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La planète terre dans un désert.
La planète terre dans un désert.

L'objectif de maintien du réchauffement sous 2° C "est mort" : le rapport derrière les gros titres

Les grands titres des médias sont à l’unisson depuis la parution d’une dépêche de l’AFP qui titre “L'objectif de maintien du réchauffement sous 2° C "est mort", selon un éminent climatologue. Une phrase coup de poing, une véritable punchline, qui tend à rendre ce constat alarmant spectaculaire. Est-ce pour mieux interpeller les citoyens-nes ? On peut se poser la question quand le titre traduit de l’étude qui émet ce constat est “Le réchauffement climatique s'est accéléré : les Nations Unies et le public sont-ils bien informés ?”.

Est-on bien informé ? Le réchauffement climatique s’accélère-t-il aussi rapidement que cela ? Comment, alors, penser des voies alternatives pour que ce type d’échec ne se reproduise pas ?

C’est à cela que tente de répondre l’étude dirigée par James E. Hansen, ancien climatologue en chef de la NASA, et 17 autres chercheurs et chercheuses.

🤓 Attardons-nous ensemble sur une étude qui fait grand bruit et ce qu’elle tend à démontrer.

En résumé


L’étude “Global Warming Has Accelerated: Are the United Nations and the Public Well-Informed?”

Sortie le 3 février 2025 sur le site de Taylor & Francis, un éditeur académique reconnu internationalement pour ses publications dans les domaines des sciences, l’étude “Le réchauffement climatique s'est accéléré : les Nations Unies et le public sont-ils bien informés ?” tente de comprendre comment la communauté scientifique et les organisations internationales ont pu sous-estimer le réchauffement climatique. Elle met ainsi en lumière des mécanismes mal compris et des limites dans les projections climatiques.

Une accélération fulgurante du réchauffement climatique

D’abord le constat. Selon l'étude, depuis 2010, le réchauffement climatique s'est accéléré de plus de 50 % par rapport au taux de 0,18° C par décennie, observé entre 1970 et 2010. 

Plus la terre se réchauffe, plus la vitesse à laquelle elle se réchauffe est rapide. 🌍

Une augmentation de la température moyenne mondiale qui s’accélère

Entre 1970 et 2010, la température moyenne mondiale s’élevait donc de 0,18° C par décennie. En 40 ans, il en résultait donc une hausse estimée de 0,72° C. 

🌡️ Selon une étude publiée en 2024, avec une augmentation qui atteint 0,26° C par décennie, en 40 ans, on assistera alors à une élévation de 1,04° C. 

Cette observation illustre parfaitement la courbe exponentielle. Plus il fait chaud, et plus les phénomènes qui accélèrent ce réchauffement sont fréquents.

Une terre aussi chaude qu’il y a 120 000 ans !

La Terre est aujourd'hui plus chaude qu'à tout moment de l'Holocène et atteint des températures comparables à celles de l'interglaciaire Eémien (il y a 120 000 ans).

La température globale a augmenté de plus de 0,4° C en seulement deux ans, atteignant +1,6° C en août 2024 par rapport aux niveaux de la fin du XIXe et début du XXe siècle.

L'augmentation de la température mondiale est donc un fait objectif et observable. Toutefois, son accélération à une telle vitesse n'était pas forcément prévue. La faute à des phénomènes dont l’ampleur et les conséquences ont pu être sous-estimées.

Comment en est-on arrivé là ?

Après ce constat alarmant, l’étude explique cette accentuation fulgurante.

El Niño est grand

Le dernier épisode El Niño, qui s'est développé en juin 2023 et a persisté jusqu'en juin 2024, a surpris la communauté scientifique par son ampleur. Ce phénomène a contribué à des températures mondiales record, notamment durant l'été 2024. 

🌬️ Le phénomène El Niño se déclenche en raison d’un affaiblissement ou d’un arrêt des vents alizés, qui soufflent habituellement d’est en ouest le long de l’équateur. Pour comprendre son rôle et son ampleur, tentons d’illustrer le phénomène : 

🍃 Les vents alizés s’affaiblissent. Ces vents qui poussent normalement les eaux chaudes de l’Océan Pacifique vers l’Asie (l’ouest) s’atténuent grandement, ou même s’inversent !

Tel un bateau, les eaux chaudes qui s’accumulent normalement dans l’ouest du Pacifique (près de l’Indonésie) commencent à se déplacer vers l’est, vers les côtes de l’Amérique du Sud.

🥵 Cette accumulation d’eau chaude dans l’est du Pacifique bloque la remontée des eaux froides des profondeurs (phénomène d’upwelling), qui refroidissent normalement la surface des mers. Une grande quantité de chaleur accumulée dans l'océan se diffuse sur une surface plus vaste, ce qui augmente la température moyenne de la surface de l'océan.

