
Alimentation : faut-il préférer le bio ou le local ?
Manger bio ou local ? Les deux, dans l’idéal. Cependant, en matière d’alimentation, il n’est pas toujours possible de conjuguer les deux démarches. Au marché ? Faut-il privilégier les fraises bio ou celles produites localement. Ekwateur vous aide à trancher !
31 mars 2025 à 18:30
Lecture 8 mn
Qu’entend-on par bio ?
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il convient de bien définir les notions d’agriculture biologique et d’agriculture locale. Cela permet de faire un choix éclairé en matière de consommation. Commençons par le bio ! 🔎
Le label bio : un cahier des charges strict
L’agriculture biologique repose sur des pratiques respectueuses de l’environnement. En France, l’appellation « Bio » est très encadrée. Elle répond à un cahier des charges strict défini au niveau européen et au niveau national. Voici ce qui caractérise un produit bio :
- Une absence de pesticides de synthèse : l’usage des pesticides chimiques est interdit, seuls certains produits naturels sont autorisés.
- Une absence d’OGM : la culture et l’utilisation d’OGM (Organismes Génétiquement Modifiés) sont interdites.
- Une mise en culture dans le respect des sols et de la biodiversité : l’agriculture biologique favorise la rotation des cultures, limite l’érosion des sols et préserve les écosystèmes.
- Des pratiques d’élevage respectueuses du bien-être animal, en limitant les traitements médicamenteux et en offrant de meilleures conditions d’élevage.
Pour garantir la traçabilité d’un produit dans l’Hexagone, le producteur doit obtenir le label Eurofeuille ou le label AB. Pour cela, il doit faire contrôler ses produits et pratiques agricoles par un organisme agréé par les pouvoirs publics, comme, par exemple, Ecocert, Certipaq ou encore Qualité-France.
Quelle différence entre le label Eurofeuille et le Label AB ?
Le label Eurofeuille est le Label officiel de l’Union européenne depuis 2010. Il impose que les denrées alimentaires soient à 100%¹ issues d’un mode de production biologique (pour les fruits et légumes par exemple) ou au moins 95 % d’ingrédients bio dans les produits transformés (pour un paquet de biscuits par exemple). Il interdit les OGM, en acceptant un « seuil de 0,9% de présence fortuite et techniquement inévitable »². En outre, il oblige la marque à indiquer l’origine des ingrédients (UE, non-UE, ou nom du pays). Son affichage est obligatoire pour tous les produits bio commercialisés en Europe : en supermarché, en épicerie vrac, chez votre primeur, etc.
De son côté, le Label AB a été créé par le ministère français de l’Agriculture. Comme l’Eurofeuille, il garantit qu’un produit contient au moins 95 % d’ingrédients issus de l’agriculture biologique. Son usage n’est pas obligatoire si le logo européen est présent.
Depuis 2009, il n’y a pas de différence de cahier des charges entre les deux labels. Comme l’explique le journal Toute l’Europe « Propriété exclusive du ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation, le label AB s'est aligné sur les normes du label bio européen, tout comme ses équivalents nationaux européens. »³. Simplement, ce label existe depuis 1985. Il est donc très présent dans l’esprit des consommateurs puisque « 97% des Français reconnaissent la marque AB »⁴ selon l’Agence Bio qui dépend du gouvernement.
Quels sont les avantages de l’agriculture biologique ?
Choisir une alimentation basée sur des produits issus de l’agriculture biologique revêt plusieurs avantages :
- Un engagement en faveur de l’environnement. En effet, du fait des engrais azotés, la culture des sols est responsable de 80 % des émissions nationales de protoxyde d’azote (N₂O)⁵ en France. Or, ce gaz à effet de serre a un pouvoir réchauffant 300 fois plus élevé que le dioxyde de carbone (CO₂)⁶.
