Il se pourrait bien que l’objectif 2030 de décarbonation de l’électricité européenne ne soit pas atteint. Ce 9 novembre dernier, le site Ember-Climate a publié un rapport, dans lequel selon ses estimations, 7 pays de l’Union Européenne pourraient bien le compromettre. Ne crions pas avant d’avoir mal, voyons ensemble ce qu’il en est, ainsi que les potentielles solutions pour contrer ces prévisions.
19 novembre 2020
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Un peu d’histoire pour commencer...
L’accord de Paris est le premier accord mondial au sujet du climat et le réchauffement climatique et est entré en vigueur le 4 novembre 2016. 195 pays sur 197, connus de l’Organisation de Nations Unies, se sont engagés sur l’accord de Paris sur le climat.
Ces accords ont pour but de contenir le réchauffement en le limitant à un niveau inférieur à 2°C voire de 1,5°C. Tous les pays signataires ont donc pour obligation de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). Leurs résultats seront accessibles et compréhensibles par tous sur le site de la commission européenne.
L’objectif de l’Europe est de diminuer ses émissions carbones de 55% d’ici 2030, comparé à 1990. Le Parlement européen compte même rehausser cet objectif et les faire baisser de 60%.
Le think-tank Ember a donc récemment étudié la décarbonation de la production d’électricité de l’Europe dans l’optique de savoir si nous sommes en bonne voie pour 2030.
Selon le think-tank, d’ici 2030, la production d’électricité renouvelable devrait doubler pour couvrir près de 60% de la demande d’électricité de l’Union Européenne. Le solaire et l’éolien fourniront au moins 40% des besoins en électricité de l’UE en 2030. Cependant, tous les pays ne sont pas égaux sur le déploiement des énergies renouvelables. La Bulgarie, la Tchéquie et la Roumanie prévoient par exemple une croissance de l’électricité renouvelable plus lente que ces dix dernières années. Cela veut tout simplement dire que certains pays n’auront pas la même part d’énergie renouvelable que les autres d’ici 2030.
Le solaire et l’éolien sont, à l’heure actuelle, les méthodes de production électriques qui polluent le moins, en plus d’être les moins chers en termes de coûts. Malheureusement, d’après les NECPs (National Energy and Climate Plans) d’ici 2030, un grand nombre de gouvernements n’accorderont qu’un rôle mineur au solaire et à l’éolien dans la production d’électricité. Les déploiements de l’éolien et du solaire sont donc insuffisants pour réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990.
La commission européenne et Climact en sont venus à identifier un besoin de 1 500TWh de production d’électricité à partir de l’énergie éolienne et solaire d’ici 2030 pour atteindre l’objectif. Ce qui signifie d’augmenter d’un tiers, soit de 25 TWh/an, le déploiement annuel de l’éolien et du solaire par rapport aux plans actuels des NECPs.
Selon Climate, le bois ne représente pas une grande opportunité de décarbonation à moins qu’il ne s’agisse de déchets. Là encore le problème se pose au niveau de la disponibilité trop incertaine pour que cela puisse aider à atteindre les objectifs. De plus, le rapport nous indique également que le classement des pays qui œuvrent pour une électricité plus verte est porté essentiellement par l’éolien et le solaire.
La biomasse est donc un peu délaissée et selon Climact toujours, devrait servir pour des secteurs beaucoup plus durs à décarboner comme par exemple certaines filières industrielles.
Les centrales nucléaires sont des sources d’électricité à zéro émission de carbone (enfin, si on n’intègre pas les émissions de CO₂ liées à leur construction, leur entretien et leur démantèlement) cependant elles ne sont pas renouvelables. Encore une fois, selon les NECPs, l’électricité totale produite par des centrales nucléaires devrait baisser d’environ 19% d’ici 2030. La baisse la plus importante se fait en Allemagne, car d’ici 2022, les centrales doivent être supprimées. Ce n’est pas le cas de tous les pays de l’Union Européenne, comme par exemple en Finlande et en Hongrie qui visent une augmentation du nucléaire.
Toujours présents, les combustibles fossiles devraient d’ici 2030 produire 25% de l’électricité Européenne avec une chute de 30% par rapport à 2018, toujours selon les NECPs.
La Pologne et la Belgique ne jouent pas le jeu, et seraient responsables de plus de la moitié de la production d’électricité par combustion d’énergies fossiles en 2030. De plus, la Pologne, la Tchéquie et la Bulgarie auront toujours des parts élevées de charbon dans leur production d’électricité.
La production d’électricité à partir de charbon ne devrait diminuer que de moitié d’ici 2030. 90% de la production d’électricité restante, à partir du charbon, devrait provenir de l’Allemagne, de la Pologne et de la Tchéquie et aucune réduction n’est prévue de la part de la Pologne, de la Tchéquie et de la Bulgarie. Pour que les objectifs des accords de Paris soient respectés et pour limiter la hausse de la température mondiale à 1.5°C il est impératif que tous les pays de l’UE éliminent le charbon d’ici 2030.
Pour ce qui est du gaz naturel, on ne devrait pas vraiment voir de progrès d’ici 2030. Néanmoins, de fortes augmentations sont attendues en Allemagne et en Italie jusqu’en 2025. Et oui, ils compensent la réduction de la production au charbon.
D’ici 2030, l’Allemagne, la Pologne, l’Italie et la Tchéquie seront responsables d’environ 70% de toutes les émissions provenant de l’UE (et on ne parle pas ici de ce qui est diffusé à la télé). Pour vous donner un ordre d’idée, l’Allemagne et la Pologne représenteront à eux seuls plus de la moitié des émissions totales de l’UE en 2030.
Selon les NECPs, la Pologne, la Tchéquie, la Bulgarie et l’Allemagne possèderont les réseaux électriques les plus polluants de l’Union Européenne en raison de leur dépendance aux combustibles fossiles.
Tout d’abord, que l’UE n’est clairement pas sur la bonne voie pour atteindre son objectif de limiter le réchauffement de la planète à un niveau de 1,5°C. En effet, 7 pays responsables de 80% des émissions du secteur électrique d’ici 2030 l’y contraignent.
Des progrès limités ou inexistants : Les NECPs de la Belgique, la Bulgarie, la Tchéquie, la Roumanie et de la Pologne indiquent des progrès limités ou inexistants quant au déploiement de l’énergie renouvelable dans le secteur de l’électricité.
Des progrès lents : les NECPs de l’Allemagne et de l’Italie indiquent une progression lente durant les dix prochaines années ce qui est plutôt préoccupant au vu de leur forte demande en électricité.
Pour atteindre ses objectifs, l’Europe devra renforcer et intensifier ses objectifs et réaliser des progrès au niveau de ces 7 pays, notamment en développant et en augmentant l’éolien et le solaire.
Nous ne sommes pas encore en 2030, alors il est encore temps de changer ! 😊 Nous pouvons tous agir à notre niveau. Plus nous serons nombreux à demander de l’énergie renouvelable tel que du biométhane ou encore de l’électricité verte, plus cela favorisera le développement des outils de production. 💪