Oui, c’est sur toutes les lèvres actuellement et sur chaque chaîne de télévision que vous regardez. La France et même le monde entier traversent une crise sanitaire sans précédent. Tous les secteurs sont touchés et celui de l’énergie ne fait pas exception. Alors, que va-t-il advenir de la distribution et de la production d’électricité et de gaz ? On fait le point sur la situation avec vous.
20 mars 2020
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Les chiffres parlent d’eux même. Dès lundi 16 mars 2020 on a enregistré une baisse de 10% de la consommation nationale par rapport à un lundi normal de mars. Et mercredi 18 mars 2020 nous étions descendus à -15% pour la même période l’année précédente.
Pourquoi ? Tout simplement parce qu’avec les mesures prises récemment ainsi que la mise en place du confinement et donc le ralentissement de l’économie, la demande d’énergie est devenue plus faible, bien plus faible que ce qui était prévu. Et nous seulement le marché anticipe une baisse à court et moyen terme mais elle l’anticipe également à long terme. En clair, le marché s’attend à des baisses durables mais il est encore trop tôt pour avoir plus de visibilité sur ses fluctuations exactes.
Tout d’abord, il faut savoir que l’électricité ne se stocke pas. Il n’est donc pas possible de produire plus en se disant « nous pourrons utiliser le surplus sur une période plus chargée ». Il faut donc, à chaque instant avoir un équilibre entre la production d’énergie et la consommation. Et cet équilibre doit se maintenir en temps réel.
L’entité chargée d’ajuster et de maintenir cet équilibre au niveau national est RTE, le gestionnaire de réseau de transport d’électricité. Pour cela, il doit collecter les données de production auprès des producteurs d’énergie et les données de consommation auprès des acteurs compétents. Grâce à ces informations, il peut ainsi faire les prévisions les plus justes possible. En temps normal, il est assez facile de prévoir d’un jour à l’autre la consommation car les comportements de consommations peuvent se répéter. En effet, on sait que la plupart du temps, la consommation des particuliers est moins importante en journée car les gens sont au travail par exemple. On peut aussi estimer la consommation d’un jour férié, en répétant l’exemple d’un dimanche de la même période, pour vous donner un autre exemple.
Dans le cas de la pandémie du Covid-19 et avec le confinement qui est une situation encore inédite à ce jour, nous n’avons pas de recul ni de schéma de consommation sur lesquels se baser. C’est pour cela qu’il est extrêmement compliqué de faire des estimations. Par exemple, RTE avait anticipé en partie la baisse de consommation d’énergie due au ralentissement de l’économie dès lundi mais les chiffres ont été encore plus bas que ce qu’ils avaient pu estimer. Ils ont été obligés de réagir très rapidement pour rééquilibrer la production et la consommation. Aujourd’hui, après quelques jours de recul, on peut espérer que la consommation d’énergie se stabilise.
RTE ne s’attend pas à ce que les particuliers consomment moins, au contraire. Ils estiment que, dans la mesure où la France entière reste chez elle, les particuliers vont consommer au moins autant, si ce n’est pas plus que d’habitude à cause du confinement à domicile. RTE prévoit donc une consommation normale voire en hausse du côté des particuliers.
Néanmoins, compte tenu de la fermeture de la majorité des lieux d’activités (gymnase, cinémas, bars, restaurants, ect…,) et également de la mise au chômage partiel (dit technique) de certaines entreprises et usines, ou de la généralisation du télétravail (les bureaux sont vides donc ne nécessitent pas d’énergie) , il est encore compliqué de faire des projections sur l’impact que ce ralentissement de l’économie aura sur la consommation d’énergie à moyen terme. C’est ce que les acteurs du marché sont en train d’évaluer afin de s’adapter le plus rapidement possible à ce changement de consommation de l’énergie. Par exemple, la CRE a annoncé aujourd’hui avoir demandé la suspension de l’effacement tarifaire jusqu’à fin mars.
En effet, compte tenu de la baisse importante d’énergie, les effacements visant à réduire les pics de consommation ne sont plus utiles et peuvent même avoir une incidence négative pour la facture des consommateurs. Aussi, RTE et EDF n’appliqueront plus l’effacement tarifaire jusqu’à fin mars.
L’aspect rassurant en cette période de crise c’est que, vraisemblablement, il n’y a aucune crainte à avoir quant à la continuité de l’approvisionnement du réseau en énergie. Les opérateurs des principales centrales électriques disposent d’un plan pandémie depuis le début des années 2000 et sont capables de faire tourner leur parc de centrales avec seulement 60% de son personnel durant 2 à 3 semaines. Ils peuvent même maintenir leur production avec 25% d’absentéisme au sein de l’entreprise sur une durée de 12 semaines. Quant aux autres acteurs du marché, leurs messages sont très rassurants. RTE et GRTgaz, les gestionnaires de réseaux de transport de l’électricité et du gaz, ont activé leur plan de continuité d’activité, assurant ainsi le maintien de toutes les opérations nécessaires au bon fonctionnement du réseau. En clair, aucune baisse de l’approvisionnement en énergie n’est prévue et ce, même pour les pays voisins approvisionnés par la France. Aucun risque de voir son électricité ou son chauffage au gaz coupés dans les prochaines semaines.
On espère vous avoir aidé à y voir plus clair et à mieux comprendre pourquoi il est aujourd’hui si difficile d’avoir une visibilité plus importante sur le marché de l’énergie. En tant que fournisseur d’énergie indépendant, nous vous tiendrons informé régulièrement de l’évolution de la situation. Prenez soin de vous et de vos proches.