On ne va pas faire durer le suspens plus que de raison : l’empreinte carbone de l’avion est presque trois fois supérieure à celle du ferry. Autrement dit, côté bilan atmosphérique, si vous voulez y aller mollo, mieux vaut fendre les mers que d’emprunter la voie des airs. Cependant, on vous mentirait en vous disant que le transport maritime est « tout beau tout rose ». Alors, outre les émissions de CO₂, en quoi vaut-il mieux emprunter le ferry plutôt que l’avion ? Est-ce le meilleur moyen de transport pour voyager ? On vous dit tout !
17 décembre 2024 à 15:00
Lecture 5 mn
En résumé
Le ferry émet environ 60 grammes de CO₂ par kilomètre et passager, soit près de trois fois moins que l’avion.
L’avion est à l’origine d’émissions de CO₂, d'oxydes d'azote et de particules fines à haute altitude. Les ferries émettent aussi des polluants comme le CO₂ et des oxydes de soufre.
Le verdissement du transport maritime est nettement plus probable que celui de l’aviation, grâce à des leviers comme les carburants propres, l’électrification ou encore l’efficacité énergétique.
Malgré tout, le train reste le mode de transport le plus propre, devant l’avion et le bateau.
En ce qui concerne l’avion, les sources d’information ne manquent pas en matière d’émissions de CO₂. Il faut dire que ces bons vieux coucous sont au centre de toutes les attentions dès lors qu’il s’agit de pointer le caractère climaticide du transport. À elle seule, la combustion de carburant des avions correspond à environ un milliard de tonnes de CO₂ sur une année. Grosso modo, c’est en moyenne l’équivalent des émissions d’un pays comme le Japon, troisième puissance mondiale. Ça fait froid dans le dos.
Un vol aller-retour Paris-New / York émet à lui seul à peu près 1,7 tCO2e. Autrement dit, c’est 20 % des émissions annuelles d’un·e français·e moyen·ne¹ !
Du côté du ferry, les organismes officiels sèchent un peu plus. Même le calculateur d’émissions de carbone des trajets mis en place par l’Ademe donne sa langue au chat. S’il passe au crible l’essentiel des moyens de transport - du scooter à l’avion, en passant par le métro - nulle trace des voyages maritimes à l’horizon. Bonne nouvelle toutefois, l’Agence européenne de l’environnement a quelques infos sur le sujet. Le transport en ferry émettrait environ 60 grammes de CO₂ par kilomètre et passager, soit près de trois fois moins qu’en avion.
Dans le duel qui oppose l’avion au ferry, le bilan est sans appel : l’avion émet généralement plus de CO₂ par passager-kilomètre. Cependant, pas de quoi se réjouir trop vite.
Le ferry, bien que moins polluant pour les trajets courts, peut également émettre son pesant de CO₂ par passager-kilomètre. Les ferries utilisent souvent du fioul lourd, une source de pollution supplémentaire sous forme de soufre et de particules fines, qui affecte directement la qualité de l’air et les écosystèmes marins.
Alors, le ferry, moins émetteur que l’avion ? Oui. En revanche, un ferry zéro pollution ? Pas forcément…
Les ferries, bien qu’ils jouent un rôle essentiel dans le transport maritime, génèrent une pollution importante. Leurs impacts se divisent principalement en deux catégories : la pollution de l’air et la pollution de l’eau, qui affectent aussi bien les écosystèmes terrestres que marins.
En plus du fameux CO₂, on note que le fioul lourd utilisé par de nombreux ferries contient une forte concentration de soufre, ce qui génère des émissions significatives de SOx. Ces gaz contribuent à la formation de pluies acides, qui affectent les sols, les forêts et les écosystèmes aquatiques.
Pourquoi de telles émissions ? Eh bien tout est dans la qualité. En effet, le secteur maritime utilise un carburant bien plus riche en soufre que ceux autorisés pour le secteur automobile.
