Pourquoi les prix de l’électricité montent ? Qui décide ? Comment ça marche ? Quelles raisons expliquent ces augmentations ? On vous en dit un peu plus !
Vous le savez, depuis des années, le prix de l’électricité augmente régulièrement. Généralement, le 1er janvier ou le 1er août, les acteurs publics annoncent une augmentation du prix de l’électricité de 2, 3 voire 5% ou plus.
Pour les consommateurs évidemment, ce n’est pas une bonne nouvelle : quand on paye son électricité plus cher, ça se ressent forcément sur le niveau de vie et sur le pouvoir d’achat. Parce que les dépenses d’électricité, ce n’est pas simple à réduire ! Quand on se chauffe à l’électricité par exemple, on peut difficilement descendre le thermostat en-deçà d’un certain seuil.
Alors de plus en plus se posent la question : mais au juste, pourquoi les tarifs de l’électricité augmentent ? Pourquoi dit-on qu’il faut s’attendre à ce que les prix augmentent encore dans les prochaines années ? À quoi sert tout l’argent de ces augmentations ? On vous explique un peu tout ça.
30 janvier 2020
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D’abord, il faut préciser une chose : en France, il existe deux types d’offres accessibles aux particuliers pour l’énergie. D’abord, ce que l’on appelle les Tarifs Réglementés de Vente. Ce sont des tarifs fixés par les gouvernements sur proposition de la CRE (Commission de régulation de l'énergie). Les TRV, ce sont les tarifs encadrés par les acteurs publics de l’électricité produite par EDF, le fournisseur historique.
Ils sont calculés par « empilement des coûts », c’est-à-dire en additionnant les différents coûts de production de l’électricité (les coûts d’approvisionnement, le coût du « complément de fourniture » d’électricité, les coûts de commercialisation, les coûts d’acheminement et les taxes…). En moyenne, les TRV sont décomposés en trois gros tiers : un tiers pour les coûts liés au réseau (coûts d’acheminement), un tiers pour les coûts liés à la fourniture (coûts de production et de commercialisation de l’électricité) et un tiers pour les taxes (TVA, CTA, TCFE...).
Ensuite, en dehors des TRV, il y a les “offres de marché”, qui sont proposées par les fournisseurs d’énergie alternatifs, comme Ekwateur. Ces offres sont fixées librement par les fournisseurs, et très souvent, c’est moins cher que les TRV !
Le plus souvent, lorsqu’on parle de la hausse des tarifs de l’électricité, il s’agit de la hausse des TRV. Et lorsque les prix réglementés de l’électricité augmentent, c’est donc parce que la CRE recommande au gouvernement d’augmenter les TRV. Dans ce cas-là, tous les clients qui ont souscrit à une offre adossée aux TRV voient leur facture augmenter. Mais alors, pourquoi la CRE décide-t-elle d’augmenter les prix de l’électricité ?
Il y a plusieurs raisons à l’augmentation des prix de l’électricité réglementés (les TRV). L’une de ces raisons est l’augmentation des diverses taxes pesant sur les acteurs du marché de l’électricité.
Par exemple, la CSPE (ou Contribution au Service Public de l’Électricité), qui sert notamment à financer le soutient aux énergies renouvelables, augmente chaque année depuis 2011. Mais les autres taxes pesant sur l’électricité augmentent aussi parfois : la CTA (Contribution Tarifaire d’Acheminement de l’électricité), qui finance les caisses de retraite des professionnels de l’énergie, la TCFE (Taxe sur la Consommation Finale d’Électricité) qui finance les municipalités et les départements…
Les TRV augmentent aussi lorsqu’il y une hausse des coûts de production de l’électricité. C’est assez logique : la CRE définit les prix de l’électricité à un moment donné en fonction des différents coûts de production. Mais si ces coûts se mettent à augmenter, alors forcément, la CRE va faire augmenter les TRV vont augmenter pour s’ajuster.
Par exemple, s’il est de plus en plus cher d’entretenir les réseaux de distribution de l’électricité, parce que la main d’œuvre coûte plus cher ou parce que les conditions climatiques l’endommagent de plus en plus souvent, alors le coût et donc les TRV de l’électricité vont augmenter. Concrètement, régulièrement EDF, les gestionnaires des réseaux d’électricité et les Entreprises Locales de Distribution exposent à la CRE la hausse ou la baisse de leurs coûts. En fonction des informations transmises, la CRE construit des propositions de hausses des TRV transmises aux ministres de l’Économie et de l’Énergie. C’est sur le même principe que la hausse des coûts des gestionnaires est transcrite dans le TURPE (Tarif d’Utilisation du Réseau Public d’Électricité).
Selon la CRE, entre 2007 et 2016, les augmentations des tarifs de l’électricité sont principalement liées à la hausse des coûts d’investissement (+12,9 %/an sur la période 2012-2016, +15,8 %/an sur la période 2007-2012) et la hausse des coûts d’exploitation (+1,5 %/an sur la période 2012-2016, +5,1 %/an sur la période 2007-2012).
