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ZNI : qu’est-ce que c’est ?

Des centrales isolées… et des territoires qui le sont tout autant ! À Lucciana ou Vazzio, on produit encore l’essentiel de l’électricité locale grâce à des centrales au gaz ou au fioul. Stables ? Oui. Propres ? Nettement moins. Bienvenue dans les ZNI, ou Zones Non Interconnectées : des territoires français non reliés au grand réseau électrique national.

Ici, pas question de compter sur le voisin pour emprunter un peu de courant : chaque kilowattheure doit être produit sur place. Et sans le soutien du réseau continental européen, qui permet de faire circuler l’électricité à travers les frontières, ces territoires font face à des défis… électriques, logistiques et écologiques.

Mais les lignes bougent. Zoom sur ces zones où l’électricité est faite maison, souvent avec du fioul, mais de plus en plus avec du soleil, du vent ou de l’eau.

En résumé

  • Les ZNI (Zones Non Interconnectées) doivent produire leur électricité localement, sans lien avec le réseau continental.

  • Elles regroupent la Réunion, Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte, Corse, Saint-Martin, Saint-Barthélemy, Saint-Pierre-et-Miquelon, Wallis et Futuna ainsi que les îles de Sein, Molène, Ouessant et Chausey.

  • Leur mix énergétique reste dominé par le fioul, malgré une montée progressive des renouvelables.


Une ZNI, c’est quoi ?

C’est une Zone Non Interconnectée : un territoire français dont le réseau électrique n’est pas relié au continent, ni à ses voisins. En clair ? Pas de coup de main possible en cas de panne ou de pic de consommation. Chaque ZNI doit produire et gérer sa propre électricité, en toute autonomie.

Elles se distinguent par quelques (gros) traits communs :

  • une histoire dominée par les ressources fossiles : la plupart des centrales qui produisent de l'électricité dans les ZNI étaient au fioul ou au charbon. Aujourd'hui, heureusement, les énergies renouvelables jouent un rôle croissant ;
  • un coût plus élevé qu'en Hexagone : les ZNI se distinguent par un prix au kWh plus élevé, à cause de la petite échelle du secteur et de l'utilisation des énergies fossiles ;
  • la péréquation pour éviter la flambée des prix : les habitant·e·s n’ayant pas à subir cette injustice, on pratique donc la péréquation (on lisse les prix à l'échelle nationale)  pour qu’iels paient le même tarif que sur le continent. 
  • des zones polluantes dans des écosystèmes fragiles : parce qu'elles utilisent des énergies fossiles, les ZNI sont particulièrement polluantes, le tout, sur des îles ou territoires déjà menacés par le réchauffement climatique ;
  • des défis techniques et logistiques : l’isolement est un véritable défi en cas de panne ou surcharge du réseau (qui peut arriver plus rapidement, puisque celui-ci est de taille plus réduite).

Quels territoires sont concernés ?

Les ZNI sont présentes un peu partout dans le monde. En effet, plusieurs territoires français en dehors de la France hexagonale sont concernés.

Des plus proches…

🏝️ La Corse est un parfait exemple d’une grande ZNI proche de l’Hexagone. En effet, avec 350 000 habitants-es, l’Île de Beauté est une ZNI produisant une grande quantité d'électricité, qui doit rester fiable pour assurer un approvisionnement continu même en cas de problème technique ou de forte demande.

Le développement des énergies renouvelables (solaire, éolien, hydroélectrique ou encore de biomasse) tente de contrecarrer cet état de fait. L’objectif annoncé est clair, 40 % de l'électricité de l'île devra être assurée par des énergies renouvelables d’ici 2030.⁴

⛵Les îles du Ponant — comme Sein, Molène, Ouessant (en Bretagne) et Chausey (en Normandie) sont également des ZNI. Ici aussi, la production d'électricité se fait encore massivement au fioul. Cependant, des projets pour produire de l'électricité à partir d'énergies renouvelables se multiplient et les objectifs sont ambitieux :

À Ouessant, la part de renouvelables a fortement progressé, en 2023 elle se situait autour de 65 et 70 % Avec un objectif d’atteindre 100% en 2030.

Aux plus éloignés !

Les DROM (Départements et Régions d’Outre-Mer) sont tous des ZNI.

Pour ces zones, la difficulté tient à l’éloignement avec l’hexagone. Tous ces départements et régions sont donc, encore aujourd'hui, particulièrement dépendants des énergies fossiles. Et pourtant, ces zones possèdent aussi des ressources renouvelables (soleil, proximité avec la mer, activité géothermique) pour une transition énergétique réussie :

  • La Guadeloupe détient ainsi un potentiel qui pourrait couvrir entre 35 % et 53 % de ses besoins énergétiques d’ici 2030¹;
  • La Martinique pourrait couvrir entre 58 % et 73 % de ses besoins énergétiques d’ici 2030 ;⁶
  • La Réunion pourrait produire entre 35 % et 53 % de ses besoins énergétiques d'ici 2030 ;⁷
  • Mayotte est lésée par les études concernant son potentiel de développement, toutefois, on peut arguer qu’une augmentation de la part de renouvelables dans son mix énergétique est prévue⁷

La transition énergétique est donc en marche dans les DROM, qui ont en plus l’avantage d’être d’excellents laboratoires pour des projets, grâce à l'échelle réduite des réseaux électriques. La Guyane connaît une autre spécificité : l’immensité de son territoire et l’isolation de certaines habitations. De ce fait, beaucoup de ménages emploient des groupes électrogènes ou utilisent des solutions d'autoconsommation comme les panneaux solaires photovoltaïques, pour s’alimenter en électricité.

