Une tempête a traversé la France et, désormais, tout le monde connaît le prénom qui lui a été attribué : Kirk.
Les dégâts de la tempête ont été immenses et les habitants-es de régions touchées ont accusé le coup.
Il faut dire que la période à laquelle a sévit ce phénomène météorologique extrême interroge le grand public.
Les scientifiques, elleux, semblent bien moins surpris-es et inscrivent déjà cette tempête dans un bouleversement plus grand : le dérèglement climatique.
Alors, les activités humaines qui dérèglent le climat sont-elles, au moins partiellement, responsables de la tempête qui traverse la France ? Si c’est effectivement le cas, ces phénomènes sont-ils amenés à se reproduire ?
Enfilons nos cirés et partons à la rencontre de Kirk, pour comprendre si le dérèglement climatique est en partie responsable de cette tempête !
21 octobre 2024 à 13:40
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En résumé
Alors que le coût total des dommages provoqués par Kirk ne sont pas encore connus, les caractéristiques de la tempête et ses conséquences illustrent la puissance et la violence de celle-ci.
🌧️ Dans certaines régions, il est tombé un mois de pluie en 24 heures !
🌬️ Les rafales de vent ont parfois dépassé les 210 km/h ! Battant un record vieux de 13 ans !
⚡ On a compté jusqu’à 67 000 foyers privés d'électricité, principalement dans le Sud-Ouest (pour les foyers sans électricité, voici nos conseils).
🛣️ Plusieurs routes sont devenues impraticables à cause des chutes d’arbres et autre débris.
🌉 Les ponts traversant les rivières et les fleuves des régions touchées ont été submergés.
🚆 Du côté du trafic ferroviaire, plusieurs régions ont connu des annulations de trains et des retards.
🏥 Dans l’Essonne, on a évacué un hôpital menacé par la tempête.
🌳 Une bonne partie des dommages est due à des chutes d’arbres provoqués par un vent violent.
Meurtrière, cette tempête a déjà provoqué un décès au large de Sète et une dizaine de blessés ont été recensés (pour le moment), en France métropolitaine.
La violence de la tempête ne fait donc aucun doute. Les trombes d’eau qui sont tombées, accompagnées par des vents violents ont soulevé les lits des cours d’eau et abattu les arbres. Si la puissance de Kirk paraît exceptionnelle, surtout en cette période de l’année, des phénomènes similaires vont se multiplier selon la communauté scientifique qui analyse le climat.
Le dérèglement climatique est ainsi unanimement placé dans l'équation quant à l'analyse d’un tel événement.
Pourquoi ? Allons donc voir cela de plus près. 🔍
Tous les scientifiques et les spécialistes du climat qui ont été interrogés pendant la tempête parvenaient au même constat : le rôle du dérèglement climatique. Comment les scientifiques arrivent à de telles conclusions ?
La tempête Kirk est liée au dérèglement climatique. Pour démontrer cela, les scientifiques avancent la temporalité de l'événement météorologique (tôt dans la saison froide) et le réchauffement de l'océan atlantique.
Si de tels phénomènes météorologiques se sont toujours manifestés, la temporalité de cette tempête interroge alors qu’elle arrive juste après l’été. Normalement, ce genre de tempête survient plus tard, durant la saison froide, ce qui occasionne notamment moins de chutes d’arbres. Car, comme le souligne Alix Roumagnac, Président de Predict Services, cellule de risques soutenue par Météo France, la résistance au vent des arbres plus feuillus étant accrue, le risque de chute d’arbres augmente.
Plus encore, cet ouragan né au large de l'Afrique de l’Ouest a atteint le niveau 5 (le niveau le plus élevé) très rapidement, trop rapidement d’après la climatologue Françoise Vimeux. Selon la spécialiste, Kirk a même un record à son actif : celui de l'ouragan ayant atteint ce niveau 5, pour le mois d’octobre, qui est le plus à l’Est de l'Océan Atlantique.
