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Des pièces de monnaie qui illustrent l'augementation des prix
Des pièces de monnaie qui illustrent l'augementation des prix

Pourquoi le prix des matières premières augmente ?

Depuis quelque temps, le prix des matières premières a littéralement flambé pour atteindre des sommets, et la pente est de plus en plus difficile à grimper pour beaucoup. Si on nous parle d’inflation, d’effet d’offre et de demande, ou encore de “super cycle” pour tenter de nous expliquer cette augmentation des prix, il est parfois bien difficile d’en comprendre les véritables raisons pour les néophytes. Et pourtant, la hausse de ces matières se répercute forcément sur notre budget à tous-tes, puisque tout ce que nous consommons en contient. Que ce soit le blé, le bois, les métaux ou encore les évolutions des prix de l’énergie, nous utilisons tous-tes au quotidien des produits issus de la transformation de ces matières. Partons donc en quête de réponses pour comprendre les raisons de la hausse du prix des matières premières.


La hausse du prix des matière premières : des raisons multiples

Si les économistes ne sont parfois pas d’accord entre eux sur les origines de l'augmentation des prix des matières premières, tous-tes ou presque affirment que cela résulte de plusieurs causes. Dans la liste, on peut noter la baisse du dollar, la météo peu clémente cette année, la sortie de la crise sanitaire, les différents conflits mondiaux, ou l’entrée dans une ère de transformation, notamment avec le développement des énergies renouvelables grâce aux lois qui poussent à une transition énergétique. Afin de mieux comprendre l'augmentation des prix des matières premières, penchons-nous donc sur les différentes théories des économistes. 

Le dérèglement climatique

Certains problèmes ponctuels peuvent jouer sur le cours des matières premières. C’est notamment le cas des intempéries qui sont à l’origine de pénuries en matière de récoltes céréalières. Par exemple, la grande sécheresse au Brésil a fait monter les prix du maïs. En Europe, c’est le gel courant avril qui a impacté les rendements agricoles, notamment en blé. Avec une augmentation significative des catastrophes naturelles dues au dérèglement climatique, l’économie mondiale est fortement impactée. 

Plus encore, les expert-tes du GIEC ont signalé qu’une augmentation de 4°C de la température moyenne d’ici à 2100 pourrait faire perdre 1 à 5% du PIB mondial.

Suite à cette augmentation de la température, des conséquences économiques graves seront visibles rapidement.

La baisse du dollar

Le Dollar est la monnaie référente dans le monde sur laquelle est basé le marché global de tous les pays. Quand il augmente, le coût des matières premières diminue et quand il baisse, c’est l’inverse, le prix du bois, de l’acier, ou du pétrole, augmente. Dans un contexte de forte récession de la monnaie américaine, les matières premières augmentent “naturellement”. Cela arrange les rappeurs qui jettent des billets en l’air dans les clips, personne d’autre. 😉

Les accidents industriels

Si la nature peut nous jouer de mauvais tours, les capitaines des bateaux transporteurs ne sont pas en reste. Avec le blocage du canal de Suez en 2021 (manquer un créneau n’aura jamais coûté aussi cher dans l'histoire 😉), c’est toute la logistique et l’acheminement maritime mondial qui ont été chamboulés, car ce mode de transport représente à lui seul 80% du traitement des marchandises dans le monde. Même si ce genre d’accident n’est pas une des causes principales, il participe forcément à la hausse de prix. 

Le contexte de sortie de crise sanitaire

Pour Marie-Louise Djigbenou-Kre, économiste à la Banque Centrale des États d'Afrique de l’Ouest, cette hausse peut s’expliquer par la sortie de la crise sanitaire et les leviers économiques qui ont été mis en place.

L'augmentation significative des aides étatiques a relancé l’économie et la consommation. 

En injectant de l’argent après la crise sanitaire pour faire redémarrer l'économie, on encourage des investissements industriels qui entraînent une hausse de la demande en matières premières. Une demande qui s’accroît se traduit forcément par une augmentation des prix. La croissance est nécessaire pour reprendre la marche en avant, tout en étant la source du problème, car qui dit croissance, dit augmentation de la demande, et sans offre équivalente, qui dit augmentation de la demande dit augmentation des prix. Tout cela dans un contexte de reprise artificielle, où le monde économique est encore sous perfusion des aides étatiques dans divers pays.

Les Etats-Unis ont mis en place un immense plan dans le secteur du bâtiment afin de reloger des millions d’Américains dans des logements plus respectueux de l'environnement. Ces subventions incitent donc à la construction de nouveaux habitats. Or, le pays de l’Oncle Sam construit en grande majorité des maisons en bois (c’est pourquoi on voit des personnages détruire des murs avec une facilité déconcertante dans les films américains, essayez donc avec un mur en vieille pierre…). La demande de bois a donc explosé, ce qui a entraîné une hausse des prix.