- Une préservation des terres arables en favorisant des pratiques durables comme la rotation des cultures ou la jachère
- Plus de respect de la biodiversité puisque selon l’INRA⁷ « l'agriculture biologique augmente le nombre d’espèces dans l’environnement. Il est également bien établi que les insectes pollinisateurs et les abeilles sauvages en particulier, bénéficient largement de l'agriculture biologique, dont plusieurs aspects pourraient leur être bénéfiques »
- Davantage de respect du bien-être animal, avec des conditions d’élevage plus conformes aux besoins des animaux. Par exemple, elle impose l’élevage en extérieur ;
- Davantage d'autonomie alimentaire : l'agriculture biologique permet de gérer plus durablement les ressources et les terres arables.
- Développement de l’emploi local. La montée en puissance du bio a un impact très positif sur l’emploi. En 2017, on estimait environ 134 500 emplois directs liés à l’agriculture biologique en France, soit 49 200 de plus qu’en 2012 d’après les chiffres de l’Agence Bio
- Des produits meilleurs pour la santé puisque l’exposition aux pesticides augmente les risques de développer de graves pathologies. D’après l’INSERM “l’expertise confirme la présomption forte d’un lien entre l’exposition aux pesticides et six pathologies : lymphomes non hodgkiniens (LNH), myélome multiple, cancer de la prostate, maladie de Parkinson, troubles cognitifs, bronchopneumopathie chronique obstructive et bronchite chronique.”⁸
Bref l’agriculture bio a tout bon ! Maintenant que l’on a bien compris ce qui caractérise un produit bio, voyons un peu ce que l’on entend par production locale. 3,2,1, c’est parti !
Qu’entend-on par produit local ?
Comme son nom l’indique, un produit local est issu d’une production proche du lieu de consommation. En France, il n’existe pas de label officiel définissant l’agriculture locale. « Local » se réfère généralement à la distance ou au circuit de vente, pas au mode de production.
On peut tout de même distinguer certaines initiatives, comme :
- L'initiative « C'est qui le Patron ?! » permet aux consommateurs de définir les critères de production des produits, et assure ainsi une rémunération équitable aux producteurs. Les produits sont ensuite distribués avec un seul intermédiaire, généralement via la grande distribution, ce qui correspond à la définition d'un circuit court. Ce modèle vise à renforcer le lien entre producteurs et consommateurs.
- Les AMAP. Une Association pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne (AMAP) est un partenariat solidaire entre des consommateurs et un ou plusieurs producteurs locaux. Les consommateurs s'engagent à acheter à l'avance une part de la production, généralement sous forme de paniers hebdomadaires de produits frais, pour favoriser le développement d’une agriculture locale. Ce modèle de vente directe sans intermédiaire garantit une rémunération plus juste aux producteurs.
- La Ruche qui dit Oui, une plateforme en ligne qui met en relation des consommateurs avec des producteurs locaux pour proposer l'achat direct de produits frais et de qualité. Les consommateurs commandent en ligne et récupèrent leurs achats dans une "Ruche" proche de chez eux, favorisant ainsi les circuits courts avec un intermédiaire unique.
Produit local : quels avantages ?
Le recours à un produit local permet de limiter le transport des produits. Ainsi, on réduit l’empreinte carbone de son assiette. C’est aussi l’occasion de limiter la production de déchets comme l’explique l’Ademe “La réduction de la distance de transport entre les lieux de production et de consommation permet de réduire les emballages des produits. Dans la plupart des circuits courts de proximité, les produits bruts sont peu ou pas emballés et les conditionnements liés au transport sont souvent réemployés”⁹
En passant davantage par du circuit-court, on favorise bien évidemment le développement d’une économie territoriale. Selon la définition de la Préfecture du Gard “Un « circuit court » est un mode de commercialisation des produits agricoles qui s'exerce soit par la vente directe du producteur au consommateur – vente à la ferme, marché de producteurs… –, soit par la vente indirecte, à condition qu'il n'y ait qu'un seul intermédiaire entre l'exploitant et le consommateur”.¹⁰
Quid des inconvénients ?
Toutefois, contrairement au label bio, la notion de « local » n’implique aucune obligation spécifique en matière de pratiques agricoles. Un produit local peut très bien provenir d’une agriculture intensive conventionnelle utilisant des pesticides chimiques, des engrais de synthèse ou des OGM.
