C’est un secret pour personne, les pays développés ont, durant des années, éloigné le problème en expédiant la majorité de leurs déchets en Afrique ou en Asie par exemple. Cependant, éloigner un problème ne le résout pas mais a davantage tendance à l’amplifier et nous allons voir ensemble pourquoi.
26 février 2020
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Il faut savoir que, chaque année c’est 300 millions de tonnes de plastique qui sont produites (ça fait beaucoup de bouteilles) selon WWF et on ne se parle que des déchets plastiques.
Pour le traitement des déchets, les pays développés ont deux options : l’incinérateur ou la décharge. Et les décharges sont souvent dans des pays à l’autre bout du monde. C’est pourquoi, jusqu’en 2018, la plupart des déchets étaient envoyés en Chine. Dernièrement, la Chine a décidé de ne plus accepter les déchets venus d’occident. Plusieurs pays d’Asie du Sud-Est avaient accepté d’accueillir les déchets, mais en raison de leur quantité, ils commencent à se désister tour à tour et même à retourner les déchets à l’envoyeur. On vous explique pourquoi.
La Chine : longtemps, elle a accepté les déchets du monde entier. En janvier 2018, elle invoque la raison écologique et décide d’interdire l’importation sur son territoire de 24 catégories de déchets solides dont certains plastiques, papiers et textiles. Les pays expéditeurs ont été dans l’obligation de trouver des alternatives pour tous les déchets à faible valeur, de mauvaise qualité, voire tout simplement non recyclables. La Chine ayant délocalisé une partie de ses entreprises de recyclage vers la Malaisie, de nombreux déchets ont donc été réacheminés vers celle-ci en sachant que les capacités de recyclage sont bien inférieures aux arrivages, et des localités se sont retrouvées submergées par les déchets.
La Malaisie : submergée donc par les déchets, cette dernière a pris la décision le 20 janvier 2020 de réacheminer 150 conteneurs remplis de quelques 3 737 tonnes de déchets. Parmi ces conteneurs, 43 ont été renvoyés à la France, 42 vers le Royaume-Uni, 17 vers les États-Unis et 11 vers le Canada. Mais la Malaisie ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, elle prévoit de renvoyer prochainement encore 110 conteneurs, dont 60 vers les États-Unis. À juste titre, la Malaise ne souhaite pas devenir la « décharge des pays développés ». Ces derniers ont même dû payer le retour des déchets en collaboration avec les compagnies maritimes.
Les Philippines : fin juin 2019 et à la suite d’un contentieux long de 6 ans entre Ottawa et Manille (il avait débuté en 2013), les Philippines ont renvoyé un cargo transportant 69 conteneurs de déchets au Canada. En effet, ces derniers devaient exclusivement contenir des déchets plastiques recyclables alors qu’en réalité ils contenaient des déchets de toutes sortes dont des ordures ménagères et des couches en train de pourrir depuis 6 ans dans des ports philippins, bien qu’une partie des déchets ait pu être traitée sur place.
Voici un exemple de déchets compactés expédiés à l'autre bout du monde :
Le Cambodge : en juillet 2019, une opération de contrôle sur le port de Sihanoukville met en lumière 1600 tonnes de déchets plastiques illégaux. 70 des conteneurs venaient des États-Unis et 13 du Canada. Les conteneurs vont donc être renvoyés à l’expéditeur.
Le Sri Lanka : les autorités, alertées par une puanteur persistante vers le port de Colombo, décident d’aller regarder de plus près. Après investigation, ils tombent sur des conteneurs expédiés depuis le Royaume-Uni contenant des déchets biomédicaux d’hôpitaux et de morgues illégalement importés. En effet, l’importateur sri-lankais avait présenté ces conteneurs comme contenant des déchets destinés au recyclage. Parmi les déchets retrouvés, des organes humains y figuraient sans avoir été déclarés ce qui est une violation des lois internationale sur le transport des déchets dangereux. 111 conteneurs vont être renvoyés au Royaume-Uni. Cependant, il y avait, au total, 241 conteneurs litigieux et 130 d’entre eux ont été déplacés dans une zone franche à proximité du port où ils traînent toujours en contaminant l’air et l’eau de la zone.
L’Indonésie : le dernier pays d’Asie du Sud-Est à fermer ses portes aux déchets. Début juillet, huit conteneurs qui devaient ne contenir que des papiers recyclables sont saisis à Surabaya, deuxième ville du pays. En réalité, ces conteneurs contenaient des bouteilles en plastique, des emballages, des couches usagées, des déchets électroniques et des canettes. Les autorités annoncent donc le retour vers l’Australie de 210 tonnes de déchets non conformes.
Le 29 juillet, l’Indonésie renvoie vers la France et Hong Kong sept conteneurs de déchets illégalement importés contenant des déchets ménagers et plastiques ainsi que des matériaux dangereux en violation des règles d’importation.
Enfin, les autorités attendent de renvoyer 42 autres conteneurs vers les États-Unis, l’Australie et l’Allemagne.
En France, nous produisons et consommons beaucoup de plastique, mais il est bien connu que nous ne traitons pas les déchets plastiques et préférons les envoyer à l’autre bout du monde dans les pays en voie de développement asiatiques et, à juste titre, ils ne souhaitent plus être notre décharge.
Éloigner (temporairement) le problème ne peut plus fonctionner aujourd’hui, car envoyer les déchets dans les océans ou les pays en voie de développement n’est pas une solution durable. À Brantas, par exemple, 80% des poissons contiennent du micro plastique. Et pour notre bien-être à tous il est important de respecter la faune et la flore c’est pourquoi il est maintenant temps de se tourner vers des solutions plus durables et respectueuses de l’environnement.
À ce propos, pas la peine de faire partie des décideurs ou du gouvernement pour agir, chaque petit acte compte ! Alors si vous avez envie par exemple de réduire vos déchets vous pouvez commencer par utiliser un tote-bag à la place des sacs plastiques pour vos courses, prendre vos propres tupéroirs dans les restaurants lorsque vous commandez à emporter. Vous pouvez également utiliser une éponge et un torchon au lieu d’utiliser de l’essuie-tout. Vous pouvez même pousser l’expérience en fabriquant votre éponge avec des habits passés de mode type leggings élastiques ou vieux tee-shirt. On appelle cela les tawachis (on parie que vous en avez déjà entendu parler ?). Tous ces petits gestes sont simples, peu contraignants et, à grande échelle, jouent un rôle prépondérant. Et si vous voulez aller encore plus loin vous pouvez opter pour un fournisseur d’énergie renouvelable. Comme le dit si bien Aragorn, « il y a toujours de l’espoir » et c’est ensemble que nous y arrivons. On a besoin de vous 😉.