Parlons d’abord des minerais présents dans les véhicules électriques avec une grande idée reçue : les véhicules électriques sont bourrés de terres rares. Aujourd’hui, seuls certains moteurs en contiennent. Ils contiennent du néodyme utilisé comme aimant permanent. De même pour les batteries qui contiennent davantage des métaux stratégiques comme le lithium et le cobalt, mais ne contiennent aucune terre rare à proprement parler.⁸ Il y a cependant un enjeu autour de l’approvisionnement de ces minerais. Tout d’abord, le minage se fait souvent à ciel ouvert, avec des produits toxiques, et contribue à la destruction d’écosystèmes.
Cependant la filière se structure énormément et la volonté européenne d’ouvrir des mines afin de réduire sa dépendance géostratégique va aussi permettre de nous faire reprendre conscience de la réalité « physique » de nos besoins et de mieux contrôler l’impact sur les écosystèmes. La France s’affaire aussi à limiter cette dépendance. Une mine de lithium pourrait ouvrir en 2027, dans l’Allier. En ramenant les impacts proches de nous, il y a fort à parier que nous aurons une vision plus juste de nos besoins parfois excessifs et des conséquences qu’ils ont sur les différents écosystèmes.
Il y a également une controverse sociale. La production et les réserves de cobalt sont concentrées en République démocratique du Congo (environ 70 % de la production mondiale). ⁹ Dans ce pays, certaines mines artisanales bafouent les droits de l’Homme et font travailler des enfants dans des conduits qui seraient inaccessibles pour des adultes. C’est un réel problème et pas si facilement solvable, car de nombreuses populations dépendent de ces revenus. Ces mines ne représentent que 5 % de la production, mais ternissent à raison l’image du cobalt congolais.
Sur les 185 kg de métaux présents dans une batterie, ce minerai représente environ 4 % du poids total.¹⁰ La réponse la plus efficace à ce problème reste l’alternative technologique. Aujourd’hui, les batteries lithium fer phosphate (LFP) s’affranchissent tout simplement de cobalt et de nickel, elles représentent près de 40 % du marché actuel, et ce, malgré leurs densités énergétiques plus faibles que les batteries nickel manganèse cobalt (NMC).
Enfin, le besoin de minerais, amené à croître, augmente notre dépendance envers des pays qui en sont producteurs et exportateurs comme la Chine qui produit 58 % de ces minerais. Il y a un enjeu géostratégique important autour de ces métaux. Cette dépendance fait écho à celle que nous avons envers les pays pétroliers pour le carburant des véhicules thermiques.
Sur le recyclage, on en convient, il y a également du progrès à faire, aujourd’hui une petite partie de ce type de métaux est recyclée et cela principalement parce que la filière n’est pas encore tout à fait mature, dû au manque de batterie en fin de vie. Les voitures électriques étant relativement récentes, la filière du recyclage nécessite un volume important pour se structurer.
Il est aussi important de noter que la durée de vie d’une batterie est importante, il n’est pas rare de voir des voitures électriques avec plus de 300 000 km au compteur, et une batterie en excellent état.¹¹
Cependant, l’Union européenne agit pour booster le secteur du recyclage. « La Commission européenne a proposé dans son projet de règlement sur les batteries des objectifs minimaux de rendement de recyclage de 65 % du poids des batteries d’ici à 2025 et de 70 % d’ici à 2030, ainsi qu’un taux minimal de récupération des principaux métaux (Co, Ni, Li, Cu). Elle introduit également un calendrier pour l’intégration de matériaux recyclés dans la fabrication de nouvelles batteries. »¹²
De plus, un passeport sera désormais lié à chaque batterie, il indiquera d’où viennent les minerais et autres composants afin d’assurer une meilleure traçabilité. Vous le voyez, l’Europe progresse sur le sujet, il faut lever les dernières barrières industrielles. À savoir qu’aujourd’hui la filière recyclage est capable d’atteindre des taux de recyclage de près de 70 à 90 % en témoigne l’exemple de l’entreprise française SNAM.¹³