Énergies renouvelables : un virage tardif à encourager
Selon le dernier rapport de l’ONG Oxfam France, les établissements français n’auraient pas encore totalement pris le virage des énergies renouvelables : seulement 20% des financements accordés à des projets énergétiques iraient à des sources d’énergie renouvelable. Un premier pas vers la transition énergétique à encourager.
Pourquoi les banques françaises ont-elles décidé de jouer un rôle croissant dans les énergies renouvelables ?
Il y a trois raisons à cela.
Première raison : le risque climatique est devenu un risque financier pour les majors des énergies fossiles. Le secteur du charbon, par exemple, décline depuis les années 1970 en raison d’un coût d’exploitation devenu plus élevé que le prix de vente. Aujourd’hui, la solvabilité des projets d’exploitation et des entreprises exploitant les centrales à charbon est menacée, rendant leurs capacités de remboursement trop incertaines. 4 pays du G7 ont déjà annoncé la fermeture de toutes leurs centrales au charbon d'ici 2030 : le Royaume-Uni, le Canada, l’Italie et… la France. Des groupes comme le Crédit Agricole ont emboité le pas à ce changement en annonçant leur plan de « sortie de charbon » (rendu public le 6 juin 2019) en référence au désengagement financier du secteur.
Deuxième raison : les organes de supervision bancaire ont changé les règles notamment via les fameux stress tests climatiques imposés en 2020. De quoi s’agit-il ? La Banque de France par l’intermédiaire de l’ACPR (Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution) a imposé aux banques françaises des tests de résistance pour évaluer si elles disposaient de fonds propres suffisants pour faire face à des scenarii de crise autour de leurs projets « carbonés » exposés aux risques climatiques. Le rapport conjoint de l’ACPR, de la Banque de France et de la Direction du Trésor (datant d’octobre 2019) avait mis en évidence deux catégories de risques climatiques : les risques physiques et les risques de transition. Les risques physiques correspondent à des évènements climatiques qui affectent « physiquement » les ménages et entreprises auxquels les banques prêtent de l’argent. Les risques de transition, plus abstraits, sont liés aux changements économiques et technologiques nécessaires pour réaliser la transition énergétique et qui ont un impact sur l’actif des banques françaises. L’ACPR avait estimé qu’en 2018, 12,20% des encours concernaient les secteurs les plus polluants.
Troisième raison : la demande en énergies renouvelables ne cesse de croître. Entre la Convention Citoyenne pour le Climat (Liens vers CCPC) et les demandes de diminution des gaz à effet de serre, les énergies renouvelables sont un secteur prometteur. Cette tendance n’a pas échappé aux groupes bancaires français, pionniers de la finance verte en Europe. En un sens, la part croissante de l’énergie verte dans le mix énergétique implique la diminution progressive des besoins en énergies fossiles.
Selon Moody’s, les émissions des obligations de la finance verte (les green bonds ou obligations durables) ont dépassé les 200 milliards de dollars fin 2019. Les groupes bancaires français ont visiblement changé leur fusil d’épaule dans la lutte contre le réchauffement climatique, par éco-responsabilité certes, mais aussi par appétit financier, et sous la pression du changement des règles prudentielles en faveur de la réglementation environnementale.