
L’empreinte carbone du streaming vidéo
Regarder une série, un documentaire ou une vidéo de chat qui fait du yoga… le streaming vidéo fait désormais partie de notre quotidien. Conséquence ? La part du numérique dans les émissions mondiales de gaz à effet de serre augmente chaque année.
Ce que l’on ne perçoit pas forcément, c’est que derrière les pixels qui défilent se cache une réalité moins visible : cette pratique pèse dans la balance carbone du numérique.
Alors, avant de binge-watcher, petit détour par les coulisses de l’écran. Chiffres clés, facteurs d’impact, et conseils futés pour streamer plus léger, sans sacrifier la fin de saison de votre série préférée. 😉
19 juillet 2025 à 10:36
Lecture 6 mn
En résumé
🎬 Chiffres clés de l’empreinte carbone du streaming
Regarder une vidéo, ce n’est pas juste appuyer sur « play », c’est aussi faire circuler des giga-octets à travers des data centers bien gourmands. Et ça, côté climat, ça finit par peser.
- Chaque année, le streaming vidéo génère plus de 300 millions de tonnes de CO₂, soit l’équivalent des émissions annuelles d’un pays comme l’Espagne¹.
- Un gros morceau du numérique : en France, les usages audiovisuels (TV, VOD, streaming…) ont émis 5,6 millions de tonnes de CO₂ en 20222, soit un tiers de l’empreinte carbone numérique nationale. Et globalement, la vidéo représente près de 20 % des émissions du secteur numérique.
- Trafic Internet dominé par la vidéo : en 2023, la vidéo représente entre 60 % et 80 % du trafic mobile mondial, selon les données de Statista3 (Chart 27664) issues de Cisco/Sandvine. Autant dire qu’entre YouTube, TikTok ou Netflix, les données ne s’évaporent pas… elles se bousculent dans les tuyaux.
Selon les conditions, les appareils, le réseau et le mix énergétique, l’empreinte carbone du streaming varie considérablement : de 6 à 175 gCO₂ par heure selon les sources⁴⁻⁵⁻⁶
Concrètement ? Une heure de streaming vidéo émet en moyenne 36 gCO₂ dans le monde, environ 55 gCO₂ en Europe. Du côté de l’ADEME, une heure de streaming est quantifiée à 64 g CO₂e.
Facteurs d’impact : appareils, réseaux et usages
L’empreinte carbone du streaming vidéo ne dépend pas que de la plateforme. Elle varie selon l’appareil utilisé, le type de réseau, la qualité vidéo… et quelques habitudes pas toujours très sobres. Petit tour des coulisses de votre épisode préféré.
Appareil de visionnage : tout commence à l’écran
Ce n’est pas tant le flux de données qui alourdit la note carbone… mais bien l’appareil sur lequel on regarde. Plus l’écran est grand, plus il consomme : la taille de l’écran est directement corrélée à sa consommation électrique, rappelle l’ADEME. Résultat ? Regarder une série sur un téléviseur de 50 pouces, c’est largement plus énergivore que sur un smartphone, et nettement plus que sur un ordinateur portable⁷.
Une étude Suski, Pohl & Frick (2020), alliant ACV (une méthode qui évalue les impacts environnementaux d’un produit de sa fabrication à sa fin de vie) et enquête terrain8, révèle un véritable gouffre carbone : streamer sur une smart TV peut générer jusqu’à 10 fois plus de CO₂ que sur un smartphone, pour un même contenu.
👋 La fabrication des appareils compte aussi (beaucoup) dans leur empreinte carbone et le smartphone est aussi concerné. Toutefois, pour une session de visionnage, c’est surtout la consommation électrique en usage qui fait la différence.
Réseau de connexion : fixe ou mobile, le match est serré
Le réseau que vous utilisez pour regarder la vidéo influe fortement sur l’impact carbone.
- Le Wi-Fi ou l’Ethernet ? Plutôt sage
- La 4G ou la 5G ? Beaucoup plus énergivores
Selon l’Arcep, 1 Go consommé via un réseau mobile mobilise trois fois plus d’énergie que sur un réseau fixe9, ce qui se traduit par un impact carbone environ triplé pour le même contenu. Antennes, relais, transmissions… tous ces systèmes consomment plus d’énergie qu’un simple câble ou une box à la maison.
