
Y a-t-il des panneaux solaires dans l'espace ?
Chez Ekwateur, on adore quand vous nous challengez avec des questions qui sortent de l’ordinaire. Et ce mois-ci, mention spéciale à Jeanne (👋 coucou Jeanne !), qui nous a demandé, très sérieusement :
« Y a-t-il des panneaux solaires dans l’espace ? »
Une question lumineuse, au sens propre comme au figuré. Parce que oui, on parle bien de capter de la lumière… dans le vide spatial !
Entre satellites affamés de photons, sondes ultra-efficaces et projets fous de fermes orbitales pour alimenter la Terre, on va voir ensemble que le Soleil brille aussi là-haut, et qu’on sait déjà en profiter.
Alors, accrochez vos ceintures (solaires) : la fusée Ekwateur décolle, avec Jeanne aux commandes. 🚀
5 juin 2025 à 11:30
Lecture 7 mn
En résumé
Des panneaux solaires partout dans l’espace
Quand on vous dit que le Soleil, c’est LA star de notre système… même dans le vide spatial, il continue à briller, et nos machines en profitent à fond.
Sur Terre, pour nos panneaux solaires, on cherche un bon ensoleillement, on compose avec la météo, l’inclinaison, l’heure, les pigeons... Bref, c’est jamais parfait.
Dans l’espace, en revanche, c’est open bar pour les panneaux solaires : pas d’atmosphère pour filtrer la lumière, pas de nuages, pas de nuit (en orbite géostationnaire). Le rayonnement solaire y est environ 30 % plus intense qu’au sol¹ (≈ 1360 W/m² vs ~1000 W/m² au sol), et surtout stable.
Résultat : les panneaux solaires y sont bien plus efficaces, et surtout indispensables. Car sans eux, aucune sonde, station, ou aucun satellite ne pourrait survivre.
Pas de panneaux solaires = pas de satellites qui fonctionnent
➡️ Plus de GPS pour retrouver notre chemin ;
➡️ Plus d’internet par satellite pour mater des vidéos de chats qui jouent de la cornemuse ;
➡️ Plus d’images météo pour râler sur la pluie ;
➡️ Et côté exploration spatiale ? Plus de Mars, plus de selfies de Jupiter, plus rien !
Satellites, ISS, sondes : une majorité branchée au Soleil
Pas de prise dans l’espace, pas de rallonge de 400 km, pas de plan B. Là-haut, presque tout tourne grâce à la lumière. Du satellite météo à la sonde interplanétaire, le Soleil alimente tout ce petit monde. Tour d’horizon.
- Les satellites ? Complètement accros : météo, télécom, GPS, Netflix en avion… tout ce bazar orbital carbure à l’énergie solaire².
- La Station Spatiale Internationale (ISS) ? Grosse consommatrice : avec ses 8 ailes géantes et ses 2 500 m² de panneaux, elle capte assez d’énergie pour alimenter 40 maisons… mais perchées à 400 km d’altitude³.
C’est simple : sans ses 120 kW, plus de lumière, plus d’oxygène, plus de café ou de vidéos de notre si belle planète envoyées par Thomas Pesquet (qui a retrouvé ses clefs). - La sonde Juno ? Dépendante du Soleil à 800 millions de km de celui-ci : envoyée flirter avec Jupiter (où le Soleil ressemble à une LED fatiguée), Juno tourne malgré tout à l’énergie solaire. Grâce à ses panneaux XXL, elle gratte 500 W : pas de quoi faire griller des toasts, mais assez pour étudier la plus grosse planète du système solaire⁴.
Pourquoi des panneaux solaires dans l’espace ?
Dans l’espace, le soleil est omniprésent et inépuisable. Pas de météo, pas de nuit (en orbite géostationnaire), pas de perte. C’est une source d’énergie stable, prévisible et gratuite, l’idéal pour alimenter des missions sur le long terme.
Et les autres sources d’énergie ?