Pourquoi ces hausses ? Pour les investissements, c’est en grande partie pour l’entretien et l’amélioration du parc nucléaire historique, notamment parce que les exigences de sécurité ont été relevées après l’accident de Fukushima. Il a donc fallu investir pour améliorer les infrastructures. Mais ces dernières années, d’autres facteurs ont fait monter les coûts de production de l’énergie : augmentations d’achats d’énergie et de combustible (+15 %), des impôts et taxes (+8,7 %) et des charges de personnel (+5,3 %)... En gros, ça coûte de plus en plus cher, car tout coûte plus cher : le pétrole, les salaires, les taxes…
Mais depuis 2016, l’augmentation des TRV est aussi liée aux divers mécanismes garantissant la concurrence sur le marché de l’électricité, et notamment le mécanisme de l’ARENH. En effet, pour garantir la libre-concurrence entre les fournisseurs, la France a créé un mécanisme nommé ARENH (Accès Régulé à l’Énergie Nucléaire Historique) qui permet aux fournisseurs alternatifs de se fournire en électricité auprès des centrales historiques d’EDF.
Or, ces dernières années, le plafond d’énergie attribuable via l’ARENH est régulièrement dépassé, ce qui oblige mécaniquement à faire augmenter les TRV pour couvrir les frais supplémentaires engendrés par l’achat d’énergie par les fournisseurs sur les marchés de gros.
C’est ainsi que, dans sa délibération de février 2019, la CRE concluait qu’une majorité de la hausse de 5.9% des TRV était liée au rationnement de l’ARENH et à l’intégration des coûts du complément d’approvisionnement sur le marché.
Et forcément, entre les taxes, les coûts de production, le mécanisme ARENH, tout ça se ressent sur les TRV.
Concernant les autres offres d’électricité, qu’on appelle les offres de marché, où en est-on ? Augmentent-elles ?
Pour rappel, le prix des offres de marché est fixé librement par les fournisseurs en fonction du prix de l’électricité sur les marchés. Et dans certains cas, il s’agit d’un prix “variable”, qui s’ajuste en fonction de l’offre et de la demande sur le marché de gros de l’électricité. Chaque fournisseur est libre d’augmenter ou non ses prix.
Comme sur n’importe quel marché, l’électricité est vendue à un prix qui dépend de l’offre et de la demande. Si beaucoup de producteurs produisent de grandes quantités d’énergie facilement, il y a des chances que les prix baissent. Inversement, si les producteurs ont plus de mal à produire de l’énergie à un coût faible, alors cela peut faire augmenter les prix de l’électricité. Alors forcément, quand un fournisseur d’énergie achète de l’énergie sur ces marchés, il l’achète parfois à un certain prix, parfois plus cher, parfois moins.
Là encore, l’augmentation des prix de gros de l’électricité peuvent avoir plusieurs causes : parfois, ce sont des évènements ponctuels. Une canicule, par exemple, qui oblige à fermer des centrales nucléaires, des vents mauvais qui réduisent la production d’énergie éolienne, trop peu de soleil pour faire produire les panneaux photovoltaïques… L’augmentation des coûts d’entretien ou d’exploitation, ou d’acheminement peuvent aussi être en cause. Sur le marché : tout varie en permanence !
Alors, concernant les TRV et les offres de marché, doit-on s’attendre à des augmentations du prix de l’électricité ? Eh bien oui. Selon un rapport de la Commission Sénatoriale sur le Prix de l’Électricité, les coûts de production de l’électricité devraient augmenter régulièrement dans toutes les filières.
Côté TRV, entre les coûts d’entretien et de ravalement des infrastructures et ceux du déploiement des nouveaux EPR, on peut s’attendre, selon la Commission du Sénat, à des augmentations régulières dans les prochaines années. Il faudra aussi à terme y ajouter le coût de la gestion des déchets radioactifs, et tout ça devrait mener à des augmentations des TRV. Et il faudrait aussi ajouter la hausse des tarifs d’approvisionnement probable liée au mécanisme ARENH, qui aura un impact sur les TRV.
Du côté des offres de marché, on ne peut pas réellement prévoir, mais là encore la tendance est plutôt à la hausse. D’après le rapport de la CRE sur le marché de gros de l’énergie, depuis 3 ans, les prix sur les marchés européens sont en hausse constante. Et la tendance ne devrait pas s’arrêter tout de suite, tout simplement car les coûts de production sont en augmentation.
La seule bonne nouvelle dans tout ça, c’est que du côté des énergies renouvelables, les prix sont plutôt à la baisse. Depuis des années, les coûts d’installation et d’exploitation des énergies éoliennes ou solaires sont en baisse. On peut donc espérer que cela traîne les prix vers le bas, ou du moins que cela ralentisse la hausse. En attendant, si l’on en croit le médiateur de l’énergie, les prix de l’électricité vont continuer à augmenter.
Une bonne raison de devenir un consommateur d’énergie plus responsable, en se tournant vers des fournisseurs alternatifs, comme Ekwateur, qui propose les tarifs les moins élevés possibles pour une électricité renouvelable et du gaz renouvelable.