♨️ La répartition modifiée de la chaleur influence ensuite la circulation atmosphérique globale. L’air devient donc plus chaud, réchauffé par les surfaces océaniques. Les régions qui reçoivent cette chaleur supplémentaire connaissent des modifications dans leurs schémas météorologiques, contribuant à un réchauffement global. La répartition modifiée de la chaleur dans les océans affecte les mouvements de l'air à travers la planète et entraîne un plus grand réchauffement de certaines régions par rapport à d'autres. Ces événements perturbent les courants atmosphériques et modifient les schémas météorologiques globaux. Par exemple, on peut assister, à la fois, à des vagues de chaleur, des sécheresses ou des précipitations extrêmes dans différentes parties du monde.

En réchauffant les eaux d’une planète qui en est recouverte (71 % de la surface de la Terre, tout de même), le phénomène El Niño augmente la température moyenne générale. Le phénomène le plus récent qui a cessé en juin 2024 a ainsi entraîné une hausse de 0,4° C de plus que les précédents El Niños, même les plus intenses. Cet El Niño était grand, immense même, et ce type de phénomène extrême pourrait avoir tendance à se répéter. 

🧑‍🔬 L’ampleur des conséquences du dernier El Niño a déconcerté la communauté scientifique, qui peine à concilier les observations avec les théories existantes. Ce qui se passe dans le réel est pire que les prédictions de la science. C’est ça, le premier message de l’étude.

Le rôle sous-estimé des gaz à effet de serre (GES) et des aérosols

🚢 En brûlant du fioul lourd, les navires de commerce dispersent des quantités astronomiques d'aérosols (des particules fines). Or, en 2020, des mesures pour améliorer la qualité de l’air ont été mises en œuvre, réduisant grandement les particules fines émises dans l'atmosphère.

🤸 On pourrait se dire Youpi ! Et bien non ! Car ce changement est en partie responsable du réchauffement de la planète ! C’est difficile à croire, et pourtant !

☁️ Les grandes quantités de particules fines émises par les navires forment des nuages. Ces nuages ont une capacité de réfléchissement de la lumière solaire (on appelle cela l'albédo) qui “renvoie” une partie de la lumière solaire et donc de la chaleur. 

☀️ Sans ces nuages pour servir de barrière artificielle (et polluante, ne l'oublions pas), la chaleur solaire est alors encore plus retenue par la Terre. Plus de chaleur emmagasinée, c’est synonyme d’une température moyenne qui augmente et donc une contribution au réchauffement climatique !

🤝 En climatologie, ce phénomène est appelé un “pacte faustien” car : 

Les GES, notamment le CO₂ issu de la combustion des combustibles fossiles et de la déforestation, retiennent la chaleur de la Terre et sont la principale cause du réchauffement d'origine humaine.

Cependant, les aérosols, produits par la combustion des combustibles fossiles et des biocarburants, réfléchissent la lumière solaire, générant un effet de refroidissement qui compense en partie l'effet des GES.

En produisant des particules fines, on obtient donc un effet immédiat de réduction du réchauffement de la planète, et pourtant ces particules fines en même temps détériorent l’état général de la planète. Un pacte avec le diable qui sonne comme une mauvaise idée, sauf si on a envie de devenir le Jimmy Hendrix et ou la Janis Joplin de la pollution.

Ce réchauffement généralisé a pourtant des conséquences terribles.

Les conséquences de cette accélération du réchauffement climatique

Le maintien de températures élevées, même en phase La Niña, implique que la température mondiale restera autour ou au-dessus de +1,5° C dans les années à venir. 

💡 La Niña est le contraire d’El Niño et provoque : 

  1. un refroidissement des eaux de l'océan Pacifique central et oriental ;
  2. un renforcement des alizés (vents soufflant d'est en ouest) ;
  3. la perturbation des schémas météorologiques mondiaux.

La Niña est donc un phénomène qui devrait refroidir, ou, tout du moins ralentir le réchauffement climatique. Ce n’est pourtant pas le cas et ce constat illustre donc une tendance profonde. La terre se réchauffe et, selon les observations, les phénomènes météorologiques extrêmes qui pourraient ralentir cette augmentation de température n’ont aucun ou peu d'effets. 

⛈️ La conséquence en est une intensification des événements climatiques extrêmes, tels que des tempêtes tropicales, des tornades, des orages violents et des inondations.

Les récents phénomènes dramatiques à Valence, en Espagne, ou en 2025 à Rennes démontrent que les manifestations climatiques démesurées sont de plus en plus fréquentes.

🐚 Le réchauffement de la surface des mers et l’augmentation des zones à forte température menacent la vie marine, notamment les récifs coralliens.

