Tout au long du XXème siècle, les réseaux énergétiques se sont développés partout dans le monde. On a construit des centrales de production, des lignes de distribution, on a raccordé les particuliers, les entreprises. L’accès à l’électricité, au gaz, à la chaleur s’est développé partout !
Et ce réseau énergétique s’est surtout développé sur un modèle centralisé : de grandes infrastructures gérées par des acteurs uniques, souvent publics. À l’époque, c’était logique : l’Etat gérait ce service public qu’était l’énergie. Il fallait investir massivement et les projets n’étaient pas forcément rentables tout de suite. Seuls les acteurs publics disposaient des moyens financiers et stratégiques pour se lancer dans le développement de ces réseaux.
En France par exemple, l’Etat a basé le réseau électrique sur la construction de centrales nucléaires, gérées par une grande entreprise publique. Tout était centralisé : la production d’énergie, la distribution… Le même modèle a été adopté un peu partout dans le monde, parfois en se basant sur les énergies fossiles (charbon, gaz) parfois dans certains pays sur les grandes infrastructures des énergies renouvelables comme l’hydro-électricité (c’est le cas au Brésil par exemple).
Mais ce modèle, qui marchait relativement bien durant les Trente Glorieuses et à l’époque de l’Etat Providence, a été progressivement remis en cause. D’abord, les coûts d’exploitation ont augmenté avec la hausse des prix des énergies fossiles et l’évolution de la conjoncture économique. Progressivement, l’Etat a voulu se désengager de ces secteurs pour réduire les dépenses publiques et passer le relai à des acteurs privés. Ensuite, l’émergence de nouvelles technologies comme les énergies renouvelables (éolien, solaire) sont apparues et ont commencé à concurrencer les vieilles infrastructures centralisées du secteur de l’énergie.
Aujourd’hui, les grandes infrastructures énergétiques sont donc dans une situation paradoxale : elles sont gérées par de grandes entités, parfois privées, parfois publiques, parfois un mélange des deux. En même temps, ces entités doivent faire face à la concurrence de nouveaux acteurs, notamment dans les énergies renouvelables, qui sont de plus en plus compétitives. L’entretien des infrastructures coûte de plus en plus cher car les grandes centrales sont complexes et vieillissantes.
Et puis surtout, ces infrastructures centralisées reposent sur des sources d’énergie qui ont de nombreux désavantages. Le charbon, le gaz ou le pétrole polluent énormément et sont les premiers contributeurs du réchauffement climatique. Ils émettent aussi des polluants atmosphériques qui sont nocifs à la fois pour l’environnement et pour la santé humaine. Les centrales nucléaires, quant à elles, comportent un risque significatif d’accident et les exemples de Tchernobyl ou Fukushima ont montré que leurs conséquences pouvaient être dramatiques.