C’est aussi l’avis de Philippe Chalmin, économiste, qui souligne la reprise en fanfare de l'économie chinoise et sa forte demande en matières premières qui gonfle aussi les prix.

Pour que l'économie reparte, il faut donc que la consommation augmente et que l'offre s‘adapte en conséquence.

La transition énergétique

Si la théorie de la sortie de crise sanitaire avec des subventions publiques est assez répandue parmi les économistes, la nécessité de la transition énergétique accentue ce phénomène selon certain-es, comme Helyette Geman.

L'économiste souligne ainsi qu’en raison des forts investissements dans la transition énergétique, certaines matières premières sont très demandées et donc sujettes à une forte augmentation de leurs prix. Si l’on regarde le cours du cuivre, matière essentielle pour les réseaux électriques, il a nettement progressé. 

Toutefois, l'économiste fournit un exemple encore plus parlant : si le prix de l'or a stagné durant l’année 2020, celui du palladium, un métal utilisé notamment dans les véhicules hybrides, a explosé. Picsou aurait donc sans doute changé aujourd'hui son coffre de pièces d'or pour une multitude de moteurs électriques et autres batteries au lithium. 😉

Il est à noter que ce rôle est minoré par d’autres économistes qui encouragent les citoyens à contribuer au quotidien à la transition énergétique

Le contexte géopolitique : un autre pan de la hausse des prix

La géopolitique a des incidences sur l’économie mondiale, le récent conflit en Ukraine le prouve avec l'augmentation des prix du blé. Dans un monde qui bouge sans cesse, les facteurs géopolitiques qui influent sur le cours des matières premières sont très nombreux.

Peu de pays producteurs

Qu'il s'agisse du pétrole, de certains métaux, du bois, ou encore de céréales comme le blé ou le maïs, peu de pays sont détenteurs de ces matières premières. L’exemple le plus connu est sans doute celui du pétrole, avec quelques États producteurs qui distribuent au monde entier cette ressource pourtant essentielle au bon fonctionnement de tous les pays. Le cobalt est un autre exemple parlant : métal nécessaire dans de très nombreuses industries, il est pourtant assez mal réparti sur terre et la Chine en possède près de 40% des réserves mondiales. La hausse du prix du gaz s’explique aussi grandement par cette répartition inégale des réserves mondiales, accentuant significativement une augmentation des tarifs de l’énergie en Europe.

Les choix politiques des pays

Certains choix des grands pays peuvent avoir une conséquence durable sur l'économie mondiale. C’est notamment le cas avec Donald Trump (pour rester dans le thème de Picsou). L’ancien président américain avait en effet décidé de doubler la taxe sur le bois canadien. Les charpentiers américains, voyant le prix du bois de leur voisin augmenter, ont alors préféré opter pour du bois européen, oubliant la douce odeur de l’érable (vous avez dit cliché ?). Cette nouvelle demande stimulant l’augmentation de l’offre européenne a provoqué une tension sur le marché, se traduisant par l’accroissement du prix du bois de chauffage et de construction.

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La spéculation financière

À tout cela s'ajoute la spéculation financière qui consiste en l'acquisition ou la vente de titres en prévision de ce qui va se passer dans le futur. Ces amateurs de boule de cristal ( réellement en cristal pour le coup) peuvent ainsi influer sur les marchés par simple intention.

Ainsi, si tout ce monde se met à acheter du bois en grande quantité au même moment, le prix augmentera inévitablement, selon la loi de l’offre et de la demande. 

La peur des investisseurs que le marché s'emballe et que les prix augmentent les incite à agir en amont et, ainsi, font augmenter les prix…d’autres, moins scrupuleux, vendent ou achètent à dessein en jouant sur les risques de pénuries ou de surproduction, en vue d'appuyer sur la courbe montante ou descendante et ainsi réaliser une plus-value.

Un spéculateur vendant son blé avant qu’il ne chute pour le racheter juste après fera une bonne opération financière, au détriment du marché.

Dans un système où toute l’économie repose sur la loi de l’offre et de la demande, les économistes et les spécialistes avancent diverses théories et explications pour justifier la hausse des cours des matières premières. Maintenant que l'on connaît les raisons, il ne reste plus qu'à trouver les solutions pour résoudre ce problème  avant que l’on offre des bijoux en bois à la Saint-Valentin et des bouteilles d’essence à Noël, deux matières premières déjà devenues produits de luxe. 🙃

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