D’autre part, difficile de savoir ce que revêt réellement la notion de production locale. Le produit a-t-il été récolté ou préparé à 2 km, 20 km ou bien 100 km du lieu de consommation ? Où placer le curseur ? Difficile de savoir puisqu’il n’existe pas réellement de labels en la matière. Chaque vendeur peut apprécier à sa juste valeur le terme de « producteur local ». C’est là que le bât blesse.
Faut-il préférer bio ou local ?
Revenons donc à notre question de départ : bio ou local, que choisir ? Dans l’idéal, les deux mon Capitaine ! Privilégier les petits producteurs locaux engagés dans le bio, afin de bénéficier du meilleur des deux mondes. “Ne pas choisir, c'est encore choisir.” comme disait Jean-Paul Sartre ! 😉
Mais, nous le savons, cela n’est pas toujours possible. Si un choix s’impose, il est préférable d’opter pour le bio à une agriculture locale plus conventionnelle. En effet, “il n’y a pas de différence marquée entre bio et conventionnel sur l’empreinte carbone” d’après l’INRAE¹¹, le bio apporte bien d’autres éléments que ne peut certifier une production locale, comme notamment :
- Une meilleure gestion des ressources en eau avec des besoins en consommation d’eau inférieure d’environ 30 % par hectare et 15 % par tonne¹² ;
- Davantage de biodiversité et l'abondance des espèces. L’agriculture bio contribue ainsi à la préservation des écosystèmes. En évitant l'utilisation de pesticides et d'engrais chimiques, elle maintient des habitats sains pour les pollinisateurs.
- Des externalités positives sur la santé, comme expliqué en amont, etc.
Pour en savoir plus, on vous laisse jeter un oeil à notre super vidéo :
Bio ou local : comment aller plus loin ?
Il est possible d’aller toujours plus loin dans son engagement en faveur d’une alimentation plus durable. Alors comment faire ? Quelques pistes !
Manger des produits de saison
Manger bio, c’est essentiel, à condition de manger de saison. Des fraises en hiver, cela ne fait pas sens au niveau écologique. Il faut savoir que les produits hors-saison ont une empreinte carbone beaucoup plus élevée. Par exemple, en France une tomate cultivée sous serre chauffée en hiver ou importée d’un pays lointain génère 7 fois plus de CO₂ qu’une tomate produite en pleine saison d’été (juin à septembre), selon l’Ademe.¹³
S’intéresser aux labels proches du bio
Il existe d’autres labels bio, dont le cahier des charges s’approche de celui du label AB ou Eurofeuille. Ils sont plus ou moins exigeants. En s’intéressant de près à la certification, on prend davantage conscience de l’impact environnemental des produits que l’on cuisine. Voici quelques labels de référence.
Le Label Haute Valeur Environnementale (HVE)
Lancé à la suite du Grenelle de l’environnement, le label HVE certifie les exploitations agricoles selon des critères portant sur la biodiversité, les pesticides, la gestion de la fertilisation et de l’eau. Bien qu’il encourage la réduction des intrants chimiques, il n’interdit pas leur utilisation et peut donc parfois se rapprocher de pratiques conventionnelles. Il ne prend pas en compte le bien-être animal ou la transformation des produits. Ce label est souvent considéré comme une étape intermédiaire avant le bio.
Le Label « Zéro Résidu de Pesticides » (ZRP)
Créé en 2017 par le Collectif Nouveaux Champs, le label ZRP garantit l’absence de résidus de pesticides détectables (<0,01 mg/kg) dans les fruits et légumes commercialisés. Cependant, il n’interdit pas l’utilisation de pesticides, mais en limite seulement les résidus à la récolte. Cette approche privilégie le résultat sanitaire pour le consommateur plutôt que la méthode agricole. Il représente un compromis entre agriculture conventionnelle et bio.
Le Label Demeter
Le Label Bio Cohérence
Initié en 2010 par un collectif de producteurs, transformateurs, distributeurs et consommateurs français, le label Bio Cohérence vise à renforcer les exigences de l'agriculture biologique. Il complète le règlement bio européen par des critères plus stricts, tels que l'interdiction totale des OGM, l'obligation pour les fermes d'être entièrement dédiées à l'agriculture biologique, et la garantie que les produits transformés contiennent uniquement des ingrédients bio. De plus, Bio Cohérence promeut une agriculture 100% française, privilégiant les circuits courts et les produits de saison, tout en intégrant des engagements environnementaux et sociaux pour une agriculture régénératrice de la biodiversité et du climat.
