L'électricité verte au prix juste
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Revers de fortune pour l’Ademe : à en croire les révélations du média Contexte, en août dernier, l’organisme pourrait bien se voir amputé de près de 35 % de son budget alloué. Alors, faut-il s’attendre à un vilain coup dur pour le développement des énergies renouvelables sur le territoire hexagonal ? On décrypte avec vous cette baisse budgétaire annoncée !
19 septembre 2024 à 11:47
Lecture 6 mn
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Avant de s’attaquer aux choses sérieuses, une rapide mise au point s’impose pour bien comprendre ce qu’implique cette enveloppe financière en matière de transition écologique en France. Finalement, l’Ademe, à quoi ça sert ?
L’Agence de la transition écologique ou ADEME est un acteur clé de la politique environnementale française. Créée en 1991, elle est placée sous la tutelle du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, du ministère de l’Économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique et du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Eh oui, ça en fait du monde ! Sa mission principale est d’accompagner les acteur·ice·s économiques, les collectivités locales et les citoyen·ne·s dans la transition énergétique et écologique. Somme toute, un ambitieux projets.
Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’au quotidien, l’Ademe ne chôme pas. En effet, l’organisme est sur tous les fronts : conseil, accompagnement, soutien des projets, sensibilisation et information… En bref, l’Agence est multi-casquettes sur tout ce qui concerne de près ou de loin la transition écologique.
Elle investit dans la recherche et l’innovation, en soutenant des projets pilotes qui permettront de développer les technologies de demain. Elle œuvre aussi à anticiper les évolutions réglementaires et économiques, pour mieux accompagner la société dans les transitions nécessaires. Pour résumer, l’Agence de la Transition Écologique est un acteur central de la transformation écologique hexagonale, qui allie expertise technique, soutien financier, et actions de sensibilisation. Son objectif est clair : aider la société à réduire son impact environnemental et à construire un avenir durable ! Et pour tout ça, on lui dit merci 😉 !
La nouvelle est tombée par la voix du média Contexte : l’établissement public pour la transition écologique pourrait bien voir son budget réduit de pas moins de 35 % d’ici à 2025. Dans la lettre-plafond transmise au ministère de la Transition Écologique, que le média en ligne a pu consulter, l’ex-Premier ministre, Gabriel Attal, évoque en effet un budget incitatif s’élevant à 900 millions d’euros, contre 1,373 milliard en 2024.
Le budget incitatif de l’Ademe, qu’il gère « en propre », comprend différents Fonds dédiés au soutien et à l’accompagnement en matière de transition écologique. On compte par exemple :
Dans le cadre de ses investissements en faveur de la transition écologique, au sein de France Relance (2020-2022), l’Ademe a notamment accompagné 25 dispositifs sur 9 thématiques, pour des projets d’industrialisation et de déploiement, avec une enveloppe dédiée de 1,6 Md€.
Pour France 2030, environ 9 Md€ devraient être opérés par l’organisme, pour des projets d’innovation, d’industrialisation et de déploiement dans l’ensemble des champs de la transition écologique et énergétique¹.
En juillet 2024, l’Ademe précisait dans son « Bilan 2023 du Fonds chaleur » que plus de 1 400 nouvelles installations d’énergies renouvelables et de récupération avaient pu être déployées grâce au budget mis en place. Le tout pour une production de près de 2,82 TWh/an de chaleur renouvelable et de récupération.
Lorsqu’on sait que les besoins de chaleur représentent aujourd’hui 43 % de la consommation énergétique française et sont encore majoritairement couverts par des énergies carbonées et importées (gaz, fioul, charbon), on apprécie plus encore l’importance des projets mis en œuvre par l’Agence. Comme elle le précise par ailleurs, si « la part de chaleur renouvelable et de récupération en France métropolitaine augmente (24 % en 2021, 27,2 % en 2022) [elle devra toutefois] atteindre l’objectif fixé par la loi (LTECV), de 38 % d’énergies renouvelables (EnR) dans la consommation finale de chaleur en 2030, voire plus en déclinaison des objectifs 2030 récemment renforcés au niveau européen et par la planification écologique ». Pour contribuer à ces objectifs ambitieux, la totalité du budget 2023 du fonds chaleur, soit 601 millions d’euros, a été engagée. Une goutte d’eau lorsqu’on sait que depuis 15 ans, ce fonds, qui a permis d’aider plus de 8 500 installations d’énergies renouvelables et de récupération, a nécessité près de 4,28 milliards d’euros d’aides et généré environ 14 milliards d’euros d’investissements. À la clé ? 45,4 TWh/an de production additionnelle d’EnR&R, équivalent de la consommation de chaleur d’en moyenne 5 millions de logements² !
Au regard des objectifs visés en matière d’énergies renouvelables et des budgets nécessaires, on peut donc légitimement craindre les conséquences de ce régime sec imposé à l’Ademe pour l’année 2025. Sans étonnement, cette coupe a d’ailleurs suscité de vives réactions. Pour le délégué général de l’association Amorce, Nicolas Garnier, la situation est « beaucoup plus grave » que la chute du fonds vert. Pour lui, il faut craindre « un choc concret. Côté collectivités, ce sont les énormes enjeux de l’énergie et des déchets qui se cassent la figure ». Affaire à suivre !
¹https://www.ademe.fr/nos-missions/financement
²https://presse.ademe.fr/2024/07/bilan-2023-du-fonds-chaleur.html