H₂0, ça vous dit quelque chose ? Eh oui, le H fait référence à Hydrogène, ce gaz très léger, qui, combiné à l’oxygène, donne de l’eau ! La formule H₂ fait simplement référence à la présence de 2 molécules d’hydrogène, on parle alors de dihydrogène.
Presque inépuisable, car abondant sur la Terre, l’hydrogène peut être transformé en énergie (ou plutôt vecteur énergétique) grâce au phénomène de combustion. Son pouvoir calorifique est particulièrement élevé, ça signifie qu’il génère une grande quantité d’énergie. En effet, il est trois fois plus puissant que celui de l’essence ou du butane, et neuf fois plus que le bois (rien que ça !).
Il est donc tout naturel qu’il suscite l’engouement auprès des producteurs d’énergie et des pouvoirs publics. Il est d’ailleurs déjà utilisé dans la chimie et le raffinage. Alors, l’hydrogène vert est-il si vert que ça ? Est-ce une solution d’avenir pour la France ? Ekwateur répond à toutes vos questions !
20 mars 2023
Lecture 4 mn
Dans son objectif de neutralité carbone à horizon 2030, la France a prévu un plan de développement de l’hydrogène. Attention, on parle ici d’hydrogène vert, ou décarboné comme l’appelle le gouvernement, et non de l’hydrogène classique !
La version classique (qu’on appelle hydrogène gris), la plus utilisée aujourd’hui, est produite à 95% à partir d’énergies fossiles (ou polluantes comme on aime les appeler 🤫), principalement du gaz naturel.
L’hydrogène vert, lui, est obtenu grâce à l’électricité renouvelable (ou électricité verte). C’est pour cela qu’on lui attribue l’adjectif “vert”. En effet, sa combustion entraîne peu ou pas d’émission de CO₂ (le CO₂ est le dioxyde de carbone, un des principaux gaz à effet de serre). Le gouvernement français voit donc en cette énergie une belle opportunité d’atteindre la neutralité carbone et a pour cela attribué une enveloppe de 7 milliards d’euros pour son développement d’ici à 2030.
L’hydrogène vert serait utilisé en priorité dans l’industrie, et également dans le secteur des transports, responsable d’une grande partie des émissions de CO₂ du pays. Vous avez d’ailleurs peut-être déjà vu des bus roulants à l’hydrogène dans votre ville. 😉
À lire aussi
Qu’est-ce-que l’hydrogène blanc ? Comment se fabrique-t-il ?
Voici comment le gouvernement français justifie ses investissements massifs sur le développement de l’hydrogène vert :
Autre avantage non négligeable de l’hydrogène vert : il permettrait d’atténuer la problématique de stockage de l’énergie renouvelable. En effet, ce gaz peut être facilement stocké en cas de surplus de production, ce reste encore compliqué avec l'électricité (ce qui est d'ailleurs le cas peu importe comment elle est produite).
Ce gaz renouvelable est une solution intéressante pour le secteur des transports puisqu’il permet de pallier la difficulté d’utiliser de l’électricité verte pour certains véhicules (véhicules lourds en particulier), les voyages longue distance ou encore l’aviation. Ce secteur est particulièrement polluant, d’où la priorité de trouver une alternative aux énergies fossiles.
D’après RTE, la SNCF aurait déjà commandé une dizaine de trains fonctionnant à l’hydrogène vert, et qui devraient être mis en service dès 2025.
D’autre part, l’hydrogène vert pourrait progressivement remplacer les usages que l’on fait aujourd’hui de l’hydrogène gris. Dans la chimie en particulier, l’hydrogène vert serait en mesure de remplacer le charbon afin de produire de l’acier.
Devant les arguments de plomb avancés par le gouvernement, on pourrait penser que l’hydrogène vert est une opportunité en or pour verdir l’énergie en France. Pourtant, c’est beaucoup plus complexe que ça, laissez-nous vous expliquer pourquoi. Sur le papier, cet hydrogène vert semble être une solution miracle qui guidera la France vers la neutralité carbone… Est-ce vraiment le cas ?