🪫 Batteries : les batteries pour panneaux solaires sont essentielles… mais ne durent que quelques heures sans recharge. Elles servent uniquement à stocker temporairement l’énergie, pas à l’assurer sur la durée.
⚡️ Énergie chimique : piles ou combustion libèrent de l’énergie une fois, puis c’est fini. Elles sont trop lourdes, peu efficaces, et non renouvelables. Inadaptées aux longues missions.
☢️ Nucléaire (RTG) : utilisé pour les missions très lointaines (comme les sondes Voyager ou la sonde Cassini), lorsque le Soleil devient trop faible. Mais ces générateurs ont des inconvénients :
- ils fournissent peu de puissance (souvent < 300 W),
- ils sont coûteux à produire (isotopes rares),
- ls impliquent des contraintes de sécurité élevées (transport de matière radioactive).
Dès qu’une mission bénéficie d’un ensoleillement régulier, l’énergie solaire s’impose. C’est la seule solution qui est à la fois fiable, durable, légère et autonome. On n'a toujours pas trouvé mieux depuis.
Les technologies spatiales qui utilisent des panneaux solaires
Dans l’espace, pas question de poser un panneau solaire de toiture. Les contraintes sont extrêmes : radiations cosmiques, micro-météorites, vide, variations de température de -150 à +120° C, et des cycles jour/nuit toutes les 90 minutes en orbite basse.
Bref, il faut du solide. Des matériaux high-tech, une gestion ultrafine de l’énergie, et une fiabilité qui ne pardonne aucune erreur.
Le télescope Hubble
Le télescope spatial Hubble, lancé par la NASA en 1990, scrute l’Univers sans cligner des yeux : galaxies lointaines, supernovas, trous noirs, il a offert à l’humanité certaines des images les plus spectaculaires du cosmos. Comme cette incroyable image qui a fait le buzz en 2021 👇.

Photo : Nasa
🔋 Et pour fonctionner depuis plus de 30 ans, il a fallu un sacré système électrique embarqué.
Voici comment Hubble transforme la lumière du Soleil en science⁵ :👇
- Des cellules pas comme les autres : Les panneaux solaires spatiaux utilisent des cellules multi-jonctions, empilant plusieurs couches de matériaux comme l’arséniure de gallium.
Objectif : capter plus de spectre solaire (ultraviolet, visible, infrarouge) pour maximiser le rendement. Ces panneaux solaires offrent > 30 % de rendement, contre environ 20 % pour un panneau résidentiel classique. - Des batteries résistantes : Dans l’espace, pas question de se retrouver sans jus dès qu’on passe à l’ombre. C’est là qu’entrent les batteries nickel-hydrogène (NiH₂). Fiables, endurantes, elles supportent des milliers de cycles sans broncher.
Exemple ? Celles du télescope Hubble ont tenu 19 ans avant d’être changées en 2009. Elles prennent le relais à chaque éclipse, stockant l’énergie produite en journée pour continuer à alimenter les instruments dans l’obscurité.
🧠 La Power Control Unit (PCU) gère la répartition de l’énergie à bord via quatre unités de distribution (PDUs), qui contrôlent les instruments et protègent le système en cas de court-circuit. Lors du remplacement de la PCU d’Hubble en 2002, tout le télescope a dû être éteint, une manœuvre délicate qui s’est heureusement bien déroulée.
ROSA : des ailes solaires nouvelle génération
Les tout premiers satellites déployaient des panneaux rigides, façon ailes métalliques articulées. Aujourd’hui, place à la souplesse. ROSA (Roll-Out Solar Array)⁶ représente la dernière évolution en matière de panneaux solaires spatiaux. Il s’agit de panneaux flexibles, enroulés sur eux-mêmes, qui se déroulent en orbite comme un tapis.
Pourquoi ce choix ? Parce qu’en orbite, chaque centimètre et chaque gramme comptent.
Les avantages de ROSA :
- Gain de place : enroulés, les panneaux prennent beaucoup moins de volume dans la fusée.
