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Les énergies renouvelables sont accusées d'augmenter le risque de black-out.
Les énergies renouvelables sont accusées d'augmenter le risque de black-out.

Baisse du budget de l'ADEME de 35 % : quel impact pour les énergies renouvelables ?

Revers de fortune pour l’Ademe : à en croire les révélations du média Contexte, en août dernier, l’organisme pourrait bien se voir amputé de près de 35 % de son budget alloué. Alors, faut-il s’attendre à un vilain coup dur pour le développement des énergies renouvelables sur le territoire hexagonal ? On décrypte avec vous cette baisse budgétaire annoncée !


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Rappel : l’Ademe, c’est quoi exactement ?

Avant de s’attaquer aux choses sérieuses, une rapide mise au point s’impose pour bien comprendre ce qu’implique cette enveloppe financière en matière de transition écologique en France. Finalement, l’Ademe, à quoi ça sert ?

Quid de l’Agence de la Transition Écologique

L’Agence de la transition écologique ou ADEME est un acteur clé de la politique environnementale française. Créée en 1991, elle est placée sous la tutelle du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, du ministère de l’Économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique et du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Eh oui, ça en fait du monde ! Sa mission principale est d’accompagner les acteur·ice·s économiques, les collectivités locales et les citoyen·ne·s dans la transition énergétique et écologique. Somme toute, un ambitieux projets.

Quelles-sont les missions de l’Ademe ?

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’au quotidien, l’Ademe ne chôme pas. En effet, l’organisme est sur tous les fronts : conseil, accompagnement, soutien des projets, sensibilisation et information… En bref, l’Agence est multi-casquette sur tout ce qui concerne de près ou de loin la transition écologique.

  • Un rôle de conseil et d’accompagnement : l’agence se distingue par son rôle de conseil. Elle fournit des informations, des études et des recommandations sur les bonnes pratiques en matière d’efficacité énergétique, de gestion des ressources et de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Une expertise qui s’adresse aussi bien aux entreprises qu’aux collectivités locales, et même aux particuliers. À travers des guides, des études et des formations, l’agence vise à sensibiliser et éduquer, pour promouvoir des comportements responsables.
  • Le soutien financier aux projets écologiques : en plus de son rôle de conseil, l’Ademe n’hésite pas à mettre la main au porte-monnaire et se positionne comme un véritable financeur de la transition écologique. Elle soutient financièrement des projets innovants et exemplaires dans des domaines variés comme les énergies renouvelables, la gestion des déchets, l'économie circulaire ou encore l'efficacité énergétique. Ce financement prend la forme de subventions, de prêts ou de concours publics, notamment via des appels à projets nationaux ou régionaux. Cette approche vise à accélérer la mise en place de solutions concrètes pour réduire l’impact environnemental de différents secteurs.
  • Sensibilisation et promotion des comportements responsables : l’agence mène également des campagnes de communication pour sensibiliser le grand public et les entreprises aux enjeux climatiques et environnementaux. Par des spots publicitaires, des actions sur les réseaux sociaux ou des publications, l’organisme encourage les citoyen·ne·s à adopter des comportements plus durables, que ce soit dans la consommation énergétique, la gestion des déchets ou les modes de transport. D’ailleurs, en novembre dernier, vous n’avez pas pu passer à côté de la fameuse pub sur les « dévendeurs » d’électroménager !
  • Un soutien aux politiques publiques : l’organisme est par ailleurs un outil essentiel de l’État dans la mise en œuvre des politiques publiques de transition écologique. Elle collabore étroitement avec les ministères et les collectivités territoriales pour atteindre les objectifs nationaux et européens de réduction des émissions de CO2, de gestion des déchets, et d’accélération des énergies renouvelables. L’agence joue également un rôle d’interface entre le secteur privé, les décideurs publics et la société civile, pour mieux faciliter la coopération et la coordination des actions en faveur du développement durable.

Elle investit dans la recherche et l’innovation, en soutenant des projets pilotes qui permettront de développer les technologies de demain. Elle œuvre aussi à anticiper les évolutions réglementaires et économiques, pour mieux accompagner la société dans les transitions nécessaires. Pour résumer, l’Agence de la Transition Écologique est un acteur central de la transformation écologique hexagonale, qui allie expertise technique, soutien financier, et actions de sensibilisation. Son objectif est clair : aider la société à réduire son impact environnemental et à construire un avenir durable ! Et pour tout ça, on lui dit merci 😉 !

