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Quels sont ces data centers qui visent la neutralité carbone en 2030 ?

Avec la fonctionnalité “ce jour-là”, Facebook affiche sur votre fil d’actualité des photos que vous avez postées à cette même date, dix ans auparavant. Des souvenirs qui peuvent être aussi bien émouvants qu’embarrassants (coucou la duck face ou la coupe à la Justin Bieber 👱)... et qui sont gravés à tout jamais dans les mémoires des data centers !

Pour parvenir à ce tour de force, les centres de données utilisent des quantités astronomiques d’énergie qui génèrent des gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique. 

Ekwateur vous présente l’empreinte carbone des data centers ainsi que les initiatives de trois grands fournisseurs de service pour réduire ces impacts !

En résumé


Quelle est l’empreinte carbone des data centers ?

Les data centers sont des infrastructures essentielles pour stocker, traiter et organiser d’énormes volumes de données. Les géants du numérique comme Google, Amazon et Microsoft en possèdent, tandis que les PME peuvent externaliser leurs services via le cloud ☁️.

Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les centres de données représentaient en 2022 environ 240 à 340 TWh, soit 1 à 1,3 % de la consommation mondiale d’électricité (hors crypto-monnaies)¹. Si l’on inclut les réseaux de données (transmission, distribution, équipements), En incluant les équipements utilisateurs (ordinateurs, smartphones, etc.), la part totale des technologies numériques dans la consommation mondiale d'électricité s'élève à environ 2 %.

Côté climat, les data centers émettaient environ 330 millions de tonnes de CO₂ équivalent en 2020, soit environ 0,9 % des émissions énergétiques mondiales1.

Avec l’explosion des usages liés à l’intelligence artificielle et au big data, la consommation électrique des data centers est en forte hausse².

Selon l’Agence Internationale de l’Energie, elle pourrait plus que doubler d’ici 2026 pour dépasser les 1 000 TWh (en incluant IA et crypto-monnaies)³.

D’ici 2030, les seuls data centers pourraient atteindre une consommation annuelle de 945 TWh, soit un niveau équivalent à celui du Japon aujourd’hui⁴.

Selon des estimations, cela représenterait environ 3 à 4 % de la demande mondiale d’électricité.

L’impact environnemental des centres de données dans le monde

Le numérique représente aujourd’hui près de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, soit davantage que le trafic aérien civil, selon Carbone 4⁵ et The Shift Project⁶. Une part importante de cette empreinte est directement liée aux centres de données, qui hébergent les infrastructures physiques du cloud, du streaming et de l’intelligence artificielle.

Environ un quart de cette empreinte est attribuable aux data centers, selon les estimations croisées de l’IEA et d’experts du numérique bas carbone. Plus encore, plusieurs géants du secteur, Google, Microsoft ou Meta, minimisent fortement leurs émissions réelles. D’après une enquête du Guardian, les émissions de leurs centres de données internes entre 2020 et 2022 pourraient être jusqu’à 7,6 fois plus élevées que les chiffres officiels, soit une différence de 662 %, due à des méthodes de comptabilité carbone contestées⁷.

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L’empreinte carbone des data centers en France

En France, le numérique pèse de plus en plus lourd dans la balance carbone. Selon la dernière mise à jour de l’ADEME et de l’Arcep, il correspondait en 2022 à environ 4,4 % de l’empreinte carbone nationale, soit près de 29,5 millions de tonnes équivalent CO₂ – un chiffre en forte hausse par rapport aux 2,5 % estimés en 2020⁸.

Et dans cette empreinte, les data centers prennent une place de plus en plus centrale. Alors qu’ils n’affichaient “que” 16 % des émissions numériques en 2020, ils en constituent désormais 46 %. Une explosion due, entre autres, à la prise en compte des centres situés à l’étranger, utilisés pour les services numériques français⁹.

Les data centers ne se contentent pas d’engloutir de l’électricité : ils abritent les serveurs du cloud, de l’IA, du streaming, et consomment en continu 24h/24 pour assurer leur fonctionnement et leur refroidissement. Résultat : leur impact dépasse désormais celui des réseaux de télécommunications (4 %) et talonne celui des terminaux numériques (50 %)¹⁰.

Neutralité carbone des data centers : engagements proclamés et limites réelles

Face à l’empreinte grandissante du numérique, les géants du cloud cherchent à verdir leurs machines. Google, Amazon ou encore Microsoft se sont fixé des objectifs ambitieux : atteindre la neutralité carbone d’ici 2030.

🌍 Mais comment comptent-ils y parvenir concrètement ? Et ces promesses sont-elles vraiment à la hauteur des enjeux climatiques ?

Google : objectif 24/7 sans carbone d’ici 2030

Google se veut pionnier : neutre en carbone depuis 2007, 100 % de sa consommation électrique est compensée par des énergies renouvelables depuis 2017¹¹

Son nouveau pari ? Faire fonctionner tous ses data centers avec de l’énergie sans carbone, 24 h/24 et 7 j/7, d’ici 2030.