Là encore, si les chiffres ne sont pas faciles à trouver, on sait toutefois que la part d'oxyde de soufre dans le diesel marin est en baisse constante. D’ailleurs, depuis le 1ᵉʳ janvier 2020 et sur décision de l'Organisation maritime internationale (OMI), l'ensemble de la flotte mondiale de navires est tenu de limiter à 0,5 % la teneur en soufre de ses carburants, contre 3,5 % auparavant. Bon, ça reste toujours plus que le parc automobile²…
Les moteurs des ferries rejettent également des particules fines en grandes quantités, particulièrement près des zones portuaires. Ces particules aggravent la pollution de l’air et sont liées à des problèmes de santé, comme les maladies respiratoires.
Enfin, les ferries contribuent aux émissions de NOx, qui participent à la formation de l’ozone troposphérique, un polluant nocif pour la santé humaine.
Bon à savoir
Les oxydes de soufre ou SOx sont un groupe de polluants qui contiennent à la fois des molécules de soufre et à la fois des molécules d'oxygène. Le dioxyde de soufre ou SO2 est la forme la plus courante dans la basse atmosphère. Les NOx, plus connus sous le nom d'oxyde d'azote, sont quant à elles, des émissions de gaz avec un fort impact environnemental.
Bon, cette fois encore, l’avion n’est pas en reste et demeure l'un des secteurs les plus polluants au monde. CO₂, NOx, H₂O (pas un polluant à proprement parler, toutefois, les traînées formées peuvent amplifier l'effet de serre), monoxyde de carbone, particules fines, soot, acide sulfurique… Ça en fait du monde !
Si on résume, en général, l'avion génère toujours plus de polluants que le ferry, principalement en raison de ses émissions de CO₂, d'oxydes d'azote et de particules fines à haute altitude. L'aviation contribue par ailleurs davantage au réchauffement climatique, avec des effets indirects comme la formation de traînées de condensation.
Les ferries, de leur côté, bien qu'ils émettent aussi des polluants comme le CO₂ et des oxydes de soufre, restent généralement moins polluants que les avions, surtout sur de longues distances.
Ça fait combien, déjà ? 2 - 0 pour le ferrie.
Vous l’aurez peut-être deviné : à la question « le ferrie est-il un moyen de transport écolo ? », nous serions plutôt tenté·e·s de répondre que… Non. Avec son score de 2 à 0 face à l’avion, il gagne toutefois le match qui l’oppose au transport aérien. D’ailleurs, comme le rappelle un porte-parole de l’ONG européenne Transport & environment, spécialisée dans les mobilités durables, « le pire mode de transport pour aller d’un point A à un point B, d’un point de vue climatique, reste l’avion ».
Par ailleurs, le média indépendant Vert, spécialiste des questions environnementales, soulève un point plus que pertinent : le « verdissement » du transport maritime semble nettement plus probable que celui de l’aviation. Jetons plutôt un coup d’œil aux leviers de transition du transport fluvial :
En ce qui concerne le secteur de l’aviation, il semble que le progrès technique ne soit pas suffisant pour marquer un véritable impact climatique. En effet, comme le révèle une étude du Shift project et de Supaéro Décarbo, le trafic aérien devra forcément décroître⁴.
Au bout du compte, choisir le ferrie plutôt que l’avion revient effectivement à polluer moins. Surtout si l’on considère les efforts constants réalisés par les armateurs pour proposer des voyages plus vertueux. Toutefois, malgré sa longueur d’avance sur les airs, le ferrie est loin d’être le mode de transport le moins polluant qui soit. Pour voyager en polluant un minimum, sans surprise… Le transport ferroviaire reste globalement le mode de transport de passagers motorisé le plus respectueux de l’environnement en Europe. Et c’est l’Agence européenne de l’Environnement (EEA) qui le dit !
En 2018, les transports représentaient 25 % des émissions de gaz à effet de serre de l’UE. Les émissions de ce secteur (pour le tourisme et le transport de marchandises) provenaient principalement :
Pour résumer, en matière d’émissions de CO₂, entre le bateau, l’avion et le train, la différence relève carrément du grand écart !
Finalement, nous terminerons sur la conclusion de l’Agence européenne de l’Environnement : « il convient d’encourager le passage au transport ferroviaire et par voie d’eau, tout en améliorant l’efficacité sur le plan des émissions de gaz à effet de serre de tous les modes de transport motorisés ». En gros :