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Le GIEC
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GIEC : qu’est-ce que c’est et comment ça marche ?

Vous êtes déjà sûrement tombé sur un article, un reportage ou un débat parlant du dernier rapport du GIEC. Onomatopée ? Nom d’un scientifique de renom ? Que nenni ! Le GIEC, pour Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat, est un organisme intergouvernemental. Intéressant, non ? 

Pour autant, une fois que l’on a dit cela, il reste à expliquer sa genèse, son rôle, son fonctionnement et son impact dans les sociétés modernes. Bonne nouvelle toutefois, cet article est fait pour cela ! 

Alors prenez vos plus beaux cyclistes fluos et direction les années 90 pour commencer notre enquête.


Qui est derrière le GIEC ?

C’est donc en 1896 (c’est vrai, les cyclistes fluos peuvent être un peu anachroniques dans ces années 90 là) que Svante August Arrhenius, un chimiste de génie théorise pour la première fois la concentration du CO2 dans l’atmosphère comme pouvant être un facteur de réchauffement de la planète. Le chimiste va plus loin encore en affirmant que l’activité humaine a un impact sur cette augmentation du CO2 dans l'atmosphère. La théorie de l'effet de serre est née. Cent ans plus tard, c’est le GIEC qui analyse les conséquences des activités humaines sur le réchauffement climatique.

Retour dans les années 1990 (on vous avait dit que les cyclistes allaient servir) pour la création de cet organisme. Le GIEC naquit en effet en l’an 1988 de deux institutions des Nations Unies, l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) et le Programmes des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) sous la demande des pays du G7 de l’époque. Depuis sa création, tous les États membres des Nations Unies peuvent rejoindre cet organisme. Aujourd'hui, il rassemble une grande majorité des pays du monde avec 195 États membres.

Composition du GIEC

En son sein, on retrouve des scientifiques de tous les pays comme des géologues, des météorologues, des mathématiciens et mathématiciennes, des chimistes, mais aussi des économistes et des sociologues. Il est à noter que les expert-e-s du GIEC ne sont pas rémunéré-e-s au cours de leur travail. Ils s'engagent bénévolement pour une durée allant de 6 à 8 mois répartis sur trois années.

Les expert-e-s sont partagés en trois groupes de travail, plus une équipe spéciale. (A ne pas confondre avec les Avengers 😉):

  • Le premier groupe travaille sur les aspects scientifiques du changement climatique
  • Le second prend en charge l’impact sur les systèmes socio-économiques et naturels et la vulnérabilité de ceux-ci
  • Le dernier tente de trouver des solutions envisageables pour limiter l’effet de serre et diminuer l'impact du changement climatique
  • L’équipe spéciale se charge de coordonner l'inventaire des gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone à l'échelle nationale

Ces groupes de travail sont sous l'autorité du bureau du GIEC, l’organe exécutif de l'organisme. Ce bureau est élu par l’assemblée plénière et vise à représenter les différentes nationalités et disciplines qui composent les équipes des groupes de travail durant la rédaction d’un rapport, ce qui prend en général entre 4 et 6 années (et oui, écrire un rapport de plusieurs milliers de pages est plus long qu’on ne pourrait le croire). En plus du bureau, le GIEC possède un secrétariat, basé en Suisse dans le bâtiment de l'Organisation Météorologique Mondiale, qui se compose d’une petite dizaine d'employés permanents.

Comment le GIEC est-il financé ?

Ce sont les États membres qui contribuent au budget du GIEC avec une participation sur la base du volontariat. Sur un budget annuel de 6 millions d’euros, la France participe à hauteur de 1 million d’euros par an.

Si les experts sont totalement indépendants, les États membres gouvernent le GIEC collectivement et sont en général en étroite liaison avec celui-ci via des observatoires. En France, c'est l'Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique (ONERC) qui fait le lien entre l'État français et le GIEC.

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Quel est le rôle du GIEC ?

Contrairement à ce que les détracteurs du GIEC disent, celui-ci n’est pas un laboratoire qui délivre des rapports mais un organisme qui est chargé de synthétiser les études scientifiques sur le réchauffement climatique. Le rapport du GIEC est en ce sens un résumé de toute la bible scientifique parue au cours des dernières années. Pour les plus ancien-ne-s lisant cet article et qui ont connu Charly et Lulu et leur titre écologique d‘avant-garde “le feu ça brûle”, c’est un peu le “Top 50” des faits scientifiques répertoriés au fil des ans.

