
Quelle est l'empreinte carbone de chatGPT ?
Depuis 2022, vous n’avez pas pu passer à côté de l’incontournable intelligence artificielle, j’ai nommé ChatGPT ! Avec près de 300 millions d'utilisateur·ice·s actif·ve·s hebdomadaires¹, il faut dire que l’IA d’OpenAI a réponse à tout. Résumer un mémoire de fin d’études en une poignée de lignes, rédiger une dissertation sur le commerce fluvial au 17ᵉ siècle ou même fournir des conseils amoureux aux cœurs esseulés, l’agent conversationnel semble n’avoir (presque) aucune limite. Si ce n’est son poids environnemental. Eh oui, une IA, ça s’entraîne, et ChatGPT ne fait pas exception. Alors, entre ses séances de révisions intensives et ses serveurs XXL, son empreinte carbone a de quoi refroidir les ardeurs de ses nombreux·ses usager·e·s !
8 mars 2025 à 10:53
Lecture 6 mn
ChatGPT : c'est quoi ton bilan carbone ?
Avant d’entrer dans le vif du sujet, on s’est dit qu’après tout, le mieux était encore de poser la question à la principale intéressée. Alors, on s’est armés de notre clavier de smartphone pour télécharger l’appli dédiée à la fameuse IA, histoire de découvrir ce que ChatGPT avait à dire de son empreinte carbone. Et voici sa réponse…
Mon bilan carbone est virtuel, mais pas inexistant ! Comme je fonctionne grâce à des serveurs et une infrastructure informatique, mon utilisation consomme de l’énergie et émet du CO₂, notamment en fonction du matériel utilisé et des centres de données qui hébergent mes calculs.
Difficile de donner un chiffre précis, mais certaines estimations indiquent qu’une requête envoyée à une IA comme moi pourrait consommer entre quelques milligrammes et plusieurs grammes de CO₂, selon sa complexité. À titre de comparaison, une recherche Google émet en moyenne 0,2 g de CO₂, tandis qu’un email avec pièce jointe peut aller jusqu'à 50 g de CO₂.
Les centres de données qui me font tourner sont cependant optimisés pour limiter leur impact, notamment en utilisant des énergies renouvelables et des systèmes de refroidissement économes en énergie. Mais comme toute technologie numérique, mon utilisation a un coût environnemental qui peut être réduit en adoptant des pratiques plus responsables : limiter les interactions inutiles, favoriser des questions précises et éviter les demandes trop gourmandes en calcul !
On ne sait pas vous, seulement, nous, ça nous paraît un peu louche. Parce que, si l’on en croit l’Agence internationale de l'énergie (AIE), les interactions avec des IA comme ChatGPT pourraient consommer jusqu’à 10 fois plus d'électricité qu'une recherche Google traditionnelle (voire 30 fois, selon les sources et les versions de ChatGPT)². On est assez loin des quelques milligrammes évoqués par ChatGPT Himself. Alors, est-ce qu’on ne se moquerait pas un tout petit peu de nous ? Voyons ça de plus près…
ChatGPT passe à l’entraînement
Vous vous en doutez, nous ne sommes pas les premier·e·s à nous intéresser au Chatbot préféré des Franç… De tout le monde ! Le hic ? En matière d’émissions de CO2, les informations manquent. C’est en tout cas ce que relève Lou Welgryn, spécialiste de l’IA et coprésidente de l’association Data for good : « le problème principal, c’est qu’il n’y a aucune transparence des acteurs sur le sujet ».
Eh oui, lorsqu’on cherche des rapports précis sur les émissions de l’IA, les infos manquent. À cela s’ajoute le fait que - comme pour bon nombre de secteurs - l’empreinte carbone de l’IA s’avère on ne peut plus compliquée à estimer. En cause ? Des modèles qui se succèdent et évoluent à vitesse grand V. Ainsi, depuis 2022, ChatGPT-4 Turbo a succédé à ChatGPT-4, qui lui-même a devancé ChatGPT-3.5, dont le prédécesseur n’était autre que ChatGPT-3. De quoi donner le tournis en un laps de temps si court. Le problème, c’est que pour passer d’une version à une autre, il faut un maximum d’éléments. Des données, bien sûr, et pas seulement : des modèles d’entraînement plus avancés.
Si on prend l’exemple de l’IA made in France « Bloom », nettement moins célèbre que son homologue américaine, les scientifiques estiment que son entraînement émettrait 10 fois plus de gaz à effet de serre qu’un·e Français·e en une année², qui lui-même émet en moyenne 11 tonnes équivalent CO₂ par an. On vous laisse faire le calcul…
Accrochez-vous à vos sièges maintenant, parce qu’on va passer à une petite explication technique… Les grands modèles linguistiques (Large Language Model, LLM) sont des programmes d'intelligence artificielle capables, entre autres, de reconnaître et de générer du texte. Pour ce faire, ils s’appuient sur des réseaux profonds de « neurones artificiels » dont le principe est d’imiter les processus du cerveau humain. Vous suivez toujours ? Alors, on continue.
L’entraînement de l’IA, ou Deep learning en anglais, et l’interprétation des nombreuses données par ces réseaux de neurones artificiels nécessitent ainsi une puissance de calcul considérable. Ces calculs sont assurés par des processeurs GPU (Graphics Processing Unit) spécifiques dédiés aux IA génératives. Parmi ces GPU, on compte « Nvidia A100 tensor core GPU », dont la puissance électrique consommée est de 250 W et dont le prix dépasse les 10 000 euros³. Pour vous faire une idée, en février, il a fallu 2048 GPU A100 pour entraîner pendant 23 jours le modèle d’IA générative LLaMA 1 propulsé par le géant du web Meta.