🥵 Dans le même temps, la fréquence des vagues de chaleur et de sécheresse, y compris des « sécheresses éclair » s’accélère, et les pays les plus chauds du monde battent fréquemment des records de températures moyennes

🐻‍❄️ Dans les régions polaires, c’est la fonte des glaces qui s’aggrave à cause de la hausse de la température moyenne de l'atmosphère. Cette fonte provoque une accumulation d’eau douce dans l’Atlantique Nord, qui menace à son tour le cours naturel de l’AMOC. Selon cette étude, l’arrêt de la circulation méridienne de retournement de l’Atlantique (AMOC) pourrait survenir dans les 20 à 30 prochaines années ! 

Une des conséquences mentionnées par l’étude serait alors une élévation du niveau de la mer de plusieurs mètres, marquant ainsi un « point de non-retour », avec des conséquences irréversibles pour l’humanité.

🌊 Une élévation du niveau de la mer de 3 mètres pourrait provoquer la disparition de villes comme Venise, Miami, Jakarta ou encore la plupart des Maldives.

Encore une fois, l’étude éclaire sur un phénomène causé par le réchauffement climatique et qui le renforce. Ce cercle vicieux explique l'accélération de la hausse des températures moyennes et, selon les prévisions, il ne faut pas être très optimiste pour l’avenir.

La nécessité d’une approche alternative pour mieux comprendre et agir

Malgré une certaine prise de conscience et une sensibilisation du public à ce type de questions environnementales, il semble, pour les auteurs-ices de cette étude, que le GIEC ait sous-estimé certaines données :  

  • Les aérosols refroidissent l'atmosphère en reflétant une partie du soleil vers l'espace, néanmoins, leur effet a été sous-estimé ;
  • La sensibilité climatique, c'est-à-dire à quel point la Terre se réchauffe en réponse à une augmentation des gaz à effet de serre, a aussi été sous-évaluée.

Ces facteurs contribuent à l'accélération du réchauffement global et modifient les projections climatiques futures. Cela pourrait, pour l’étude, aggraver le risque d'injustice intergénérationnelle.

L’étude propose donc de compléter l’approche du GIEC par une méthode alternative. Celle-ci devra : 

  • Mettre l’accent sur l’utilisation des observations en temps réel pour affiner les modèles climatiques :

Il faudrait, selon l’étude, se concentrer sur la collecte et l’analyse de données actuelles (comme la température, les niveaux de CO2, l'évolution des glaces et des océans) afin de rendre les modèles climatiques plus précis. Ces observations pourraient permettre de mieux comprendre les phénomènes en cours et d'ajuster les projections futures. Une étape essentielle pour prévoir les impacts du réchauffement climatique et adapter les stratégies de lutte contre le changement climatique de manière plus efficace !

  • Mettre l’accent sur l’analyse des données paléoclimatiques pour tester et améliorer notre compréhension des phénomènes : 

Cela implique l'étude approfondie des conditions climatiques passées (à travers des calottes de glace, des sédiments marins, etc.) pour comprendre les variations du climat au cours des siècles et millénaires. Cette analyse pourrait permettre de tester les modèles climatiques actuels en les confrontant à des données réelles du passé et ainsi améliorer notre compréhension des phénomènes climatiques à long terme.

  • Mieux observer les océans et les glaces polaires

En observant en temps réel des phénomènes climatiques, on pourrait mieux comprendre les processus en cours et anticiper les impacts du réchauffement actuel. En effet, les océans et les glaces polaires jouent un rôle crucial dans le climat mondial, car ils influencent la circulation océanique, les niveaux de la mer, et le bilan énergétique de la Terre

Une électricité verte pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre

Comme nous l’avons expliqué, les GES sont un des facteurs principaux du réchauffement climatique ! Pour encourager la transition énergétique et profiter d’une électricité verte, rien de plus simple ! Avec l’offre électricité verte Ekwateur, votre énergie provient du solaire, de l’éolien ou de l’hydraulique, uniquement des énergies renouvelables qui respectent la planète ! Comment cela se passe-t-il ? Concrètement, grâce au système des Garanties d’Origine, on va faire en sorte que chaque kilowatt/heure d’électricité que vous consommez sur une année soit injecté dans le réseau sous forme d’électricité verte ! 

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Sans un rapide redressement de la barre, le futur de nos prochaines générations pourrait, selon l’étude, se révéler bien plus sombre que les estimations qui ne proviennent déjà pas du monde des Bisounours. Quand on lit les prédictions du réchauffement climatique en 2050, il y a de quoi s'inquiéter de conséquences encore plus graves que celles déjà prévues. Loin du fatalisme, cette inquiétude doit être le moteur d’une révolution dans l’analyse et les modèles de projections concernant le réchauffement climatique. Cette étude est un peu le “Top départ” de cette course ! 🏃

Sources

 https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/00139157.2025.2434494#abstract 

https://essd.copernicus.org/articles/16/2625/2024/essd-16-2625-2024-discussion.html

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