La charte du GIEC est claire, l’organisme a pour mission d’analyser sans parti-pris et avec des méthodes objectives les informations scientifiques et socio-économiques en rapport avec le changement climatique. Le GIEC travaille ainsi principalement sur des rapports publiés dans des revues scientifiques de renom et validés par l'ensemble de la communauté scientifique dans le monde. Chaque rapport du GIEC consiste en un état des lieux général, réalisé tous les 4 à 6 ans, sur les changements climatiques et ses conséquences sur la nature et les sociétés humaines, durée qui représente le cycle de rédaction d'un rapport du GIEC. Une bonne manière de surplomber le problème et dégager des tendances s’étalant aujourd'hui sur plusieurs dizaines d’années.

À chaque rapport, le GIEC produit un document en plusieurs volumes qui dépassent les 2000 à 3000 pages. Un bon pavé qui aura du mal à reposer sur votre table de chevet, néanmoins, il possède pourtant un surprenant pouvoir soporifique pour les néophytes. Ce rapport basé sur des milliers d’études sourcées doit être accepté par le groupe de travail, contrairement au résumé à l'intention des décideurs qui doit être approuvé ligne par ligne par les représentants gouvernementaux. Si le texte ne peut contraindre personne, il émet des recommandations en mettant en avant les avantages des énergies vertes ou des plans d’action pour lutter contre les conséquences du changement climatique. En plus de son rapport généraliste, il délivre plusieurs études sur des thèmes spécifiques choisis par les États. 

De façon plus sporadique, le GIEC peut aussi produire des rapports méthodologiques pour tenter d’unifier les protocoles de mesure des gaz à effet de serre dans les États membres par exemple, ou travailler sur des documents techniques qui requièrent une expertise scientifique. 

Est-ce que le GIEC a une fonction politique ?

Aucun État n’intervient directement dans la rédaction d’un rapport. Ils sont toutefois invités à prendre part au texte du résumé pour décideurs. Ce sont en effet les représentants gouvernementaux qui vérifient et adoptent, ligne par ligne, les recommandations du GIEC. Si la synthèse finale est donc soumise à l'aval des États membres, le corps du rapport reste, lui, totalement indépendant. Cette corédaction finale donne au rapport du GIEC la légitimité nécessaire auprès des États membres et explique en partie la raison pour laquelle les rapports du GIEC ne sont jamais prescriptifs.

Les rapports du GIEC sont pris au sérieux et servent souvent de base pour les négociations internationales liées au changement du climat. L’accord de Paris de 2015 repose sur le rapport du GIEC et a été signé par les 195 États membres de cet organisme comme l’indique le Ministère français de l’Économie des Finances et de la Souveraineté Industrielle et Numérique.

L’impact du GIEC sur notre société

Dans un article paru dans le Huffington Post, Jean Jouzel, un paléoclimatologue, membre de l'Académie des Sciences en France et ex membre du GIEC réagissait au film “Don't look up”. Le long métrage sorti sur Netflix et qui dépeint deux scientifiques tentant vainement de convaincre l’humanité qu’une météorite va détruire la planète dans l’indifférence générale a été vécu comme un témoignage fidèle de ce que ressentent les experts du GIEC dans notre monde bien réel. “Ce que vivent ces deux astronomes, c’est un peu ce que j’ai vécu", affirme-t-il dans l’article. Si Jean Jouzel et d’autres membres du GIEC se sont reconnus dans le film d’Adam McKay, c’est parce que le réalisateur a véritablement voulu illustrer leur combat. Ce film s’inscrit dans une nouvelle démarche artistique qui met l’engagement écologique au centre des œuvres, on peut ainsi citer Léonardo Di Caprio, acteur dans ce film et artiste engagé pour l’écologie

Le rapport du GIEC est devenu un véritable évènement de nos jours, pour autant, malgré les synthèses de plus en plus alarmistes des experts, c’est souvent la légèreté qui règne lorsqu’un spécialiste du GIEC est invité sur un plateau. Une situation parfaitement décrite par l'absurde dans le long-métrage de Netflix qui fait partie de ces nouveaux films porteurs d’un message sur l’écologie.

La reconnaissance du GIEC est parallèle à la prise de conscience du changement climatique et du rôle des sociétés humaines dans cette modification. Aujourd'hui accepté comme une autorité objective et scientifique, le GIEC a reçu en 2007 le prix Nobel de la Paix, un prix toutefois partagé conjointement avec l'ancien vice-président américain Al Gore. Une belle illustration du chemin qu’il reste à parcourir pour que les milliers de scientifiques travaillant sur les effets du changement du climat soient considérés comme plus efficaces qu’un seul homme politique.

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