Et les data centers dans tout ça ? Présents, mais discrets : ils ne représenteraient qu’environ 5 à 10 % de l’empreinte énergétique du streaming4, grâce à leurs gains d’efficacité et à une bascule progressive vers des énergies renouvelables.
Qualité vidéo : 4K ou pas 4K ?
Sur un téléviseur, la différence entre la HD et la 4K est minime côté CO₂, car l’écran lui-même domine les émissions, quelle que soit la résolution.
En revanche, sur un smartphone, la différence est flagrante : passer de la qualité standard à la HD sur 4G/5G peut doubler voire tripler la consommation énergétique (et donc les émissions), notamment à cause du surcroît de données transférées — un mauvais combo réseau/qualité devient vite détonnant côté empreinte.
Autrement dit : baisser la résolution a peu d’effet sur une télé gloutonne, mais beaucoup d’intérêt sur un appareil léger connecté en réseau mobile. Et dans tous les cas, un bon codec ou un serveur bien placé aide à limiter la casse.
Mode de diffusion : télé ou streaming, chacun son poids
Tous les contenus vidéo ne se valent pas côté climat. La TV classique (TNT, câble, IPTV) reste l’usage dominant en France, et nettement plus mutualisée. Une diffusion TV partagée entre des millions de foyers est donc infiniment plus économe par spectateur.
En revanche, le streaming à la demande (Netflix, YouTube…) exploite des serveurs, un réseau et une box individuelle pour chaque utilisateur : plus souple, mais aussi clairement plus énergivore. Une étude Ofcom/LoCaT estime l’impact à ~90 g CO₂e/h, contre ~36 g CO₂e/h pour la diffusion terrestre¹⁰
Certaines plateformes font des efforts : mise en cache locale, compression intelligente, codecs aux petits oignons… Bref, elles optimisent.
D’autres, en revanche, chargent la mule : pubs, vidéos automatiques, recommandations en boucle… De quoi alourdir l’empreinte sans rien demander.
Et puis il y a le « streaming fantôme » : ces vidéos qu’on laisse tourner sans vraiment regarder. Une série lancée en fond pendant qu’on plie du linge ? Oui, c’est du CO₂ pour un public distrait. On a vu plus rentable, même pour une rediff d’Inspecteur Barnaby, c’est dire !
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Oui, on peut aimer The Bear, House of the Dragon ou une rediff de JDG sans faire chauffer la planète. Voici quelques réflexes malins pour un streaming plus éco-friendly, qui n’abime pas le climat et aide ainsi à réduire la pollution numérique.
👋 Afin de déterminer votre bilan carbone numérique un simulateur de l’ADEME est disponible.
📶 Privilégiez les connexions sobres
Chez vous, le Wi-Fi, c’est le roi. Il consomme nettement moins que la 4G/5G. Donc, quand vous êtes dans le train, avant de lancer Avatar 2 en ultra-HD, pensez à attendre d’être au chaud chez vous. Un bon livre, un bon podcast ou… une bonne sieste seront de très bonnes alternatives 🙃.
Un épisode de The Office en Wi-Fi, c’est cool. En 5G sur la plage ? Moins.
Adaptez la qualité à l’écran (et à l’importance du contenu)
Regarder une interview floue d’un influenceur dans sa voiture ? Pas besoin de la 4K Dolby Vision.
Sur smartphone ou petit écran, la HD standard suffit largement. Et pour un tuto YouTube sur « comment plier un drap-housse », même la SD, c’est déjà du luxe.
Bonus : dans les réglages Netflix/YouTube, on peut souvent bloquer la qualité max. Et éviter la lecture automatique : c’est pas parce que vous finissez Succession que vous devez tout de suite enchaîner avec un docu obscur sur les fourmis entre deux ronflements.
🎧 Le son, sans l’image (quand c’est possible)
Si vous lancez une vidéo juste pour écouter la voix d’un streamer ou une interview politique pendant que vous faites la vaisselle… autant passer au format audio.
