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Qu’est-ce que l’agriculture vivrière ?

Le fait de cultiver la terre pour se nourrir est un acte millénaire qui a fondé notre espèce et nos sociétés. C’est avec l’Agriculture que nos ancêtres lointains se sont sédentarisés dès l’an 9000 av J.C. Depuis, les méthodes ont changé. Toutefois, l’agriculture reste au cœur de nos assiettes et donc de nos vies. Si en Europe comme dans les pays développés, l'agriculture est devenue une industrie commerciale, d’autres continuent à cultiver des petits lopins de terre pour se nourrir et perpétuer l'agriculture vivrière.

Enfilons nos bottes et attrapons nos bêches pour découvrir ensemble ce qu’est l'agriculture vivrière ! 🌾

En résumé


La première forme d'agriculture au monde

L'agriculture vivrière est la première forme d’agriculture sous toutes les aspects. C’est en effet la première dans l’histoire et la méthode la plus utilisée encore aujourd'hui sur certains continents. 

Cette forme d’agriculture reste à taille humaine et se destine essentiellement à l’autoconsommation. Son but premier est donc de nourrir les cultivateurs eux-mêmes. Le peu de surplus est en général vendu à des populations locales. Cette manière de pratiquer l'agriculture est largement partagée dans le monde, représentant même 20 % de la production alimentaire mondiale selon le Centre de Recherche pour le Développement International.

L’agriculture vivrière dans les pays développés

Si la mode des potagers et autres jardins partagés redonne le goût de planter et manger ses propres courges, tomates ou plantes aromatiques, le modèle dominant dans les pays développés est l’agriculture industrielle

Bien plus massive, elle est destinée à des produits transformés en grande majorité là où l'agriculture vivrière privilégie les produits “bruts”. Plus encore, les agriculteurs-ices sont bien plus spécialisé-es, ce qui ne leur permet pas forcément de se nourrir exclusivement que de leurs produits. Si des exceptions existent, elles ne sont pas la norme.

L’agriculture vivrière dans les pays les moins avancés

Dans les pays n’ayant pas ou peu d’agriculture industrielle, l’agriculture vivrière est naturellement plus développée, étant nécessaire à la survie des populations. Selon une étude sur l’agriculture vivrière en Tanzanie, elle peut représenter jusqu'à 80% de la consommation alimentaire locale. Avec un accès plus difficile à la nourriture, les individus ont donc tendance à cultiver eux-mêmes ce qu’ils peuvent, sur un lopin de terre pour nourrir toute leur famille.

Il est à noter que malgré le cliché français de l'agriculteur à moustache et chemise à carreaux qui fume sa pipe derrière son tracteur, la majorité des paysans sont en fait des paysannes. Ce sont ainsi les femmes qui cultivent le plus en agriculture vivrière, avec parfois 75% à 80% de femmes dans l’agriculture vivrière de certains pays.

Si pour certains, l'agriculture ressemble à d'immenses champs de la même espèce à perte de vue, ce n’est pas le portrait réel de cette activité, qui demeure “artisanale” dans la plupart des régions du globe.

Les avantages de l’agriculture vivrière

L’agriculture vivrière comporte de nombreux avantages, que ce soit pour les consommateur-ices, comme pour la planète.

La semance paysanne

Contrairement à l’agriculture industrielle, la vivrière se doit d’être autosuffisante. Les fruits d’une année doivent donc fournir les graines pour la prochaine. Avec plus d’un milliard d'agriculteur-ices qui sélectionnent des graines paysannes avec des procédés ancestraux qui respectent la nature, la biodiversité ne s’en porte que mieux !

L’autosubsistance

Grâce à l'agriculture vivrière, il est possible de ne pas devoir dépendre d'autrui pour se nourrir. Le fait de pouvoir acquérir un des principaux besoins sans l’aide d’un tierce garantit une certaine indépendance et liberté. Le surplus peut aussi être vendu aux marchés locaux et aux voisins pour en obtenir une compensation financière.

Des produits locaux et de saisons

Par nécessité, l’agriculture vivrière suit les saisons et respecte l’environnement en offrant des aliments avec une empreinte carbone presque nulle. Pas ou peu de transports, de transformation ou encore d’engrais polluants pour optimiser les récoltes.

Les inconvénients de l’agriculture vivrière

Si les sociétés les plus productivistes ont abandonné ce modèle pour l'agriculture industrielle, c’est qu’il comporte quelques désavantages.

Un faible rendement

Avec peu d'excédent et des possibilités minces de varier les espèces en raison des facteurs locaux et de saisons, il est assez difficile de dégager un rendement exceptionnel avec ce type d’agriculture.Ce faible rendement permet de survivre, mais pas de dégager assez de profit pour sortir de la pauvreté.

En somme, presque la totalité de la production d'agriculture civile est consommée par les cultivateur-ices eux-mêmes. S’ils peuvent donc consommer le fruit de leur travail, ils ne peuvent en aucun cas capitaliser dessus et créer une véritable économie nationale ou internationale dans ce secteur.

Un localisme qui a ses limites

Complètement déconnectée du marché mondial de l’agriculture industrielle et de sa logistique, l’agriculture vivrière est extrêmement vulnérable aux intempéries ou aux catastrophes naturelles. Si une région entière subit une sécheresse, ce sont des centaines de milliers de terrains d’agricultures vivrières qui sont touchés, et une région entière qui se retrouve sans ressource alimentaire.

L'agriculture vivrière est donc la forme la plus ancienne, mais aussi la plus moderne d'agriculture. À taille humaine et en respect avec la terre qui produit l'essentiel du travail, elle a assurément de l’avenir. Inventer une nouvelle forme d'agriculture vivrière plus rentable est possible ! Les avancées d’autres modèles comme l'agrovoltaïsme peuvent par exemple aider à conserver l'autosuffisance de l'agriculture vivrière en la rendant plus efficace. Une belle façon de lier les traditions ancestrales avec les dernières technologies respectueuses de l'environnement.

Sources

https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/10572317.2010.10762862

file:///C:/Users/user/Downloads/CIRADjournals,+21-5-0366-0373-Article-1.pdf  

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