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Une inondation dans une ville.
Une inondation dans une ville.

Le rôle du changement climatique dans les inondations

Les inondations font malheureusement l’actualité. Pas une semaine ne passe sans une de ces catastrophes naturelles dans le monde. Un phénomène particulièrement visible en cette année 2024. Il semble donc que les alertes des experts-es du climat se réalisent avec une augmentation substantielle des inondations ces dernières années. Selon le Met Office (l’agence météorologique britannique), un désastre naturel qui se produisait tous les 50 ans en 1850 se produit tous les 5 ans de nos jours !


Alors, comment le réchauffement climatique peut-il expliquer les inondations qui frappent le monde de plus en plus fréquemment ? Éléments de réponse.

En résumé


2024, une année marquée par les inondations

Pas besoin de remonter le temps jusqu’en janvier pour démontrer l'omniprésence de ces catastrophes naturelles dans nos vies désormais. Entre octobre et novembre 2024, le monde a connu des inondations graves, et parfois même, meurtrières, une des conséquences du dérèglement climatique.

  • Dès octobre, le centre de l’Europe est en proie à des inondations à cause d’une tempête qui a provoqué des crues du Danube. La Slovaquie, l’Allemagne, l’Autriche et la Hongrie sont touchées. La capitale de la Slovaquie, Bratislava, a même vu le niveau du Danube passé au-delà des 9 mètres au lieu de 3 à 4 mètres, établissant un nouveau (triste) record et provoquant des évacuations et des dommages sur les infrastructures de la ville. Ces inondations sont les plus importantes depuis plus de 20 ans, selon les experts-es locaux.
  • En France, ce sont 37 départements qui ont été placés en vigilance jaune. Début novembre, c’est la Haute-Corse qui est passée en vigilance orange pour cause de fortes pluies entraînant des inondations. Dans le même temps, l’Aude et l’Hérault sont aussi menacés par de très fortes précipitations (jusqu'à 120 mm).
  • A Cuba, près de 66 000 personnes sont évacuées lors d’un épisode de fortes précipitations après passage de l’Ouragan Oscar, les autorités craignant des submersions en conséquence. Et cela n’a pas manqué puisque des infrastructures et des terres agricoles ont été abîmées.
  • Récemment, les inondations meurtrières dans la région de Valence, en Espagne, ont fait la Une des journaux et pour cause, car elles ont causé des dégâts humains dramatiques, sans même mentionner les dommages matériels, qui se comptent en milliards. La gestion de cette catastrophe naturelle est vivement critiquée par les habitant-e-s, à raison, puisque les dirigeants, climatosceptiques, ont ignoré les mises en garde de l’AEMET (l'Agence météorologique d'Espagne).

🌍 Aucun pays n’est épargné par les conséquences du réchauffement climatique !

Et les années précédentes ?

🔎 On pourrait croire cette année exceptionnelle, il n’en est malheureusement rien.

En 2022, le Pakistan était touché par des inondations parmi les plus importantes de son histoire. Les préjudices se comptent en dizaines de milliards de dollars et on estime à plus de 30 millions les personnes ayant été touchées par cette catastrophe.

En 2023, c’est le Soudan qui subit des inondations affectant plus de 146 000 personnes dans un pays déjà marqué par des problèmes économiques et politiques.

En Europe, ces calamités météorologiques sont récurrentes, on peut notamment mentionner les inondations de novembre 2023 en France, où près de 200 communes ont été impactées.

L’Amérique du Nord n’est pas en reste avec les inondations en Californie qui ont provoqué des dommages matériels en 2023. 


La fréquence comme la puissance des inondations semblent donc augmenter si l’on en croit les études scientifiques. Le changement climatique joue un rôle déterminant dans l’augmentation de ces phénomènes. Comment et pourquoi ? C’est ce que nous allons voir maintenant.

Et le rôle du changement climatique là-dedans ?

Si les plus climatosceptiques ne peuvent nier que les inondations de grande ampleur existent, c’est leur origine qu’ils discutent. Le réchauffement climatique n’aurait aucune incidence sur le changement de fréquence et de puissance des catastrophes naturelles, telles que les inondations. Pourtant, quand on y regarde de plus près, le rapport de cause à effet semble évident et est mis en lumière par les études du GIEC notamment.