L’Ademe amputée d’un tiers de son budget ?

La nouvelle est tombée par la voix du média Contexte : l’établissement public pour la transition écologique pourrait bien voir son budget réduit de pas moins de 35 % d’ici à 2025. Dans la lettre-plafond transmise au ministère de la Transition Écologique, que le média en ligne a pu consulter, l’ex-Premier ministre, Gabriel Attal, évoque en effet un budget incitatif s’élevant à 900 millions d’euros, contre 1,373 milliard en 2024.

Le budget incitatif de l’Ademe, qu’il gère « en propre », comprend différents Fonds dédiés au soutien et à l’accompagnement en matière de transition écologique. On compte par exemple : 

  • Le Fonds Chaleur renouvelable, dont l’objectif est de développer les installations de production de chaleur renouvelable et les réseaux de chaleur dans l’habitat collectif, les collectivités et les entreprises afin d’atteindre l’objectif national de 32 % d’EnR en 2030. 
  • Le Fonds Économie circulaire, qui soutient la mise en œuvre de la politique déchets et économie circulaire en France, en accompagnant les collectivités locales et en orientant le comportement des acteur·ice·s par l’investissement dans des installations de tri, de recyclage et de valorisation ainsi que des actions de prévention.

Dans le cadre de ses investissements en faveur de la transition écologique, au sein de France Relance (2020-2022), l’Ademe a notamment accompagné 25 dispositifs sur 9 thématiques, pour des projets d’industrialisation et de déploiement, avec une enveloppe dédiée de 1,6 Md€.


Pour France 2030, environ 9 Md€ devraient être opérés par l’organisme, pour des projets d’innovation, d’industrialisation et de déploiement dans l’ensemble des champs de la transition écologique et énergétique¹.

-35 % pour l’Ademe : quelles conséquences ?

En juillet 2024, l’Ademe précisait dans son « Bilan 2023 du Fonds chaleur » que plus de 1 400 nouvelles installations d’énergies renouvelables et de récupération avaient pu être déployées grâce au budget mis en place. Le tout pour une production de près de 2,82 TWh/an de chaleur renouvelable et de récupération. 

Lorsqu’on sait que les besoins de chaleur représentent aujourd’hui 43 % de la consommation énergétique française et sont encore majoritairement couverts par des énergies carbonées et importées (gaz, fioul, charbon), on apprécie plus encore l’importance des projets mis en œuvre par l’Agence. Comme elle le précise par ailleurs, si « la part de chaleur renouvelable et de récupération en France métropolitaine augmente (24 % en 2021, 27,2 % en 2022) [elle devra toutefois] atteindre l’objectif fixé par la loi (LTECV), de 38 % d’énergies renouvelables (EnR) dans la consommation finale de chaleur en 2030, voire plus en déclinaison des objectifs 2030 récemment renforcés au niveau européen et par la planification écologique ». Pour contribuer à ces objectifs ambitieux, la totalité du budget 2023 du fonds chaleur, soit 601 millions d’euros, a été engagée. Une goutte d’eau lorsqu’on sait que depuis 15 ans, ce fonds, qui a permis d’aider plus de 8 500 installations d’énergies renouvelables et de récupération, a nécessité près de 4,28 milliards d’euros d’aides et généré environ 14 milliards d’euros d’investissements. À la clé ? 45,4 TWh/an de production additionnelle d’EnR&R, équivalent de la consommation de chaleur d’en moyenne 5 millions de logements² !


Au regard des objectifs visés en matière d’énergies renouvelables et des budgets nécessaires, on peut donc légitimement craindre les conséquences de ce régime sec imposé à l’Ademe pour l’année 2025. Sans étonnement, cette coupe a d’ailleurs suscité de vives réactions. Pour le délégué général de l’association Amorce Nicolas Garnier, elle est « beaucoup plus grave » que la chute du fonds vert, a jugé. Pour lui, il faut craindre « un choc concret. Côté collectivités, ce sont les énormes enjeux de l’énergie et des déchets qui se cassent la figure ». Affaire à suivre !

Sources :

¹https://www.ademe.fr/nos-missions/financement

²​​https://presse.ademe.fr/2024/07/bilan-2023-du-fonds-chaleur.html

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