- Poids réduit : ROSA est plus léger qu’un système rigide équivalent, ce qui allège la facture du lancement.
- Déploiement simplifié : pas de bras articulé complexe, tout se déroule grâce à une tension mécanique maîtrisée.
- Performance au rendez-vous : les cellules utilisées sont de dernière génération, avec des rendements comparables (voire meilleurs) aux panneaux classiques.
ROSA a été déployé sur l’ISS depuis 2021, où il remplace progressivement certaines ailes solaires vieillissantes. Malgré sa taille plus réduite, il fournit une puissance équivalente, tout en occupant moins de surface. Résultat : plus d’électricité, pour moins de masse.
Mais le système ne se limite pas à des environnements tranquilles. ROSA a été testé sur la sonde DART, mission de la NASA qui a volontairement percuté un astéroïde en 2022. Même après 11 mois de voyage dans l’espace et un impact à 20 000 km/h, les panneaux ont fonctionné sans faille.
Prochaine étape : la station lunaire Gateway, prévue en orbite autour de la Lune dans les années 2030. ROSA y est pressenti comme solution principale d’alimentation électrique, preuve que la technologie est en train de devenir un standard du spatial.
Et dans le futur, des centrales solaires orbitales pour la Terre ?
Après avoir vu que l’énergie solaire alimente presque tout dans l’espace… une idée un peu folle refait surface : et si l’espace alimentait aussi la Terre ?
C’est le principe du SBSP (Space-Based Solar Power), ou production solaire orbitale⁷.
💡L’idée : placer en orbite des satellites couverts de panneaux solaires, baignant dans la lumière du Soleil 24h/24, puis transmettre l’électricité vers la Terre via un faisceau de micro-ondes ou un laser infrarouge.
Un concept longtemps classé “science-fiction”... mais que plusieurs agences spatiales prennent désormais très au sérieux.
Pourquoi ça fait rêver…
- Pas de météo, pas de nuit : en orbite géostationnaire, le Soleil est quasiment constant toute l’année.
- Production massive : une seule station pourrait produire plusieurs gigawatts, soit l’équivalent de plusieurs centrales nucléaires⁸.
- Transmission flexible : en théorie, on peut pointer le faisceau vers n’importe quel point du globe, selon les besoins.
…ou cauchemarder !
Et si le faisceau devenait une arme ?
C’est une des grandes préoccupations éthiques et géopolitiques du solaire orbital. Transmettre de l’électricité par micro-ondes puissantes ou laser infrarouge vers la Terre peut soulever une inquiétude logique :
Et si quelqu’un orientait le faisceau... ailleurs que vers la station de réception ?
Les futurs projets d’énergie solaire spatiale sont très sécurisés : le faisceau envoyé au sol est peu puissant (environ un quart d’un micro-ondes par m²), il se disperse naturellement (pas de rayon laser destructeur) et tout est surveillé en permanence (GPS, coupures automatiques, systèmes doublés).
🔍 En théorie, un faisceau mal calibré ou détourné pourrait causer des dommages, surtout si la technologie évolue vers des puissances plus concentrées. C’est pour cela que la plupart des experts (ESA, NASA, JAXA) insistent sur la nécessité d’un cadre réglementaire international clair, avant tout déploiement à grande échelle.
Pourquoi ce n’est pas (encore) possible ?
Ce projet est encore au stade de recherche et développement car il comporte de très nombreux défis⁹ :
- Des structures gigantesques : pour produire plusieurs GW, il faut des panneaux de plus d’un kilomètre de diamètre et des milliers de tonnes à assembler en orbite. Ce n’est jamais arrivé.
- Une transmission complexe : transformer l’électricité en micro-ondes, l’envoyer sur 36 000 km et la reconvertir au sol avec un bon rendement, sans danger pour la faune, l’aviation ou les humains, est un défi technique majeur.
- Un coût énorme : malgré les progrès (lanceurs réutilisables, robots, etc.), le solaire orbital reste aujourd’hui bien plus cher que le solaire ou l’éolien terrestre, même avec stockage.
