Des impacts sur la fertilité,
  • Un faible poids de naissance et des risques de pré-éclampsie,
  • Des suspicions de rôle dans certaines maladies inflammatoires,
  • Et des risques de cancers. Le PFOA est classé cancérogène pour l’humain, le PFOS possiblement cancérogène².

À force de voyager partout, les PFAS finissent toujours par trouver une porte d’entrée. D’où l’urgence d’encadrer leurs usages, de surveiller leur présence, et de ne plus faire comme si la chimie était un buffet permanent.

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Quelle réglementation pour ces polluants éternels ?

En France

La France a dégainé un Plan d’action PFAS 2023–2027. L’idée, c’est avant tout de réduire les risques, surveiller les milieux, accompagner les collectivités, et pousser l’Europe vers des restrictions plus musclées.

Côté eau potable, la limite est fixée à 0,10 µg/l pour la somme des 20 PFAS préoccupants. Par ailleurs, ces substances sont entrées dans les contrôles de routine dès 2025. Certaines régions ont même pris de l’avance, à l’image du Grand Est, qui mène des campagnes exploratoires depuis 2023⁵. Les interdictions avancent elles aussi :

  • Dès 2026 : cosmétiques, vêtements, imperméabilisants⁵ ;
  • En 2030 : extension à l’ensemble des textiles, hors usages industriels très spécifiques⁴.

Et pour les industries émettrices, une nouvelle redevance vient sanctionner les rejets⁵.

Et dans le reste du monde ?

L’Europe encadre déjà de nombreux PFAS via :

  • Le règlement REACH,
  • Le règlement POP qui interdit PFOS, PFOA et PFHxS,
  • Des seuils pour les matériaux au contact des aliments,
  • Des directives sur la qualité des eaux destinées à la consommation humaine (0,50 µg/l pour le total PFAS, ou 0,10 µg/l pour les 20 ciblés)⁵.

Depuis 2023, plusieurs pays ont proposé une restriction universelle des PFAS, dont le Danemark, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Norvège et la Suède. En somme, le chantier est colossal, mais la dynamique est lancée⁶.

Quel avenir pour les PFAS ?

Malgré leur réputation d’éternité, les PFAS commencent à rencontrer un mur et c’est celui de la réglementation ! Les interdictions progressent, les contrôles se renforcent, la cartographie nationale - développée par le BRGM - met en lumière les zones les plus touchées (PACA, Région Est, etc.)⁷.

Les industriels travaillent à identifier des alternatives ; les consommateurs changent leurs habitudes ; et les pouvoirs publics musclent la surveillance.

🔎 Info PFAS

Découvrez l’outil de visualisation des données nationales de surveillance des substances PFAS

On est encore très loin de leur disparition, mais pour la première fois depuis leur invention, l’avenir des PFAS semble moins assuré que leur passé.

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