Pour y parvenir, Google mise sur :

Amazon : neutralité carbone en 2040, promesse tenue ?

Amazon a lancé The Climate Pledge pour viser zéro émission nette d’ici 2040, soit 10 ans avant l’Accord de Paris¹².

Objectifs annoncés :

  • 100 % d’électricité renouvelable d’ici 2030 (objectif déjà atteint en 2023 selon Amazon),
  • réduction des émissions via efficacité, énergies vertes, moins de matériaux,
  • compensation par des projets carbone.

Microsoft : carbone négatif d’ici 2030

Microsoft veut faire plus que la neutralité : l’entreprise aspire à une empreinte carbone négative dès 2030, et même à effacer toutes ses émissions depuis 1975 d’ici 2050¹³.

Pour y arriver, elle investit dans :

  • des technos d’émissions négatives,
  • de l’électricité 100 % décarbonée pour ses data centers,
  • la fin du diesel dans ses opérations.

Et les autres acteurs du numérique ?

Des entreprises comme TikTok (Bytedance) ou OpenAI communiquent peu sur l’empreinte carbone de leurs infrastructures. Pourtant, leurs services (vidéos courtes, IA générative…) sont particulièrement énergivores. En l’absence de données détaillées, il est difficile d’évaluer leur réel engagement écologique, un silence qui interroge. 🤔

Engagements climatiques des grands opérateurs de data centers à horizon 2030

Google 24/7 sans carbone d'ici 2030 Achat d’électricité renouvelable, production locale (solaire, éolien, géothermie), IA pour adapter la charge des serveurs à la production verte
Amazon Neutralité carbone d’ici 2040 (The Climate Pledge) 100 % d’électricité renouvelable dès 2023, amélioration de l’efficience, compensation carbone via des projets de séquestration
Microsoft Carbone négatif d’ici 2030 + neutralité historique d’ici 2050 Financement de technologies de capture du CO₂, alimentation 100 % verte de ses sites, fin du diesel dans ses opérations
IBM Net‑Zéro d’ici 2030 74 % d’électricité verte en 2023, réduction de la consommation énergétique, optimisation du refroidissement pour abaisser le PUE
OVHcloud Neutralité carbone d’ici 2030 (objectif validé SBTi) Usage majoritaire d’énergies renouvelables, recyclage des serveurs, expérimentation de nouvelles solutions de refroidissement et sobriété énergétique
Signataires du Pacte EU Neutralité carbone d’ici 2030 Objectifs communs : 75 % d’énergie verte dès 2025, 100 % en 2030, réduction du PUE, recyclage matériel, valorisation de la chaleur fatale

Sources : 11-12-13-14-15-16

Avec les objectifs européens de neutralité carbone pour 2050, les data centers du continent n’ont plus le choix : il va falloir passer au vert. 🌱

Est‑ce vraiment possible d’être neutre en carbone lorsqu’on est un data center ?

Toutes ces promesses de neutralité carbone font rêver. Mais peut‑on y croire, ou est‑ce du greenwashing savamment emballé ? 🤯

⚠️ Le problème de la compensation carbone

D'après Carbone 4, fondé par Jean‑Marc Jancovici, ces plans s’appuient encore massivement sur la compensation carbone, autrement dit, acheter des crédits au lieu de réduire ses propres émissions.
L’ADEME la définit comme une démarche visant « à séquestrer autant de carbone que nous en émettons », mais équilibre artificiel ne signifie pas solution réelle¹⁷. 😒

💸 L’irrésistible effet rebond du cloud

Une étude dans Science démontre qu’entre 2010 et 2018, les calculs réalisés ont été multipliés par 6, pour seulement +6 % d’énergie consommée, preuve que les data centers sont devenus ultra-efficaces¹⁸.

Toutefois, selon Carbone 4, cette efficacité a un prix : le cloud incite à la surconsommation et comme on paie à l’utilisation, sans toutefois freiner nos usages numériques, l’effet rebond est en marche¹⁷.

🌍 Pression locale et manque de transparence

Des ONG comme Eco-Business relèvent que les data centers, notamment ceux liés à l’IA, provoquent de fortes tensions sur les ressources en eau, la pollution locale et l’emprise culturelle ou politique des multinationales, le tout souvent hors de portée d’un contrôle démocratique¹⁹.

