Aujourd’hui nous avons eu la chance de pouvoir échanger avec Myriam Beaupied, Chargée de Marketing & RSE au sein de l’entreprise RES. Cette dernière est la plus grande entreprise indépendante d’énergie renouvelable au monde. Elle est implantée dans 10 pays et s’active dans les domaines de l’éolien terrestre et offshore, du solaire, du stockage et de la transmission et distribution d’électricité.
Aujourd’hui Myriam nous en dit plus sur le fonctionnement de l’énergie éolienne et du parc éolien de Claves qui fait partie de l’une de nos petites centrales de production.
20 décembre 2021
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Myriam : Bonjour, bien sûr, le principe de fonctionnement de l’énergie éolienne est relativement simple : le vent fait tourner des pales qui font elles-mêmes tourner le multiplicateur qui entraîne le générateur à l’intérieur de l’éolienne. À son tour le générateur transforme l’énergie mécanique du vent en énergie électrique. L’électricité produite par l’éolienne est alors dirigée vers le réseau électrique. Simple non ? Voici un petit schéma qui pourrait vous aider à mieux comprendre.
Myriam : Tout d’abord, il faut savoir qu’un parc éolien est constitué de plusieurs éoliennes (espacées de quelques centaines de mètres) toutes connectées entre elles par un réseau interne électrique souterrain. Ce dernier achemine l’électricité que produisent les éoliennes vers le poste de livraison qui est raccordé au réseau public. L’électricité est ensuite injectée à travers un câble enterré jusqu’au poste source sur le réseau électrique, puis distribuée aux consommateurs.
Le fonctionnement est donc le même pour toutes les centrales. Et voilà encore un petit schéma pour mieux comprendre :
Myriam : Ce parc éolien se situe sur la commune de Roussas, dans la Drôme, à environ 340 m d’altitude sur le Plateau de l’Argelas balayé toute l’année par le Mistral. Le parc est composé de 6 éoliennes Vestas (fabricant d’éoliennes) pour une puissance globale de 10,5MW. Le parc éolien de Claves permet d’économiser environ 11 572 tonnes de CO₂ par an et alimente en électricité propre les besoins de plus de 12 000 personnes chaque année.
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Myriam : Le projet du parc éolien de Roussas (qui est ensuite devenu deux parcs – Claves et Gravières) a été identifié en janvier 2001. Les premiers contacts avec les élus locaux ont eu lieu en mars 2001 puis s’est enchainée la signature des accords fonciers en novembre 2001. En février 2004 le permis a été délivré pour commencer la construction en mars 2004 et finir en novembre 2005. En décembre 2005 les premiers Mégawatts ont été produits et en janvier 2006 elle rentrait en exploitation.
Le projet a fait l’objet, tout au long de son développement, d’une large concertation avec l’ensemble des intervenants sur le terrain et dès 1998, la société RES recevait un signal fort de la DIREN qui a déclaré que la zone présentait un paysage très fortement anthropisé dont l’ambiance ne sera pas déstabilisée par le projet.
Myriam : RES a travaillé pendant tout le processus de développement avec les différents acteurs du projet : propriétaires fonciers, élus locaux, DIREN (Direction Régionale de l’Environnement), DRAC (Direction Régionale des Affaires Commerciales) et les associations de protection du milieu naturel afin de calibrer le projet vers une insertion environnementale réussie tant sur le plan paysager qu’écologique. Les études environnementales (botanique, la faune et plus particulièrement l’avifaune, l’archéologie, le paysage) ont été par ailleurs entreprises pendant deux ans.
Personne ne travaille en permanence sur cette centrale mais il y a tout de même un référent, un « asset manager ». Les parcs éoliens sont reliés à un système de surveillance appelé « SMART » qui envoie des données au centre de contrôle qui gère tous les parcs éoliens que l’on exploite à Glasgow et en fonction de la problématique on envoie un technicien spécialisé sur place.
Myriam : Le site de Roussas a été sélectionné pour ses atouts techniques et environnementaux ; une absence de servitudes aériennes, la présence d’un raccordement proche, un gisement de vent conséquent, des accès pour l’acheminement des composants de l’aménagement et la présence d’infrastructures existantes.
Non, nous ne pouvons pas construire un parc éolien n’importe où, cela répond à des critères et des servitudes : le parc doit être à plus de 500m des habitations, il doit aussi respecter une certaine distance avec des sites qui peuvent être dangereux, et respecter une certaine distance avec des lignes électriques, des conduites de gaz, des routes, etc.
Il faut également regarder tous les enjeux environnementaux et paysagers ainsi que l’accessibilité du site. Un mât de mesure pour mesurer l’activité des chauves-souris est installé pendant 1 an en amont du projet.
Les enjeux environnementaux seront plus ou moins développés si le site est classé en zone natura 2000 (ce réseau rassemble les sites naturels ou semi-naturels de l’Union européenne ayant une grande valeur patrimoniale) ou s’il se trouve au milieu de zones de migration.
Il faudra ensuite avoir l’accord des propriétaires fonciers puis faire la demande d’autorisation pour obtenir le permis et enchainer sur la construction et l’exploitation du parc.
Le renouvellement du parc est prévu et nous sommes actuellement en train d’étudier les différentes possibilités qui s’offrent à nous. La durée de vie d'un parc éolien est estimée à 20 ans. Au-delà, la fiabilité technique et l'efficacité des éoliennes nécessite une maintenance complémentaire spécifique (qui peut parfois être onéreuse).
Concernant le recyclage :
Aujourd’hui, environ 90% d’une éolienne est recyclable, et ses différentes composantes sont prises en charge par des filières de revalorisation. Une éolienne est constituée à 90% d'acier et de béton, deux matières facilement recyclables. Les 10% restant concernent les pales.
Plusieurs projets de R&D sont d’ailleurs en cours pour améliorer encore davantage la recyclabilité des pales qui sont actuellement valorisées de façon thermique ou broyées pour servir à la fabrication de ciment.
Il existe plusieurs projets de recherche qui se tournent du côté des matières innovantes pour remplacer la composition actuelle par un matériau composite durable comme les thermoplastiques qui peuvent être refondus après usage.
L’objectif de la filière éolienne est sans ambiguïté, atteindre les 100% de recyclage des éoliennes le plus rapidement possible.
Pour s'occuper d'une centrale éolienne, il faut savoir s'intéresser à beaucoup de sujets différents, être un vrai couteau suisse ! Économie, biodiversité, ingénierie mécanique/électrique, gestion foncière...
Pour ma part, je viens d'un parcours management de projets environnementaux, mais il existe beaucoup de profils différents dans ces domaines (souvent bac+3 ou +5).
Un conseil : Toujours garder en tête pourquoi on souhaite faire ce travail ! L'objectif c'est aussi de soigner notre planète en produisant une énergie décarbonée.
Notre vision est simple : fournir une énergie décarbonée et abordable pour tous-tes.
Merci du fond du cœur Myriam pour toutes vos réponses pertinentes ainsi que pour votre temps ! C’était un réel plaisir d’échanger avec vous. 🥰
Nous espérons avoir de vos nouvelles et toute l’équipe Ekwateur vous souhaite une excellente continuation à vous et à votre équipe. Longue vie à la centrale éolienne de Claves ! 😊