Le changement d'heure : explication simple

Pour mieux comprendre cette habitude biannuelle, un peu d’histoire s’impose. Nous sommes en 1976, Steven Spielberg terrorise la France et la Belgique avec Les Dents de la Mer, le monde entier s’émerveille devant les premières images de la planète Mars et le cycliste belge Lucien Van Impe remporte le Tour de France (celle-ci, vous ne vous y attendiez pas). Parallèlement à ces évènements mémorables (ou pas), sur le territoire français, c’est officiel : on change d’heure ! 

Il faut dire que quelques années auparavant (à partir de 1973 exactement), l’Hexagone a fait les frais d’un premier choc pétrolier, qui a plongé le Pays dans une profonde crise économique, dont les conséquences mettent fin à trente années de prospérité, de croissance et de plein-emploi. L’heure est donc plus que jamais à la sobriété et plus précisément, la sobriété énergétique. Le décret du 19 septembre 1975 introduit alors une heure d'été sur le territoire, afin d’économiser l'énergie en réduisant les temps d'éclairage artificiel le soir. Le calcul est simple : en avançant l’heure du coucher, les Français·es profitent davantage du rayonnement naturel du soleil et sollicitent moins leurs ampoules. Résultat, le réseau électrique hexagonal est sauf. Ouf !

À l’origine, cette mesure devait être provisoire. Pourtant, presque 50 ans plus tard, nous continuons invariablement à régler les aiguilles de l’ensemble de nos horloges deux fois chaque année. 

💡 Le changement d’heure en 1976 : vraiment ? En réalité, la France s’était déjà essayée au jeu du changement d’heure bien longtemps avant les 70’s. L’introduction d’une heure d’été est proposée dès 1916, puis votée en 1917. Un régime qui va subsister jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. L’avancée des troupes allemandes dans le Nord de la France va introduire « l’heure allemande » dans la partie occupée. À la Libération 🇫🇷, l'heure d'été est tout bonnement abandonnée par le Gouvernement provisoire, le 14 août 1945.

Finalement, n’est-ce pas la seule question qui nous intéresse véritablement à l’approche du grand changement ? Allons-nous gagner une précieuse heure de sommeil, oui ou non ?

Pour commencer, faisons le point sur les dates. Comme chaque année, les changements d'heure 2024 surviendront le dernier weekend de mars pour le passage à l'heure d'été et le dernier week-end d'octobre, pour le passage à l'heure d'hiver. Ce qui nous donne : 

Au moment du passage à l'heure d'hiver, on recule les horloges d'une heure. À 3 h du matin par exemple, on passe à 2 h. Lorsqu'on passe à l'heure d'été, il convient d’avancer les aiguilles d'une heure. Pour résumer : 

Si comme nous, vous avez la mémoire courte, sachez qu’il existe un petit moyen mnémotechnique pour s’en souvenir : 

En octobRE, l’heure REcule ; en mArs, elle Avance !

Pour une fois, le changement d’heure n’appartient pas à la longue liste des exceptions culturelles à la française ! Même si la mesure tombe progressivement en désuétude un peu partout sur le globe, elle a toutefois été appliquée par bon nombre de nos voisins et continue d’être respectée un peu partout. Parmi les heureux élus, on compte notamment l’essentiel des pays de l’Union européenne, les États-Unis ou encore le Canada. Cependant, comme le rappelle le cabinet d’étude Statista, « bien que plus de 140 pays aient mis en œuvre le changement d'heure à un moment donné de leur histoire, moins de 40 % des États de la planète l'appliquent encore aujourd'hui* ». 

La plupart des régions qui ne l'ont jamais appliqué sont essentiellement situées autour de l'équateur, où la durée d'ensoleillement reste stable toute l'année. 

À l’exception des pays européens qui ont harmonisé les dates des passages à l’heure d’été et d’hiver, chaque pays détermine ces dates individuellement. Par exemple, aux États-Unis, le changement d’heure a toujours lieu le deuxième dimanche de mars et le premier dimanche de novembre à 2 h du matin. En France, celui-ci est programmé pour le dernier dimanche d’octobre et le dernier dimanche de mars.

D’ailleurs, en passant, c’est Outre-Atlantique qu’est né le concept du changement d’heure que l’on doit à un certain… Benjamin Franklin. En 1784, ce dernier évoque dans le Journal de Paris la théorie de l'heure d'été, pour économiser l'énergie. Dans une France principalement agricole qui vit au rythme du soleil, le concept n’intéresse pas plus que cela et il faudra donc attendre le début du 20ᵉ siècle pour que, de nouveau, on remette l’idée sur la table.

Depuis quelques années maintenant, on ne cesse d’annoncer la mort imminente du changement d’heure. D’ailleurs, en mars 2019, les eurodéputés ont même voté pour la suppression du dispositif, avec mise en application en 2021. C’était sans compter l’arrivée inattendue de la crise sanitaire de la COVID-19 ! Ce texte sur la fin du changement d'heure n’est alors plus à l’ordre du jour, malgré les nombreuses voix favorables à sa disparition. À la demande du Parlement européen, la Commission européenne avait lancé une consultation publique durant l’été 2018 à l’échelle de l’UE. Celle-ci avait reçu plus de 4,6 millions de réponses, avec 84 % des répondants favorables à la suppression du changement d’heure. 

Le changement d’heure 2024 ne sera donc pas le dernier, puisque son éventuelle disparition « ne devrait pas être discuté[e] dans un avenir proche », conclut le site de l'administration française.

Malgré la remise à plus tard de sa suppression, le changement d’heure reste un dispositif très contesté, au bénéfice controversé. Certains professionnels de santé soulignent le dérèglement et les perturbations du rythme de sommeil induits par ce processus. Parmi les effets néfastes dénoncés, on compte : 

Côté sécurité routière, le bilan n’est guère plus encourageant. D’après securite-routiere.gouv, « le passage à l'heure d'hiver entraîne chaque année une recrudescence des accidents des piétons ». « Dans les jours qui suivent le changement d’heure, le nombre de morts parmi les piétons augmente de 42 % entre 17h et 19h* ».

Face à tant de red flags 🚩, pouvons-nous au moins espérer une baisse de la facture d’électricité grâce au changement d’heure ? Eh bien, mauvaise nouvelle : pas vraiment. Le gain en énergie serait désormais marginal. Dans ses derniers travaux, l’Ademe, l’Agence de transition écologique, estime que le changement d’heure permet d’économiser en moyenne 351 GWh d’électricité. Soit seulement 0,07 % de notre consommation d’électricité totale. Plus largement, les gains se réduisent sensiblement depuis 30 ans, notamment en raison de la généralisation de l’éclairage à basse consommation. 

Alors pour économiser l’énergie, il va falloir compter sur quelques gestes un peu plus efficaces que le changement d’horaire.

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Et si vous souhaitez adapter votre consommation en fonction des heures de la journée, une autre option consiste à souscrire une offre heures pleines/heures creuses.

Voilà, vous savez (presque) tout à propos du changement d’heure. Il ne vous reste plus désormais qu’à préparer vos horloges pour le jour J !