Spotify, podcasts, playlists : c’est 5 à 30 fois moins de données. Et pas besoin de voir la tête de votre youtubeur préféré en 1080p pour entendre ses blagues (pour les débats politiques, c’est encore plus valable).
📥 Télécharger pour visionner plus malin
Vous avez prévu de revoir Everything Everywhere All At Once pour capter tous les multivers ? Téléchargez la vidéo une fois en Wi-Fi, puis regardez-la tranquillement, sans pomper du réseau à chaque visionnage.
Idem pour les tutos, les vidéos de révision ou vos épisodes en vadrouille.
Une fois en local = zéro chargement répété = moins d’émissions.
📱 Faites durer vos appareils, comme les meilleures séries
Changer de smartphone tous les deux ans, c’est un peu comme faire dix saisons d’une série qui aurait dû s’arrêter à la troisième (coucou Riverdale ou The Walking Dead).
Gardez vos équipements le plus longtemps possible. Entretenir sa télé, sa box, ou opter pour du reconditionné, c’est un geste sobre, stylé ET économique !
🎥 On est passé à l’éco-vision (et nos vidéos aussi)
Chez Ekwateur, on aime les belles vidéos… mais pas les lourdeurs inutiles.
Alors on a décidé de faire fondre tout ça (sans faire fondre la qualité) en collaborant avec CUTZ, une solution qui compresse les vidéos jusqu’à –70 %, sans perte visuelle. Résultat : des vidéos plus légères, plus rapides à charger, plus faciles à manipuler, et surtout moins énergivores.
Concrètement, CUTZ nous permet de…
- Réduire notre impact carbone
Moins de données à transférer = moins d’énergie consommée. Chaque vidéo compressée, c’est un petit poids en moins pour la planète. - Diminuer le temps de chargement
Des fichiers plus légers, ça charge plus vite — même quand la connexion rame. - Favoriser la lecture pour tous
Sur ordi, tablette ou smartphone, y compris avec une connexion moyenne, nos vidéos restent accessibles. Un vrai coup de pouce à l’inclusion numérique.
Regarder une série ne sera jamais 100 % neutre, mais il y a mille façons de faire mieux sans gâcher son plaisir. Un bon réglage ici, une connexion Wi-Fi là, un épisode téléchargé plutôt que streamé trois fois… Chaque petit geste compte.
Chez Ekwateur, on est convaincu que la sobriété peut aussi rimer avec confort, plaisir et pop culture.
Alors, que vous soyez fan de séries ou des tutos Excel, gardez à l’esprit que streamer malin, c’est un rôle à la portée de chacun·e. Et pas besoin d’un abonnement premium pour ça. 😉
- https://theshiftproject.org/en/publications/unsustainable-use-online-video/
- https://www.ademe.fr/presse/communique-national/larcom-et-larcep-en-lien-avec-lademe-publient-une-etude-inedite-sur-limpact-environnemental-des-usages-audiovisuels-en-france-en-2022-et-a-lhorizon-2030/
- https://www.statista.com/chart/27664/mobile-data-traffic-by-application-category/
- https://www.carbontrust.com/our-work-and-impact/guides-reports-and-tools/carbon-impact-of-video-streaming
- https://www.iea.org/commentaries/the-carbon-footprint-of-streaming-video-fact-checking-the-headlines
- https://en.reset.org/our-digital-carbon-footprint-environmental-impact-living-life-online-12272019/
- https://www.arcep.fr/la-regulation/grands-dossiers-thematiques-transverses/lempreinte-environnementale-du-numerique/etude-ademe-arcep-empreinte-environnemental-numerique-2020-2030-2050.html
- https://arxiv.org/abs/2006.11129
- https://www.arcep.fr/mes-demarches-et-services/consommateurs/fiches-pratiques/equipements-et-usages-numeriques-comment-limiter-mon-impact-environnemental-au-quotidien.html
- https://www.researchgate.net/publication/241184771_The_carbon_footprint_of_watching_television_comparing_digital_terrestrial_television_with_video-on-demand