L’enfouissement des lignes électriques : la France en retard ?

La France est effectivement en retard par rapport aux pays voisins. L’Allemagne voit 70 % de son réseau électrique enterré. Le Royaume-Uni 63 % alors que la France se retrouve avec 50 % de son réseau enfoui sous terre (sur les 1,4 million de lignes électriques dont elle dispose au total, soit 35 fois le Tour de la Terre) !

Lors des intempéries nous savons que les lignes aériennes souffrent bien plus que les lignes souterraines. Nous l’avons vu encore une fois avec la tempête Ciaran. Vendredi 3 novembre 2023, environ 450 000 foyers de l’hexagone étaient sans électricité dont 314 000 rien qu’en Bretagne, il y a eu un cas similaire en juin 2022 où 15 000 habitant-e-s de plusieurs communes ont subi un black-out, coupant toutes communications électroniques.

Les zones les plus touchées par les coupures de courant sont les zones rurales, sachant que la plupart des lignes d’électricité dans le cadre urbain sont enfouies. Bien que l’électricité ait pu être rapidement rétablie chez la majorité des particuliers, les travaux de réparation restent toujours importants et onéreux. Plusieurs politiques ont demandé à ce que le projet de réseau souterrain soit accéléré pour que la France rattrape son retard et se mette à la page par rapport aux autres pays européens. Alors, pourquoi ne pas tout simplement enterrer le réseau ?

Encore plus récemment, soit en octobre 2024, la tempête Kirk a elle aussi fait des dégâts : de nombreuses villes et communes en France se sont retrouvées inondées. Par exemple, d'après le préfet en Eure-et-Loire « les plus anciens, les services qui ont de la mémoire, les maires me disent qu’on n’avait pas vu cela depuis 60 ans ou 40 ans ». Conséquences : en plus de présenter un danger pour les habitants (circulation restreinte, électrocution, emportement par les eaux, etc.), ces inondations ont privé de courant 9000 foyers, notamment dans les Pyrénées-Atlantiques (5200) et le Doubs (1500) selon les chiffres d'Enedis.

Le premier argument mis en avant est l’aspect financier, le coût qu'un tel ouvrage demande. En effet, d’après Enedis, gestionnaire de la qualité de distribution de l’électricité française et dont la fonction est, entre autres, d'assurer la sécurité et la mise en souterrain du réseau, une restructuration complète du réseau électrique pour l’enterrer nécessiterait des milliards d’euros. Enedis ajoute qu’il est compliqué de se comparer à nos voisins, car nos habitations sont beaucoup plus diffuses et espacées les unes des autres et donc parfois difficiles d’accès pour un réseau entièrement souterrain.

Les investissements d’EDF pour l’enfouissement des lignes électriques sont en baisse depuis une dizaine d’années. Si durant les années 1990 les investissements sur le réseau électrique français atteignaient 2,5 milliards d’euros par an, en 2009, ils ne dépassent plus la barre des 1,5 milliard d’euros. Le réseau s'est donc trouvé moins entretenu et l’enfouissement a peu progressé durant les années 2000. Cependant, après la tempête de 2009, les investissements sont repartis à la hausse et le réseau a commencé à être restauré, consolidé et chouchouté de nouveau. Néanmoins, il faut maintenant rattraper le retard accumulé durant les dix années de baisse, tout un programme.

D’après Enedis, “le coût de l'enfouissement d'un seul kilomètre de ligne est estimé entre 80 000 et 120 000 euros”. Or, rappelons-le, la facture d’électricité des particuliers comprend une part liée à l’acheminement de l’électricité sur le réseau public de distribution. Cet acheminement est réalisé par Enedis. Autrement dit, in fine, ce sont bien les contribuables qui paient pour l’enfouissement des lignes électriques !

Le projet d’enfouissement du réseau électrique est intéressant pour plusieurs raisons. 

Le fait que les lignes soient enfouies permet de les rendre moins vulnérables aux intempéries. Un fil électrique est plus fragile à 4 mètres du sol que deux mètres en dessous. 😉 Cela permet d’améliorer la sécurité et la qualité technique du réseau. De plus, le coût d’exploitation d’une ligne souterraine est quatre à cinq fois moins élevé que celui d’une ligne aérienne. La durée de vie moyenne des installations est aussi améliorée, en passant de 40 à 60 ans. 

Cependant, il faut nuancer, car même si les lignes souterraines demandent moins d’opérations de maintenance, le coût des travaux en cas de problèmes est très élevé. En effet, déterrer des lignes électriques, les réparer et les enterrer à nouveau est une opération complexe.

Même si l’enfouissement total du réseau électrique français n’est pas au programme pour le moment, car compliqué à mettre en place, les nouvelles lignes construites sont, elles, très majoritairement enterrées. 

Aujourd'hui, 98,4 % des nouvelles lignes moyenne tension sont désormais enfouies. De plus, pour les lignes existantes, les travaux d’enfouissement progressent petit à petit. Néanmoins, il faudra tout de même attendre plusieurs années pour voir la réalisation de ce projet et pour voir le réseau électrique français entièrement souterrain. À noter que l’enfouissement du réseau a aussi ses faiblesses comme le fait que les lignes enfouies peuvent être inondées d’eau. Ce fut d’ailleurs le cas lors de la tempête Xynthia fin 2010.

Le génie civil coordonne la réalisation de l'enfouissement des réseaux d'électricité, un ouvrage complexe qui engagera des travaux de terrassement, l'installation de fils souterrains, et la suppression des poteaux sur le domaine public. Ces travaux sont réalisés en coordination avec les autorités locales, les collectivités et les documents publics relatifs au plan de territoire, assurant ainsi que tous les secteurs concernés bénéficieront de l'amélioration des infrastructures électriques.

Si cette ligne électrique alimente votre maison, vous devez contacter Enedis : les travaux seront à vos frais. Si cette ligne électrique alimente la maison de vos voisins, vous devrez résoudre le problème à l’amiable (vérifier s’il bénéficie d’une convention de servitude par exemple). Si la ligne appartient au réseau, vous devrez interroger Enedis et RTE afin de vérifier s’il s’agit d’une ligne haute tension ou très haute tension et leur demander une convention de servitude.

À ce jour, aucune des options n’est idéale et ne protège la sécurité du réseau électrique français à 100% et que l’énergie soit renouvelable ou non, elle passe par le même réseau. 😊

En tant que fournisseur d’électricité (et fournisseur de gaz 😉), la qualité du réseau est une priorité pour nous. Nous ne pouvons malheureusement pas intervenir directement dessus, car c’est Enedis qui gère la quasi-totalité du réseau, sauf dans les communes gérées par les ELD. 

Toutefois, nous proposons une offre d’électricité vraiment verte aux particuliers désireux de consommer une énergie décarbonée et produite par des producteurs locaux !