Grosso modo, plus l’IA est complexe et compte d’utilisateur·ice·s, plus l’impact de ces différents éléments est lourd. Pour Sasha Luccioni, informaticienne spécialisée dans l'intelligence artificielle (IA) et le changement climatique, l'entraînement de GPT-3 aurait émis environ 550 tonnes d'équivalent CO₂. Soit 500 aller-retours New-York/ San Francisco pour un passager ! Et tout ça, c’est seulement pour l’entraînement d’une version. Selon une étude d’Andrew Chien, pour une charge de travail type ChatGPT, les émissions annuelles liées à l'inférence seraient 25 fois supérieures à celles de l'entraînement de GPT-3⁴.
Utilisation de ChatGPT : quel bilan carbone ?
Selon les sources, une seule requête ChatGPT-4 consomme environ 10 Wh d’électricité (ou 2,33 g de CO₂ rejetés), soit plus de 30 fois la consommation d’une recherche Google classique estimée à 0,3 Wh. La création d’une image en haute définition par une IA consomme quant à elle autant d’énergie que la recharge complète d’un téléphone portable.
Les centres de données (data centers) liés à l’IA et aux crypto-monnaies ont consommé près de 460 TWh (460×1012 Wh) d’électricité en 2022, soit environ 2 % de la production mondiale. Et là où ça inquiète encore davantage, c’est que ce pourcentage pourrait doubler d'ici à 2026³ !
Selon l’étude de Sasha Luccioni, résumée par le MIT, lorsqu’on génère environ 1000 textes via un une IA comme ChatGPT, on consomme en moyenne 0.042 kWh. Pour se faire une idée, c’est à peu près la consommation d’un ordinateur portable de 50W utilisé pendant 50 minutes. Pour 1000 images la consommation serait 60 fois supérieure, soit 2,9 kWh⁶. Cependant, ces fourchettes ne restent que des fourchettes, puisque tout dépend de la version et des utilisateur·ice·s de l’IA. D'après les derniers chiffres partagés par OpenAI, un milliard de messages s’échangeraient chaque jour sur ChatGPT, cela représente approximativement 300 MWh/jour, soit la consommation d'électricité quotidienne d'environ 27 000 foyers français⁵.
En somme, les données varient largement et il est plus que difficile d’évaluer avec précision l’empreinte carbone de ChatGPT, puisqu’elle dépend de nombreux facteurs :
- L’entraînement du modèle : l’apprentissage d’un modèle d’IA comme ChatGPT nécessite d’énormes quantités de calculs effectués sur des centres de données puissants. Ce « deep learning », consomme une grande quantité d’énergie (pour exécuter des calculs complexes, entraîner le modèle sur des milliers de milliards de paramètres, répéter l’entraînement pour l’optimisation et la correction des biais, etc.).
- L’utilisation en temps réel : chaque fois qu’un utilisateur interagit avec ChatGPT, des requêtes sont envoyées aux serveurs, qui doivent exécuter des calculs pour générer une réponse. L’empreinte carbone dépend donc du nombre d’utilisateurs et de leurs interactions quotidiennes, du temps et de la complexité des réponses ou encore de l’efficacité des infrastructures.
- L’infrastructure informatique : les centres de données qui font fonctionner ChatGPT sont un élément clé de son empreinte carbone. Leur impact dépend lui aussi de plusieurs éléments, à commencer par le type d’énergie utilisée. Un centre de données alimenté en énergie renouvelable (éolienne, solaire, hydraulique) a une empreinte carbone bien plus faible qu’un centre qui dépend du charbon ou du gaz.
- Le cycle de vie du matériel : eh oui, l’empreinte carbone ne se limite pas à l’énergie consommée, il faut aussi considérer l’impact environnemental des serveurs physiques, notamment l’extraction des matières premières pour fabriquer les processeurs, la fabrication et le transport des équipements, le recyclage et la fin de vie du matériel informatique.
- Les mises à jour et l’évolution des modèles : les mises à jour régulières des modèles d’IA impliquent de nouveaux cycles d’entraînement et d’optimisation, ce qui peut représenter une part importante de l’empreinte carbone totale.
Malgré ces nombreuses conditions, l’université de Californie estime que l’entraînement seul de l’IA pour GPT-3 a consommé 1 287 MWh qui ont émis 552 tonnes de CO₂, soit 312 A/R Paris - New-York en avion⁶. Concernant l’exécution de ChatGPT, une étude du média Medium, considère quant à elle que l’empreinte carbone journalière de ChatGPT est de 23,04 kgCO2e. Ce qui équivaut à 8,4 tCO2e/an, soit quasiment 5 A/R Paris / New-York en avion.
Si de votre côté, vous voulez faire un geste pour la planète, vous pouvez évidemment commencer par y aller mollo sur les recherches via l’IA. Ensuite, le mieux, c’est encore d’opter pour une offre d’électricité 100 % verte ET économique, en choisissant un fournisseur engagé, comme… Ekwateur, par exemple 😇.

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¹https://promptfacile.fr/statistiques-chatgpt/
²https://www.polytechnique-insights.com/tribunes/energie/ia-generative-la-consommation-energetique-explose/
³https://drane-versailles.region-academique-idf.fr/spip.php
⁴https://generationia.flint.media/p/comment-calculer-vraiment-impact-carbone-de-chatgpt-climat-ia-eau
⁵https://www.technologyreview.com/2023/12/01/1084189/making-an-image-with-generative-ai-uses-as-much-energy-as-charging-your-phone/
⁶https://leclaireur.fnac.com/article/574152-chatgpt-serait-il-plus-econome-en-energie-que-nous-le-pensions/
⁷https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/rechauffement-climatique-empreinte-carbone-numerique-train-exploser-cause-ia-104727/