Où en est-on ?
- ESA et son Projet SOLARIS : l’Agence Spatiale Européenne a lancé une étude de faisabilité. Si les verrous technologiques sont levés, un premier démonstrateur pourrait être lancé vers 2030¹⁰.
- NASA : l’agence travaille sur des briques technologiques compatibles (robots d’assemblage, transmission sans fil, gestion d’énergie spatiale), mais pas encore de démonstrateur annoncé¹¹.
- Chine : très ambitieuse, elle prévoit un démonstrateur de 10 kW dès 2028, puis 2 GW en 2050¹².
- Japon (JAXA) : premier test de transmission d’énergie solaire depuis l’orbite prévu en 2025¹³.
🛰️ Produire de l’électricité solaire dans l’espace pour l’envoyer vers la Terre n’est plus un fantasme, c’est une course technologique encore semée d’embûches. Si elle réussit, cette filière pourrait révolutionner l’accès à une énergie propre, stable et mondiale.
🏡 En écho sur Terre : nos toitures aussi captent le Soleil
Pas besoin d’envoyer des panneaux à 36 000 km d’altitude pour profiter de l’énergie solaire. Sur Terre aussi, on capte les photons, et avec des solutions plus simples, plus accessibles, et franchement plus faciles à entretenir que des ailes solaires en orbite.
Chez Ekwateur, on installe des panneaux sur les toitures, en plein soleil, sans micro-ondes, sans fusée, et sans combinaison spatiale. Moins de technologie embarquée qu’à bord d’un satellite, mais un principe identique : convertir la lumière en électricité, localement, proprement, durablement.
Ce voyage vers le solaire se fait en trois étapes :
- Une étude gratuite de votre projet avec un expert solaire
- La prise en charge des démarches administratives et des aides
- Une installation des panneaux solaires par des artisans de confiance RGE
✨ En attendant que le spatial alimente la planète entière,on peut déjà commencer par sa propre maison.

Installation panneaux solaires pour votre toiture
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Merci à Jeanne pour sa question éclairée (et éclairante). Grâce à elle, on a parcouru des millions de kilomètres, croisé des satellites accros au Soleil, des télescopes qui carburent depuis 30 ans, des ailes solaires qui se déplient comme des tapis… et même des centrales orbitales qui font flipper autant qu’elles fascinent.
En attendant que la Terre soit alimentée par un rayon spatial digne de Goldorak, rien ne vous empêche de capter les photons depuis votre toiture, peinard·e.
Parce que oui, on peut rêver de l’espace… mais on peut aussi produire sa propre électricité dès demain, sans krach budgétaire ni combinaison pressurisée. 😉
- https://www.e-education.psu.edu/eme812/node/644
- https://science.nasa.gov/sun/how-nasa-uses-and-improves-solar-power/
- https://ntrs.nasa.gov/api/citations/20160014034/downloads/20160014034.pdf
- https://science.nasa.gov/mission/juno/
- https://science.nasa.gov/mission/hubble/observatory/design/electrical-power/
- https://www.nasa.gov/directorates/stmd/impact-story-roll-out-solar-arrays/
- https://www.esa.int/Enabling_Support/Space_Engineering_Technology/SOLARIS
- https://www.esa.int/Enabling_Support/Space_Engineering_Technology/SOLARIS/Space-Based_Solar_Power_overview
- https://www.nasa.gov/organizations/otps/space-based-solar-power-report/
- https://www.esa.int/Enabling_Support/Space_Engineering_Technology/SOLARIS
- https://www.nasa.gov/organizations/otps/space-based-solar-power-report/
- https://www.universitycube.net/news/china-space-solar-03-12-2025--3b179ffc-7468-4085-9ffd-ec0428b05c06
- https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/2023-05-30/cette-future-centrale-solaire-de-l-espace-pourrait-produire-de-l-electricite-sur-terre-en-2025-2306ac7d-ac4e-46db-ae78-a0e9b895b9d7