Les forêts participent à l’élimination du dioxyde de carbone dans l’atmosphère, ça, on sait. Pour mieux comprendre et visualiser concrètement le rôle de ces vénérables végétaux pour le maintien de la vie sur Terre, on peut approximativement calculer le CO₂ absorbé par un arbre, mais cela n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît.
Partons dans les forêts pour découvrir quelle diminution de l'empreinte carbone offre la plantation d’un arbre.
19 juillet 2023
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Avant de nous plonger dans des équations compliquées (bien entendu, nous allons nous épargner cette épreuve), il faut comprendre comment la plante absorbe le dioxyde de carbone et le transforme en oxygène (mais pas seulement).
Si, nous autres mammifères, utilisons la respiration, les plantes font exactement le contraire.
Lorsque l’on inspire, l’oxygène présent dans l’air aide nos cellules à brûler le glucose de notre corps, nous donnant l'énergie pour jouer au curling par exemple (mais si, vous connaissez ce sport qui mélange le bowling avec le ménage !).
Nous assimilons donc de l’oxygène comme “combustible” de notre glucose avant de l’expulser sous forme de dioxyde de carbone.
À l’inverse, les plantes, elles, absorbent l’eau et les sels minéraux dans la terre pour former ce que l’on appelle la “sève brute”.
Cette sève va voyager dans l’arbre jusqu'à atteindre les feuilles. Pleines de sève, celles-ci absorbent alors la lumière et le CO₂ présents dans l'atmosphère. Avec un peu d‘énergie du soleil, la magie opère et le CO₂ est transformé en glucose et les rejets s’effectuent sous la forme d’oxygène !
La capture de dioxyde de carbone par les plantes est donc un fait scientifique qui incite à la plantation des milliards d'arbres sur la planète.
C’est en partant de ce principe que l’interrogation sur la consommation de CO₂ d’un seul arbre peut être discutée.
Pour autant, les calculs sont bien entendus assez compliqués et souffrent de la multitude des espèces végétales, mais aussi de la différence entre les arbres d’une même essence.
Que ce soit le lieu de vie, les conditions météorologiques durant les premières années de l’arbre, ou encore d’autres paramètres, chaque arbre est unique et absorbe donc une quantité de CO₂ qui lui est propre.
En sachant qu’un peu moins de 50 % de la matière sèche d’un arbre est composé de carbone (la matière sèche est la masse de bois sans l’eau présente dans celle-ci) et que pour obtenir un kilogramme de carbone, il faut 3,67kg de CO₂, il suffit de calculer la matière sèche d’un arbre et de la multiplier par 3,67kg, pour obtenir en kg le CO₂ absorbé durant la vie de l’arbre.
Ecotree donne donc le chiffre de 25 kg de dioxyde de carbone absorbé par an pour un arbre de 35 ans (avant la crise de la quarantaine) et pesant une tonne.
Bien entendu, tout cela est très schématique et peut varier en fonction de l’humidité de l’arbre et d'autres facteurs.
Mais avec ce calcul, on peut ainsi obtenir une fourchette. Un arbre stocke donc, selon cette méthode de calcul, entre 10 et 40 kg (20 et 35 kg pour la fourchette courte) de CO₂, chaque année.
Le Paulownia Tomentosa ou arbre Kiri est originaire d’Asie. Ce spécimen surnommé l’arbre impérial pour sa majesté illustre parfaitement les différences qu’il peut exister entre les espèces d’arbres.
Ainsi, grâce à ses super facultés de photosynthèse, le Kiri peut absorber jusqu'à dix fois plus de CO₂ que ses compères. En trois années à peine, il est à même d’atteindre sa taille adulte (qui peut être de plus d'une vingtaine de mètres !) Plus encore, ses racines qui plongent dans le sol y aspirent des poussières et autres impuretés pour booster sa croissance.
Le Paulownia pourrait donc se révéler comme la solution ultime ! Alors, pourquoi ne pas planter des centaines de millions de ces arbres un peu partout sur la terre ?
Eh bien, parce que cela dépend d’autres facteurs. En effet, la science, qui a pris pour habitude de balayer les préjugés de ses contemporains, a encore frappé. Car, il semble que si les arbres absorbent du dioxyde de carbone pour évacuer de l’oxygène, ils rejettent, ou plutôt favorisent, l’apparition de méthane, un autre gaz à effet de serre.
Selon une étude du Yale School of the Environment, les arbres pourraient ainsi favoriser l’apparition du méthane, un gaz 28 fois (rien que ça) plus réchauffant pour l'atmosphère sur cent ans.
Depuis toujours, les satellites peuvent observer du méthane en grosses proportions dans les forêts équatoriales et les forêts vierges très humides de la planète. Si personne ne savait vraiment pourquoi et comment ce gaz participant au réchauffement climatique se trouvait là, des débuts de réponses commencent à émerger.
Pour autant, les forêts moins humides ne semblent pas déverser de grosses quantités de méthane (qui n’est pas du biométhane), même si elles en expulsent, de fait.
Ajoutons à cela que le méthane disparaît après une dizaine d’années dans l'atmosphère contre au moins un siècle pour le CO₂.
Si cette découverte peut, en partie, expliquer le réchauffement climatique et la présence de méthane dans l'atmosphère, ce n’est en aucun cas à cause des arbres que le réchauffement climatique s’accélère d’année en année, comme le démontrent les rapports du GIEC.
Un arbre absorbe donc ses deux douzaines de kg de CO₂ par an, profitant d'une abondance de gaz à cause de notre mode de vie. Cela semble un peu dérisoire comparé à la dizaine de tonnes de CO₂ rejetés par chaque Français par an selon le Ministère de la Transition Écologique et Solidaire.
Il faudrait donc planter à peu près la bagatelle de 400 arbres trentenaires par an et par Français pour compenser notre empreinte carbone, un chiffre qui illustre le fossé qui nous sépare encore de l’équilibre écologique parfait.
https://e360.yale.edu/features/scientists-probe-the-surprising-role-of-trees-in-methane-emissions
https://ecotree.green/combien-de-CO₂-absorbe-un-arbre
https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S1001841714001417