Quel est l’impact de la grande distribution sur l'environnement ?

Avant d’atterrir dans votre caddie, ce délicieux biscuit Napolitain vendu dans votre supermarché préféré a fait du chemin. Et malheureusement, le voyage n’a pas été très écologique. ✈️

Tout d’abord, il faut extraire les matières premières nécessaires à la fabrication du biscuit. Ce produit contient par exemple de l’huile de palme. Or, d’après Greenpeace, “depuis les années 2000, l’Asie du Sud-Est a sacrifié des millions d’hectares de forêts à une production d’huile de palme” (2). Le premier maillon de la chaîne d’approvisionnement porte déjà atteinte à l’environnement. Voyons le suivant.

On passe à l’étape de la transformation : il s’agit maintenant de transformer ces matières premières en produits finis. Cette étape implique l’intervention de plusieurs industries de transformation qui utilisent de l’énergie pour fonctionner. Or, le secteur de l’industrie manufacturière est le quatrième contributeur d’émissions de gaz à effet de serre (GES) sur le territoire national français (3). Oups, la supply chain continue de polluer. 

Enfin, c’est le moment de distribuer la marchandise. Cette étape demande de faire transiter les produits par la route, ou par bateau / avion dans le cas d’une production externalisée. Là encore, le bilan carbone s'alourdit puisque le transport est l’activité qui contribue le plus aux émissions de gaz à effet de serre (GES) de la France (31 % en 2019). (4) 

Vous connaissez l’expression du champ à l’assiette ? Avant de finir dans votre assiette, la pomme de terre vapeur qui accompagne votre raclette a été cultivée puis transformée par l’industrie agroalimentaire pour pouvoir être consommée. Or, le secteur de l’agroalimentaire a un impact considérable sur l’environnement.

Pour répondre à la demande exponentielle en viande et en produits laitiers en Europe, des forêts entières (à commencer par l’Amazonie) sont décimées. Elles laissent place à des exploitations intensives de bétail et à des cultures de soja qui contribuent à détruire la biodiversité.

L’agriculture est le deuxième poste d’émissions de GES en France, soit 19 % du total national. (5) Ces gaz proviennent d’abord de l’élevage, puis de la culture, et enfin de la consommation d’énergies fossiles qui servent à faire fonctionner les engins agricoles.

Emballé, c’est pesé. Votre patate est prête pour un road trip inoubliable, direction une enseigne de grande distribution. Quel est le bilan carbone de ce voyage ?

En 2019, le secteur des transports est le plus émetteur de GES en France : 31 % des émissions totales. Or, 22 % des émissions de ce secteur sont liées au transport des poids lourds. Ces derniers assurent 80 % des marchandises transportées, dont 31 % sont des produits agricoles ou issus de l’industrie agroalimentaire. (4)

D’après l'étude “Bilan carbone de l'alimentation en France, de la production à la consommation” de l’Ademe, même si la majorité des produits alimentaires consommés par les ménages français sont importés par voie maritime (57 %), c’est surtout l’axe routier qui a un impact négatif sur l’environnement : il est en effet responsable à lui seul de 83 % des émissions du transport de produits alimentaires. (6)

Au-delà du transport des marchandises, il faut ajouter l’impact carbone lié au déplacement des ménages pour leurs achats. Car les hypermarchés sont souvent situés en dehors des centres-ville et impliquent de s’y rendre en voiture ! 1360 km/personne/an en moyenne sont parcourus pour les achats alimentaires et la restauration hors domicile. (6)

Une étude de l’Ademe “Pertes et gaspillages alimentaires : état des lieux et leur gestion par étapes de la chaîne alimentaire” parue en 2016 a calculé que sur les 10 millions de tonnes de nourriture perdue et gaspillée chaque année, 14 % viennent de la distribution. (7)

Cela représente 1 388 792 de tonnes de produits alimentaires jetés tous les ans pour ce secteur, soit 3 804 689 de tonnes équivalent CO₂ (Mteq). Toutefois, c’est surtout la phase de production qui génère le plus de déchets : 32 % du total. Les causes sont multiples : surproduction, problèmes sanitaires, tri sélectif, etc. (7) 

Dans le cas de notre amie la patate, le tri consiste à se débarrasser de tous les tubercules présentant un défaut, comme une forme trop irrégulière ou des aspérités. 😣

À ces déchets alimentaires s’ajoutent les emballages, qui représentent 52 % des déchets produits par une grande surface. Le plastique est un vrai fléau puisqu’il est présent partout : dans l’emballage de transport, de manutention et de conservation des produits. 

Vous avez déjà vu des patates précuites, emballées sous vide ? Nous oui. 🥺

Or, seuls 24 % des déchets plastiques sont recyclés en France. En septembre 2022, neuf géants de la distribution ont été épinglés pour l’insuffisance de leurs actions dans la réduction des risques liés à la pollution plastique. (8) 

D’après la Fédération du Commerce et de la Distribution, en 2018, on dénombrait plus de 2000 hypermarchés et près de 6 000 supermarchés en France. Or, la surface de vente en libre-service d’un hypermarché oscille entre 2 500 et 20 000 mètres carrés. (9) 

Imaginez donc la quantité d’énergie nécessaire pour éclairer, réfrigérer et climatiser tout ce beau monde ! Un vrai gouffre énergétique … d'autant que la consommation de surgelés dans les années 2000 a explosé, ce qui a fait grimper la note d’électricité et d’eau, nécessaire au bon fonctionnement des meubles de froid. 

On estime qu’une grande surface à dominante alimentaire consomme de l’énergie : entre 800 et 900 kWh au mètre carré, et le rayon frais compte pour 50 % de la facture. (9)

Or, on sait que l’énergie, si elle est d’origine fossile, est fortement émettrice de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique. C’est pour cette raison qu’un projet de loi prévoit d’imposer “aux propriétaires de parkings de plus de 2.500 mètres carrés l'installation d'ombrières photovoltaïques sur au moins la moitié de leur superficie.” Comme ça, on réduit la facture d'électricité et en plus l’électricité produite est propre : elle est issue de l’énergie solaire, une énergie renouvelable inépuisable et gratuite. ☀️ (10)

On espère ne pas vous avoir coupé l’appétit pour votre raclette. 🧀 Maintenant, vous savez ce qu’il vous reste à faire : privilégier les commerces de proximité, les magasins bio et autres boutiques plus respectueuses de l’environnement ! Et bon appétit bien sûr. 😉