Quelques outils numériques pour une alimentation plus durable
Quelques initiatives numériques facilitant la consommation de produits bio et/ou locaux en France. En quelques secondes, depuis votre téléphone, vous pouvez trouver des produits alimentaires de meilleure qualité. Tour d’Horizon :
- La plateforme "Frais et local". Lancée en janvier 2021 par le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation en partenariat avec les Chambres d'agriculture, cette plateforme officielle permet aux consommateurs de géolocaliser plus de 12 000 producteurs proposant des produits frais en vente directe à proximité. Les utilisateurs peuvent filtrer par département pour trouver des fermes en vente directe, des AMAP, des magasins à la ferme, etc.¹⁴
- Le site "Manger Bouger". Proposé par Santé publique France, le site "Manger Bouger" offre des calendriers de saison pour les fruits, légumes et poissons, permettant aux consommateurs de planifier leurs achats en accord avec la saisonnalité des produits et de favoriser une alimentation équilibrée et durable.
- La Ruche qui dit Oui ! On en a parlé quelques lignes plus haut. 😊 Cette plateforme en ligne met en relation consommateurs et producteurs locaux via des commandes groupées. Les membres commandent en ligne et retirent leurs produits une fois par semaine dans l'un des points de retrait répartis en France. Elle favorise les circuits courts, et de nombreux produits sont bios.
- L’application "Etiquettable", une application collaborative dédiée à l'alimentation durable. Elle offre des informations sur les produits de saison en fonction de votre région d’habitation, des recettes durables ainsi que des adresses de restaurants engagés dans une démarche écoresponsable.
- L’application Local.bio. Il s’agit d’une application qui met en relation des consommateurs et des producteurs bio locaux à travers un réseau de relais collaboratifs. Les produits, 100% bio, parcourent en moyenne seulement 10 km et arrivent souvent en co-voiturage, réduisant ainsi leur empreinte carbone. Les consommateurs récupèrent leurs produits directement auprès de producteurs.
👋 Psst, vous consommez des aliments bios et locaux ? On me dit dans l’oreillette que vous pouvez appliquer la même démarche pour votre fourniture d’énergie. Chez Ekwateur, on propose de l’électricité verte issue des énergies renouvelables. En plus, vous pouvez même choisir votre petit producteur ? Prêt-e à alimenter votre logement avec de l’énergie locale et durable ? 💚

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1 https://www.agencebio.org/vos-outils/communication-2/
2 https://www.agencebio.org/questions/les-ogm-sont-ils-autorises-en-bio/
3 https://www.touteleurope.eu/agriculture-et-peche/alimentation-a-quoi-sert-le-label-bio-europeen/
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5 https://www.notre-environnement.gouv.fr/themes/climat/les-emissions-de-gaz-a-effet-de-serre-et-l-empreinte-carbone-ressources/article/les-emissions-de-gaz-a-effet-de-serre-de-l-agriculture
6 https://naturefrance.fr/indicateurs/agriculture-biologique
7 https://hal.science/hal-01608229
8 https://www.inserm.fr/wp-content/uploads/2021-06/inserm-expertisecollective-pesticides2021-resume.pdf
9 https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-29282-avis-Ademe-circuits-courts.pdf
10 https://www.gard.gouv.fr/Actions-de-l-Etat/Alimentation-consommation-et-animaux/Circuits-courts
11 https://www.inrae.fr/actualites/affichage-environnemental-bio-ou-pas-comment-evaluer-limpact-ecologique-aliments
12 https://www.inrae.fr/actualites/affichage-environnemental-bio-ou-pas-comment-evaluer-limpact-ecologique-aliments
13 https://agirpourlatransition.ademe.fr/particuliers/conso/alimentation/manger-local-de-saison-pourquoi-c-est-essentie
14 https://agriculture.gouv.fr/thematiques/consommer-frais-et-local