Le décret du 6 juillet 2024 précise les modalités d'application du mécanisme des Certificats de Production de Biogaz (CPB). Ce dispositif vise à accélérer la transition énergétique en favorisant davantage l’injection de biométhane dans les réseaux de gaz français. Comment fonctionne ce mécanisme ?
9 juillet 2024 à 11:55
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Le mécanisme des Certificats de Production de Biogaz est issu de l’article 95 de la loi Climat et Résilience votée en 2021. Ce dispositif a pour but d’encourager la production de biogaz en France.
Alternative verte au gaz naturel, le biogaz ou biométhane est produit à partir de déchets organiques (déchets agricoles, de stations d’épuration, etc.). Publié le 6 juillet 2024 au Journal officiel, un décret vient préciser les modalités d'application de ce dispositif. Qu’implique-t-il ?
Avant d’entrer dans les détails du mécanisme de CPB, il convient de comprendre comment fonctionne la rémunération des producteurs de biométhane à l’heure actuelle.
Aujourd’hui, comme pour le photovoltaïque, cohabitent deux mécanismes en fonction de la taille de l’infrastructure :
A partir de 2026, la manière de rémunérer les producteurs de biométhane évolue. Les fournisseurs de gaz seront soumis à de nouvelles obligations.
Le décret du 6 juillet 2024 précise les modalités d'application des CPB. Dès 2026, les fournisseurs d’énergie qui proposent du biométhane devront fournir un nombre de CPB proportionnel à leur portefeuille de clients.
Pour cela, deux choix s’offrent à deux :
Comme l’explique le site Vie-Publique, « le niveau d’obligation de restitution de certificats de production de biogaz [est] associé à des objectifs d’incorporation de biométhane dans les réseaux de gaz naturel sur la période 2026- 2028 ». Un moyen d’aller plus loin dans la transition énergétique.
La première période d’obligation s'étend de 2026 à 2028, avec des obligations croissantes chaque année :
L’EEX a été nommé gestionnaire de registre des CPB, et le ministère effectuera le contrôle des obligations.
Le décret prévoit tout de même des exceptions. Tout d’abord, l'obligation de CPB s'applique aux consommations résidentielles et tertiaires. Cela signifie que seuls les fournisseurs qui desservent ces types de clients sont concernés. Les fournisseurs n’ayant que des clients industriels ne sont pas soumis à cette obligation.
En outre, les fournisseurs dont les livraisons de gaz sur une année sont inférieures à 400 GWh sont exemptés de cette obligation. Attention, ce seuil de 400 GWh sera réduit de 100 GWh chaque année (accentuant la hausse de la demande en certificats).
La CRE estime le prix du CPB à environ 80 €/MWh PCS pour 2026. En cas de manquement à leurs obligations, les fournisseurs feront face à une sanction financière de 100 € par certificat non fourni.
Difficile à dire. Ce qui est certain, c’est que les coûts associés aux CPB seront inclus dans toutes les offres de gaz naturel.
Dans sa délibération de décembre 2023, la CRE estime que « pour un consommateur de chauffage moyen (14 MWh/an), le surcoût annuel associé à l’introduction de ce dispositif est croissant et atteint 79€ TTC en 2028. ». Elle ne propose aucun chiffre quant à la consommation des professionnels ou entreprises.
Reste à savoir quels seront réellement les prix des CPB pour calculer l’impact sur la facture d’énergie.