Les COM (Collectivités d’Outre-Mer) sont des ZNI encore plus isolées et/ou petites que les autres. Le défi de l’autosuffisance énergétique y est donc prégnant.

  • Saint-Pierre-et-Miquelon utilise principalement du fioul pour les 100 GWh d'électricité que l’île consomme chaque année. Le climat rude rend difficile le déploiement de technologies telles que les éoliennes ou les panneaux solaires.
  • Wallis-et-Futuna, c’est le diesel qui sert principalement à produire de l'électricité. Bien que les énergies renouvelables y soient encore marginales, elles sont, malgré tout, en développement.

Cas de la Polynésie française… et de la Nouvelle-Calédonie

Petite subtilité : la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie ne sont pas des ZNI au sens strict, car elles gèrent localement leur électricité, hors du cadre de régulation de la CRE (Commission de Régulation de l’Énergie). En clair, elles ne relèvent pas du système énergétique national, mais cela ne les protège pas des défis… bien au contraire

Pourquoi les ZNI sont-elles en retard dans la transition énergétique ?

Une chose saute aux yeux : les ZNI accusent un net retard dans la transition énergétique. La production repose encore très largement sur les énergies fossiles. Ces territoires doivent composer avec leurs propres moyens, souvent bien plus carbonés.

Même dans les ZNI proches, comme les îles du Ponant, la taille modeste ne suffit pas toujours à accélérer la transition. Car si le réseau est plus petit, les contraintes techniques, économiques ou climatiques restent bien réelles.

À cela s’ajoute un isolement politique et économique. Les projets reposent souvent sur des subventions, des aides locales ou nationales, avec des démarches longues et des priorités qui se jouent ailleurs. Dans un pays aussi vaste, les territoires les moins visibles peinent parfois à faire entendre leur voix.

Mais les lignes bougent : dans le cadre de la stratégie nationale pour la neutralité carbone d’ici 2050, les ZNI deviennent des terrains d’expérimentation. Micro-réseaux, stockage, autoconsommation… Ces zones testent des solutions adaptables ailleurs. Et c’est tant mieux : dans certains cas, les coupures de courant restent fréquentes, preuve que la transition est aussi une affaire de justice énergétique.

Longtemps mises de côté, les ZNI ont fini par changer de statut. Grâce à la prise de conscience écologique, elles sont devenues de véritables laboratoires à ciel ouvert pour tester les énergies de demain.

Et c’est bien normal : la France, avec ses territoires ultramarins, possède un vivier de ressources naturelles et humaines exceptionnelles. De quoi relever le défi de la transition, sans oublier personne en chemin. Car l’objectif de neutralité carbone en 2050 ne concerne pas que l’Hexagone. Il concerne toute la France, jusqu’aux confins de ses archipels.

FAQ

Peut-on choisir son fournisseur d’électricité dans une ZNI ?

Non. Dans les ZNI (Zones Non Interconnectées) régulées par l’État, EDF SEI est le seul fournisseur autorisé pour les particuliers. Oubliez la concurrence : ici, pas d’offres vertes à la carte, ni de choix du prestataire comme dans l’Hexagone.

Peut-on souscrire à une offre d’électricité 100 % renouvelable dans une ZNI ?

Non plus. Les offres avec Garanties d’Origine (comme celles proposées dans l’Hexagone) ne sont pas disponibles dans les ZNI. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de renouvelables, mais vous ne pouvez pas choisir une offre “verte” auprès d’un fournisseur alternatif.

Pourquoi la Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie ne sont-elles pas des ZNI ?

Parce que ces territoires gèrent eux-mêmes leur système électrique, hors du cadre national. Pas de régulation par la CRE, pas de péréquation tarifaire. On parle ici de systèmes totalement autonomes, avec leurs propres règles… mais des défis très similaires.

Quels sont les grands obstacles à la transition énergétique dans les ZNI ?

  • La dépendance historique au fioul,
  • Le coût élevé de production locale,
  • L’isolement géographique (logistique, réseau),
  • Et parfois, le manque de moyens techniques ou politiques.
    Bref, la volonté est là, mais les embûches aussi.

Comment les ZNI comptent-elles verdir leur électricité d’ici 2030 ?

Avec une vraie stratégie :

☀️ Déploiement massif du solaire
🌊 Valorisation de l’hydraulique et de la biomasse
🔋 Stockage pour lisser la production
⚡ Autoconsommation et micro-réseaux intelligents

Chaque ZNI suit sa Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE). L’objectif : moins de fioul, plus de local, plus de vert.

Sources

¹https://presse.ademe.fr/2019/06/etude-ademe-guadeloupe-reunion-martinique-lautonomie-energetique-en-2030-est-elle-possible.html 

²https://librairie.ademe.fr/energies-renouvelables-reseaux-et-stockage/4173-vers-l-autonomie-energetique-des-zones-non-interconnectees-zni.html  

³https://www.cre.fr/electricite/transition-energetique-dans-les-zni.html.
⁴https://www.ecologie.gouv.fr/sites/default/files/documents/PPE%20Corse%20-%20Rapport.pdf
⁵https://www.synergile.fr/wp-content/uploads/2019/02/Synth%C3%A8se-autonomie-%C3%A9nerg%C3%A9tique-Guadeloupe-2030.pdf

⁶https://www.martinique.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/prefiguration_v0_8.pdf

⁷https://www.cre.fr/fileadmin/Documents/Rapports_et_etudes/import/RAPPORT_MAYOTTE_2020.pdf

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