📉 Greenwashing et failles de gouvernance

Malgré les promesses de neutralité carbone, la réalité est souvent moins verte qu’annoncée. Une étude de l’INSEAD (2024)²⁰, révèle que 91 % des investissements prétendument alignés avec les objectifs climatiques sont en fait de simples opérations de greenwashing, sans impact réel sur les émissions. Pire encore, une analyse parue dans Science Advances en 2025²¹ montre que plus de la moitié des crédits carbone volontaires ne reposent sur aucune réduction effective de CO₂. Absence de vérification indépendante, projets non additionnels, flou méthodologique… Le marché de la compensation, souvent mis en avant par les géants du numérique, repose encore largement sur des artifices climatiques. Bref, verdir son image, ce n’est pas réduire son impact. 😐

Les data centers sont devenus des piliers de notre société connectée… mais leur empreinte carbone, elle, ne s’efface pas d’un simple clic.

✅ Oui, ces infrastructures sont de plus en plus performantes. Cependant, cette réussite alimente la surconsommation numérique, et leur impact global continue d’augmenter.

⚠️ Les stratégies basées sur la compensation carbone restent largement insuffisantes. Trop souvent opaques ou artificielles, elles peinent à réduire réellement les émissions. La plupart du temps, il s’agit de stratagèmes utilisés par les géants du numérique (et d’autres secteurs d’ailleurs) pour continuer à faire toujours plus, sans remettre en question les fondements de leur business.

🌍 Par ailleurs, les impacts locaux (pression sur l’eau, pollution, opacité démocratique) inquiètent de plus en plus ONG et chercheurs.

🔑 Chez Ekwateur, on est convaincu qu’un autre modèle est possible, concret et engagé, porté par des actions précises pour réduire notre pollution numérique :

  • en repensant nos usages pour diminuer notre empreinte digitale, notamment en favorisant la sobriété énergétique et numérique ;
  • en exigeant la transparence et la responsabilité des géants du cloud ;
  • en soutenant un numérique réellement vert et durable.

Quelques exemples concrets que l’on pratique chez Ekwateur :

  • Priorisation de l’achat de matériel reconditionné ou de la réparation, plutôt que du neuf (ordinateurs, accessoires) ;
  • Don systématique à des associations du matériel non utilisé (ordinateurs, housses, casques…) ;
  • Extinction nocturne des serveurs non indispensables, notamment ceux dédiés au développement ;
  • Organisation de challenges API Days aboutissant à plusieurs initiatives d’optimisation, comme la mise en place d’un dark mode ou d’une version allégée de l’application, avec une rationalisation des fonctionnalités pour ne conserver que l’essentiel ;
  • Utilisation de technologies comme CUTZ pour réduire le poids des vidéos publicitaires diffusées sur nos plateformes.
  • La collaboration avec des rédacteurs·ices bien réels (coucou c’est moi) et pas des intelligences artificielles pour produire des articles sans âme (et sans blague un peu nulle dont j’ai le secret). 😉

Parce que les data ne disparaîtront pas… leur impact, lui, peut (et doit) diminuer. 🌱

Sources
  1. https://www.iea.org/energy-system/buildings/data-centres-and-data-transmission-networks 
  2. http://time.com/6987773/ai-data-centers-energy-usage-climate-change/ 
  3. https://iea.blob.core.windows.net/assets/6b2fd954-2017-408e-bf08-952fdd62118a/Electricity2024-Analysisandforecastto2026.pdf 
  4. https://www.iea.org/news/ai-is-set-to-drive-surging-electricity-demand-from-data-centres-while-offering-the-potential-to-transform-how-the-energy-sector-works 
  5. https://www.carbone4.com/en/article-digital-cloud-hidden-emissions 
  6. https://theshiftproject.org/app/uploads/2025/04/Excutive-Summary_EN_The-unsustainable-use-of-online-video.pdf 
  7. https://www.theguardian.com/technology/2024/sep/15/data-center-gas-emissions-tech 
  8. https://ecoresponsable.numerique.gouv.fr/actualites/actualisation-ademe-impact/ 
  9. https://ecoresponsable.numerique.gouv.fr/actualites/actualisation-ademe-impact/ 
  10. https://ecoresponsable.numerique.gouv.fr/docs/2024/etude-ademe-impacts-environnementaux-numerique.pdf 
  11. https://sustainability.google/operations/ 
  12. https://sustainability.aboutamazon.com/climate-solutions 
  13. https://blogs.microsoft.com/on-the-issues/2025/05/29/environmental-sustainability-report/ 
  14. https://www.ibm.com/solutions/sustainability/environmental/energy-climate 
  15. https://corporate.ovhcloud.com/en/newsroom/news/approval-decarbonization-objectives/ 
  16. https://www.climateneutraldatacentre.net/ 
  17. https://www.carbone4.com/files/Carbone_4_NZI_4_IT_General_guidelines_english.pdf 
  18. https://www.science.org/doi/10.1126/science.aba3758 *
  19. https://www.eco-business.com/news/as-ai-fuels-growth-of-data-centres-critics-fight-back/ 
  20. https://sites.insead.edu/facultyresearch/research/doc.cfm?%3B%3B%3B=&did=71818& 
  21. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S258979182500026X 

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