Bon à savoir
Bien que cela nous semble anecdotique, ce sont justement ces caractéristiques précises et cette précocité qui permettent aux scientifiques de faire un lien avec le réchauffement climatique.
L’ouragan Kirk s’est donc formé au large de l’Afrique de l'Ouest, ce qui est assez courant pour un ouragan avant de remonter vers le Nord. Or, ce même Océan Atlantique a connu des records de températures cet été à cause du réchauffement climatique.
🥵 On connaît la canicule terrestre, moins la canicule marine. Pourtant, les fréquences de cette dernière sont en accélération, tout comme son homologue sur terre !
Quand un océan est trop chaud, il y a plus d’eau qui s’évapore. Pour une augmentation d’un seul degré Celsius, c’est 7 % d’humidité en plus dans l'atmosphère comme le souligne Françoise Vimeux.
🌡️ Et lorsque les températures diminuent, toute cette eau emmagasinée dans l'atmosphère finit par redescendre sous la forme de très fortes précipitations.
Voilà une étude en plein cœur de la tempête, littéralement. Les scientifiques ont pris en compte les données météorologiques des 40 dernières années pour les comparer aux événements contemporains. Ainsi, les fortes précipitations entre 1979 et 2001 ont été comparées à celles de 2001-2023 pour parvenir à un résultat sans appel.
En effet, les scientifiques soulignent dans leur conclusion que les phénomènes de dépressions, similaires dans leur origine et leur fonctionnement, sont aujourd'hui 20 % plus intenses et provoquent des vents 12 % plus puissants.
Le rapport souligne donc le rôle du réchauffement de l'Atlantique comme une cause probable qui explique la puissance de la temporalité du phénomène. Toutefois, le rapport indique aussi que les variabilités naturelles du climat peuvent aussi provoquer, en partie, ce genre d'événements. L’étude se conclut ainsi : “Nous interprétons la tempête Kirk comme un événement dans lequel la variabilité naturelle du climat a joué un rôle.”
Si cette tempête peut être due, en partie, à des facteurs naturels, le dérèglement climatique, notamment au travers du réchauffement de la surface de la planète, accentue ces phénomènes. Selon Alain Mazaud, climatologue, l'humanité est condamnée à subir ce genre d'événements et à s’adapter à leurs conséquences, si rien n’est fait pour atténuer l’effet des activités humaines sur le climat. “La première adaptation, c’est limite la cause” dit-il.
On le sait tous, nos activités produisent des gaz à effet de serre, qui sont, au moins en partie, responsables du réchauffement de la planète. L’un des des secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre est l’énergie. En effet, pour créer de l'électricité, on peut utiliser des ressources fossiles. La solution pour pallier ce problème est toute trouvée avec les énergies renouvelables ! grâce à l’énergie solaire, l’énergie éolienne, ou encore l'énergie hydraulique, la production d'électricité peut devenir verte, c’est-à-dire émettre beaucoup moins de dioxyde de carbone et autres GES. Si une centrale à gaz émet en moyenne 0,418 en kgCO2e/kWh pendant qu’elle produit de l’énergie, c’est 0,006 kgCO2e/kWh pour une centrale hydraulique, 0,0439 pour un panneaux solaire photovoltaïque.
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On peut donc attribuer ces désordres au dérèglement climatique provoqué par l’homme (du moins partiellement, car, comme le démontre l’étude de ClimaMeter, des contingences météorologiques exceptionnelles peuvent s’ajouter à ces causes). Si les océans continuent de chauffer, alors, les ouragans de ce genre pourraient se multiplier, tant au niveau de leur fréquence que de leur puissance ! Les alertes du GIEC semblent se concrétiser. Et sans changement, les perspectives concernant le réchauffement climatique en 2050 ne sont pas très réjouissantes !
https://www.climameter.org/20241009-storm-kirk