Calendrier de l’avent des articles : jour 11 🎅
L’énergie nucléaire, décarbonée, apparaît souvent comme l’énergie d’avenir : plutôt simple à produire, non dépendante de la météo et avec un coût de production assez abordable. Alors est-elle l’énergie qui va tous-tes nous sauver (ou tous-tes nous détruire 😈) ? Inutile d’être si radical-e. Regardons d’un peu plus près cette énergie (attention tout de même à ne pas tomber dans le réacteur 😉).
11 décembre 2021
Lecture 4 mn
Le nucléaire vs les énergies renouvelables, en voilà un débat qui perdure… Cependant il est vrai qu’il y a plusieurs raisons de penser que le nucléaire apparaît comme une énergie incontournable du futur.
La première raison qui laisse penser que le nucléaire est une énergie d’avenir est son côté moins polluant. En effet, le nucléaire n’émet que très peu de CO₂ contrairement à ses homologues fossiles comme le charbon ou le gaz. Selon le rapport « the role of Nuclear Energy in a Low Carbon Energy Future », il est énoncé en conclusion que : « la production d’électricité nucléaire ne produit pas d’émissions de CO₂, le plus important gaz à effet de serre tenu pour responsable du réchauffement climatique. Ainsi, l’énergie nucléaire pourrait jouer un rôle essentiel dans la réalisation d’importantes réductions des émissions de CO₂ tout en assurant un approvisionnement énergétique fiable et abordable ».
De telles affirmations peuvent donc mener à la certitude que le nucléaire va permettre de rester sous la barre des 1,5°C d’ici à 2050.
Par ailleurs, le nucléaire est aussi très en vue pour sa capacité à être une énergie capable de nous mener vers l’indépendance énergétique.
Selon l’OCDE « Le nucléaire est un mode de production d’électricité concurrentiel présentant une forte densité énergétique et une faible sensibilité aux variations des prix de la matière première, l’uranium, contrairement aux technologies brûlant des combustibles fossiles. Les ressources d’uranium sont également bien réparties dans le monde, certains pays de l’OCDE comme l’Australie, le Canada et les États-Unis en détenant de fortes proportions ». Le nucléaire permet donc à la France de se prémunir des aléas géopolitiques et autres menaces extérieures pour l’approvisionnement en énergie.
C’est un fait, selon Eurostat, la France paie son électricité moins cher que ses voisins européens. Pourquoi ? Car selon le Trésor, c’est le nucléaire qui permet ça. En effet, sa prédominance dans notre mix énergétique permet des coûts de production plus faibles et donc une facture d’électricité moins salée à l’arrivée pour les Français-es (via le dispositif de l’ARENH qui permet à tout citoyen-ne de bénéficier d’une part de sa fourniture à prix régulé de 42 €/MWh, quel que soit son fournisseur).
Bon maintenant qu’on a vu les 3 principales raisons pour lesquelles on peut penser que le nucléaire est une énergie d’avenir, voyons maintenant pourquoi ces trois arguments ne suffisent pas. 😉
On a tous-tes entendu parler des déchets nucléaires ultimes, ceux que l’on ne peut pas recycler et qui pour l’instant sont stockés dans des usines prévues à cet effet, car nous n’avons pas encore trouvé de solution concrète pour les traiter. Ces déchets vont rester radioactifs et dangereux durant des milliers d’années.
Comme l’a démontré la situation à Fukushima, le risque zéro n’existe pas : nous ne sommes pas à l’abri d’un accident nucléaire, qu’il soit dû à un phénomène naturel extrême non prévu dans la conception, aux conséquences d’une malveillance ou autres.
L’accident nucléaire n’est donc pas à écarter complètement même si cette menace peut sembler lointaine, voire inexistante.
Non le nucléaire n’est pas nécessairement moins cher que les sources renouvelables qui servent à produire de l’électricité.
Il faut distinguer ici le nucléaire existant et le nouveau nucléaire :
Face à cela, les coûts des énergies renouvelables ont décru de manière impressionnante. Aujourd’hui, les appels d’offres CRE pour l’éolien terrestre et les parcs photovoltaïques au sol ont ainsi fait émerger des niveaux de prix autour de 50 à 60 €/MWh, et même 44 €/MWh pour l’éolien en mer à Dunkerque. Dans les pays d’Europe du Sud, le solaire au sol atteint même des coûts de 10-20 €/MWh !
Cependant il faut tenir compte du coût d’adaptation des réseaux et du développement de flexibilités pour l’intégration des énergies renouvelables.
En ce qui concerne le système électrique français, on peut retenir des scénarios de RTE que :
En conclusion : le nucléaire n’est pas la panacée, car c’est une technologie qui présente des risques spécifiques. De plus, d’un point de vue économique, bien que le nucléaire soit un socle pilotable sur lequel le développement des énergies renouvelables peut s’appuyer efficacement, à plus long terme, la question du remplacement du parc se posera et rien n’est moins sûr quant au fait que le nouveau nucléaire soit la bonne solution…