🧊 La fonte des glaces : visible grâce aux photos avant/après de nos sommets enneigés et des calottes glaciaires, la fonte des glaces entraîne une augmentation générale du niveau de la mer. Cela met en péril les zones côtières (souvent très habitées) qui doivent faire face à des inondations encore plus dangereuses, lors des tempêtes et des marées hautes. Des pays comme les Pays-Bas ou l’Indonésie sont particulièrement affectés par cette hausse du niveau de la mer. 

🌧️ L'augmentation des précipitations : Plus notre atmosphère est chaude, plus l’évaporation de l’eau est grande. Or, cette eau ne rejoint pas l'île aux enfants de Casimir une fois dans l'atmosphère, elle retombe sous forme de précipitations. Plus l’eau s'évapore, plus les précipitations seront importantes. Ce sont ces pluies intenses qui sont l'une des principales causes des crues et des inondations dans le monde.

Modification des climats locaux : dans certaines régions, le dérèglement climatique (qui n’est pas le changement climatique) provoque un changement dans les saisons. Les moussons d’Asie peuvent durer moins longtemps et concerner un pays plutôt qu’un autre, qui sera alors sous les eaux. Ce changement dans les régimes de précipitations sur la planète entraîne des épisodes extraordinaires et plus imprévisibles qui se traduisent par des précipitations extrêmement conséquentes.


🌊 Augmentation des phénomènes climatiques extrêmes : le rôle du changement climatique dans la puissance des évènements naturels extrêmes est illustré dans une récente étude du World Weather Attribution. Celle-ci tend à démontrer que les précipitations associées aux tempêtes sont 20 % plus intenses par rapport à l’ère pré-industrielle. Plus encore, si l’on garde la trajectoire actuelle du réchauffement climatique (qui devrait atteindre + 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle d'ici 2040), la puissance des phénomènes météorologiques extrêmes devrait continuer d’augmenter d’environ 4 % d’ici à 2050.

À lire aussi :

Réchauffement climatique 2050 : à quel changement doit-on s’attendre ?

🅿️ Le tout-béton a ses désavantages ! En effet, les forêts, les marais et autres prés jouent un rôle déterminant dans l’absorption des eaux de pluie. Plus il y a de béton (ou moins il y a de nature) et plus l'absorption de l’eau par les sols est difficile. Nos belles routes sont donc pratiques pour rouler, pas pour réguler les précipitations toujours plus fortes et soudaines ! Les zones végétalisées permettent ainsi de retenir l’eau et de diminuer le début d’une éventuelle inondation. Des zones de régulation qui sont grignotées au quotidien par l’humanité. 

Le réchauffement climatique joue donc un rôle déterminant dans les inondations que nous connaissons. Plusieurs facteurs s'additionnent ainsi pour permettre un dérèglement des pluies saisonnières, une hausse des précipitations liées aux tempêtes, et une intensification des pluies. En raison des épisodes plus brutaux et récurrents, les conséquences s’en font ressentir partout autour de la planète, surtout en cette fin d’année 2024.

Sources :

https://www.who.int/europe/fr/news/item/18-09-2024-heavy-rainfall-is-causing-rivers-to-burst-their-banks--leaving-huge-swathes-of-central-europe-reeling

https://www.semanticscholar.org/paper/Les-principaux-enseignements-du-6e-rapport-du-du-M%C3%A9lia/ed8e178770a2fd11852bd5ef2e5082a9232d0341 

https://mcusercontent.com/854a9a3e09405d4ab19a4a9d5/files/175d4d70-ef97-04fc-18c1-ec4b727e2ac2/Scientific_Report_UK_Storms.pdf  

https://www.sciencedaily.com/releases/2024/08/240821124422.htm 

https://www.worldweatherattribution.org/autumn-and-winter-storms-over-uk-and-ireland-are-becoming-wetter-due-to-climate-change/

https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg1/ 

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