Actuellement, il est nécessaire de déployer de gros moyens pour pouvoir produire ce gaz vert. Face à un hydrogène gris plus facile à concevoir et plus rentable, l’hydrogène vert séduit peu. Les investissements prévus par les pouvoirs publics pourraient permettre d’accélérer la recherche, et donc de résoudre progressivement ce problème, il s’agit toutefois d’une hypothèse à l’heure actuelle.
On peut cependant avoir l’espoir d’une amélioration quand on lit le dernier rapport de Bloomberg sur l’avenir de l’énergie, qui nous dit que les coûts de production de l’hydrogène vert devraient baisser jusqu’à 85% d’ici 2050. Dommage que cela n’arrive que dans une vingtaine d’années… D’ici là, espérons que les autres énergies renouvelables auront gagné du terrain !
Gaz excessivement inflammable, l’hydrogène pourrait être à l’origine de catastrophes désastreuses. Pourquoi ? Parce que c’est le gaz le plus léger qui soit, et qu’il est donc très difficile d’éviter les fuites dans un réservoir. Imaginez un avion touristique fonctionnant à l’hydrogène vert et se retrouvant avec une petite fuite… On préfère ne pas y penser. 😰
D’un autre côté, on continue d’exploiter l’uranium pour l’énergie nucléaire alors que ses déchets radioactifs n’auront bientôt plus de lieux de stockage. Et, si vous vous rappelez de la catastrophe de Tchernobyl, vous savez combien une explosion dans une centrale peut être terrible. Alors, est-ce que le risque pour les habitant-e-s est donc réellement un argument pour empêcher l’hydrogène vert de se développer ? Pas sûr…
Selon RTE (Réseau de Transport d’Électricité), la production par électrolyse entraînerait un gros gaspillage d’énergie (on parle quand même de 30% !). Sans compter le processus de transformation en électricité via une pile à combustible, qui serait responsable de 30 à 40% de pertes supplémentaires. Sur le même principe qu’une chaudière à condensation, il faudrait récupérer la chaleur produite pendant tout ce processus pour limiter les pertes. Toutefois, les recherches sont encore en cours à ce sujet.
Maintenant que l’on a une idée plus précise de ce qu’est l’hydrogène vert et de l’enjeu que représente son développement, on peut difficilement imaginer qu’il sera la réponse à tout. On peut penser que, si les problématiques de coût de production sont résolues, l’hydrogène décarboné soit une option intéressante pour l’industrie, oui.
Toutefois, il viendra certainement en complément d’autres énergies renouvelables, qui présentent moins d’inconvénients, surtout quand l’énergie est utilisée par le grand public. Et puis, n’oublions pas que la meilleure manière d’atteindre la neutralité carbone est la sobriété énergétique ! Autrement dit, essayons plutôt de réduire notre demande en énergie en revoyant nos habitudes, et pas uniquement en période de crise comme c’est le cas actuellement.
Si vous voulez apporter votre pierre à l’édifice, le mieux est de commencer par faire des économies d’énergie et choisir un fournisseur d’énergie verte (comme Ekwateur, par exemple 😀). Vous participez ainsi au développement des énergies renouvelables en France, car plus il y a de client-e-s d’offres vertes, plus il y a d’énergie verte dans le réseau !
https://www.entreprises.gouv.fr/fr/strategies-d-acceleration/strategie-nationale-pour-developpement-de-l-hydrogene-decarbone-france
https://www.ifpenergiesnouvelles.fr/enjeux-et-prospective/decryptages/energies-renouvelables/tout-savoir-lhydrogene
https://madeinmarseille.net/127817-hyeres-veolia-hydrogene-vert-carburant-vehicules/
https://www.rte-france.com/wiki-energie/hydrogene-vert-mythe-realite