Avec la fonctionnalité “ce jour-là”, Facebook affiche sur votre fil d’actualité des photos que vous avez postées à cette même date, dix ans auparavant. Des souvenirs qui peuvent être aussi bien émouvants qu’embarrassants (coucou la duck face ou la coupe à la Justin Bieber 👱)... et qui sont gravés à tout jamais dans les mémoires des data centers !
Pour parvenir à ce tour de force, les centres de données utilisent des quantités astronomiques d’énergie qui génèrent des gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique.
Ekwateur vous présente l’empreinte carbone des data centers ainsi que les initiatives de trois grands fournisseurs de service pour réduire ces impacts !
24 avril 2023
Lecture 4 mn
Les data centers sont des infrastructures qui permettent d’organiser, traiter et entreposer de grandes quantités de données. Les géants du numérique comme Google, Amazon et Microsoft possèdent leurs propres centres de données pour des raisons de sécurité. Les plus petites entreprises peuvent quant à elles externaliser leurs données via le Cloud. ☁️
Le numérique est responsable de près de 4 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. C’est plus que le trafic aérien mondial ! Or, un quart de ces rejets nocifs pour l’environnement est imputable aux data centers (1).
En effet, les centres de données ont besoin d’immenses quantités d’électricité pour faire tourner leurs machines à plein régime. Or, la production d’électricité n’est pas toujours verte selon le mix énergétique propre à chaque pays. Aux États-Unis, là où sont basés les principaux data centers, 39% de l’électricité produite en 2020 provient de centrales thermiques à gaz, qui utilisent des énergies fossiles pour fonctionner. (2)
Le numérique est responsable de 2,5 % de l’empreinte carbone annuelle de la France, soit 16,9 Mt CO₂ eq. Or, les centres de données sont le deuxième vecteur d’impact environnemental avec 16 % des émissions de gaz à effet de serre "produites" ! (3)
Parmi les équipements qui composent un centre de données, ce sont les serveurs qui ont un plus gros impact sur l’environnement. En effet, leur fabrication implique l’exploitation de ressources abiotiques naturelles (fossiles) et leur utilisation est particulièrement énergivore.
C’est en tous cas ce que révèle l’étude sur l’empreinte environnementale du numérique en France à l’horizon 2030 et 2050 réalisée par l’ADEME et l’Arcep sur demande du Gouvernement. (3)
Ce document nous alerte sur le fait que si rien n’est fait pour réduire la pollution de nos usages numériques qui ne cesse de progresser avec notamment l’essor des objets connectés, l’empreinte carbone du numérique en France pourrait grimper de 45 % d’ici 2030 (soit 25 Mt CO₂ eq). Elle pourrait également tripler à horizon 2050 par rapport à 2020 !
Face à ce constat, les géants du numérique, spécialistes du stockage des données, cherchent à verdir leurs activités. Google, Amazon et Microsoft visent la neutralité carbone d’ici 2030. Comment comptent-ils y parvenir ?
Google se targue d’avoir été la première grande entreprise à atteindre un bilan carbone neutre en 2007. Elle affirme également avoir été la première entreprise de grande envergure à compenser toutes ses consommations d’électricité par l’achat d’énergies renouvelables depuis 2017. Enfin, le célèbre moteur de recherche s’est donné pour mission de fonctionner avec de l'énergie sans carbone, 24h/24 et 7j/7 d'ici 2030.
Voici comment il compte s’y prendre :
Amazon a co-fondé The Climate Pledge en 2019 avec un objectif très ambitieux en tête : atteindre zéro émission nette de CO₂ d’ici 2040, soit dix ans plus tôt que l’engagement climatique pris dans le cadre de l’Accord de Paris. La folie des grandeurs de Jeff Bezos a encore frappé ⚡!
La firme ambitionne d’utiliser 80 % d’énergies renouvelables à partir de 2024, puis 100 % en 2030 (contre 50 % en janvier 2018). Elle doit également s’engager à :
Microsoft ne veut pas se contenter d’atteindre la neutralité carbone. Le concurrent de la marque à la pomme 🍏 souhaite avoir une empreinte carbone négative d’ici 2030 et ambitionne de retirer toutes les émissions de gaz à effet de serre qu’elle a émises depuis sa création en 1975 à horizon 2050. La feuille de route concerne donc ses émissions directes ainsi que tous les maillons de sa chaîne de valeur.
Pour remplir ces objectifs, le géant technologique a créé un fond d’innovation climatique qui lui permettra de financer :
Toutes ces promesses font rêver. Sont-elles vraiment tenables ou avons-nous affaire à du greenwashing en bonne et due forme ? 🤯
Le cabinet de conseil Carbone 4, co-fondé par Jean-Marc Jancovici, figure de proue des sujets énergie-climat a étudié la question. D’après ces experts, le problème de ces programmes de décarbonation, c’est qu’ils reposent encore beaucoup sur le principe de la compensation carbone.
Il s’agit d’après l’Ademe de “séquestrer autant de carbone que nous en émettons, de manière à stabiliser son niveau de concentration dans l’atmosphère et ainsi limiter l’augmentation de la température globale de la planète”. (4)
En gros, les multinationales investissent dans des programmes de séquestration du carbone (reforestation par Amazon 🌳) ou achètent des crédits carbone pour compenser les émissions de gaz à effet de serre produites par leurs activités. Cela revient donc à équilibrer “artificiellement” leur empreinte carbone sans traiter le mal à la racine. L’augmentation des puits de carbone est nécessaire. La réduction de ses émissions directes est prioritaire !
Selon une étude parue dans la revue Science, les datas centers consomment moins d’énergie qu'auparavant et c’est d’autant plus le cas avec le Cloud : “la quantité de calculs effectués par les data centers a été multipliée par 6 entre 2010 et 2018, mais la quantité d’énergie consommée dans le même temps par ces infrastructures n’a augmenté que de 6%”. (1)
D’après Carbone 4, cet argument n’est pas convaincant puisque le cloud encourage les clients à la surconsommation et donc à l’augmentation de l’empreinte carbone : “l’utilisation du cloud contribue à l’effet rebond. En payant a posteriori en fonction de l’usage, les clients du cloud ont une impression de capacité infinie et ne maîtrisent plus autant leurs consommations de données que s’ils doivent arbitrer sur les capacités a priori.”
La solution serait plutôt à aller chercher du côté de la création d’un nouveau modèle économique basé sur la sobriété numérique. Chez Ekwateur, on ne peut que vous encourager à vous lancer dans la transition énergétique de vos usages numériques en adoptant des écogestes sur internet !