Le 20 septembre prochain, l’équipe du Japon ouvrira face à la Russie, la Coupe du Monde de Rugby 2019. Au programme : 48 matchs entre 20 équipes dans 12 stades à travers le Japon. Que pouvons-nous dire des impacts de ce type d’événement sur l’environnement ? Chez Ekwateur nous nous sommes penchés sur le sujet.
Quels sont les engagements qu’un sport collectif peut prendre afin d’être le plus responsable possible ? Est-ce qu’un sport peut être écoresponsable ? Quels sont les stades français les plus écoresponsables ? Quelles ont été les mesures environnementales prises par les dirigeants ? Sur qui pouvons-nous prendre exemple ? Comment réduire son impact lors d’événements sportifs aussi importants ?
Nous vous invitons, avant de profiter des matchs, à nous suivre dans une étude sur l’impact environnemental des événements sportifs.
13 septembre 2019
Lecture 9 mn
Que représentent les 8 000 m² de pelouse d’un stade ?
Il est vrai que les pelouses des stades ainsi que les mentalités évoluent pour rendre les rencontres et les infrastructures éco-responsables. Pour des raisons esthétiques, de sécurité du joueur et de mouvement du ballon, la pelouse doit rester parfaitement verte et grasse. Les acteurs du secteur ne manquent pas d’idées pour faire évoluer les infrastructures, preuve en est avec la technologie « AirFibr », la première pelouse 100 % naturelle enracinée dans un substrat artificiel composé d’un mélange de liège, de sable et de microfibres synthétiques.
Qui dit pelouse dit-il nécessairement pesticide ? Cela dépend des pays, par exemple, pour les stades en Russie il n’y a pas de réglementation au niveau de l’utilisation des pesticides. Cependant, afin d’éviter l’utilisation de produits désherbants qui pourraient stimuler l’apparition de maladies résistantes, des solutions telles que la lumière UV peuvent être utilisées. Selon Bertrand Picard, fondateur de la start-up Natural Grass spécialisée dans les matériaux innovants végétalisables : "Cette solution est déjà une pratique courante dans les serres de roses en Hollande et est de plus en plus utilisée pour les stades de football". "Ces UV vont directement attaquer l’ADN. La maladie ne pourra donc pas se reproduire ni se propager. L’idée est d’enrayer la maladie avant qu’elle ne cause des dégâts visuels sur le gazon. Si on contrôle la maladie, on limite ainsi l'utilisation de produits chimiques", confirme Sylvain Duval, expert européen du gazon pour l’UEFA (euro 2016). (1)
Nous pouvons facilement nous représenter l’importance de tels événements : l’électricité utilisée, les transports, les déplacements, les infrastructures, le chauffage ou la climatisation. Sans compter tous les éléments extérieurs : tels que la production de déchets dans les stades, la nourriture, les boissons consommées durant le match.
C’est un fait, les stades sont de gros consommateurs d’eau et d’énergie. Ils ont comme chaque infrastructure et chacun d’entre nous une empreinte écologique, surtout lors d’événements tels que la Coupe du Monde de Rugby. À notre échelle française, quelles ont été les actions mises en place pour réduire notre facture ? Zoom sur les stades les plus novateurs. (2)
En France, nous ne sommes définitivement pas en manque de stades. Les Français, grands passionnés de foot ont construit de nombreux stades sur leur territoire. Dans le domaine de l’éco-responsabilité, la France possède ses petits joyaux : le stade Allianz Riviera de Nice ou en encore le stade Geoffroy-Guichard de Saint-Étienne, tous les deux équipés d’une production photovoltaïque permettant de satisfaire leurs besoins en énergie lors des matchs. (3) (4)
Voici les stades les plus avancés en matière d’éco-responsabilité en France : dans ce classement sera pris en compte la production d’énergie renouvelable, l’optimisation de la consommation d’eau et de leurs initiatives écoresponsables individuelles.
Depuis janvier 2017, le Ministère de la Jeunesse et des Sports et l’organisme WWF ont créé une « Charte des 15 engagements écoresponsables », qui vise des objectifs ambitieux et chiffrés concernant le respect de l’environnement et celui de la responsabilité sociale et sociétale. Cette charte a été validée et signée par 22 personnes et associations influentes du milieu sportif professionnel. Ces signataires sont responsables de la mise en place de l’organisation de grands événements sportifs. Ces 15 engagements écoresponsables démontrent une volonté des clubs et des stades d’améliorer l’impact social et environnemental du rugby français, mais aussi de participer à la construction d’un sport durable.
Cette Charte permet d’avoir des objectifs ambitieux et numérotés afin de faire de l’environnement une exigence dans l’organisation de grands événements sportifs en France. Elle confirme que l’impact environnemental des grands événements sportifs internationaux en France est au cœur du cahier des charges des organisateurs. (6)
Ces 15 engagements dirigent les organisateurs jusqu’en 2020 sur les phases de montage, de démontage et de déroulement de l’événement (hors construction des infrastructures). Parmi ces engagements écoresponsables, nous nous sommes sentis beaucoup plus concernés par les engagements suivants :
Si on regarde du côté du monde du ballon rond, la FIFA a quant à elle promis de compenser ses émissions de gaz carbonique en finançant des projets pour replanter des forêts.
Depuis 2011, la Fédération Française de Rugby (la FFR) s’est engagée dans la mise en œuvre d’une stratégie de Développement Durable et Responsable. Elle a créé un guide afin que chacun et chacune, touché par le rugby puisse devenir un « ambassadeur du développement durable ». Ce guide est un condensé de 15 gestes simples à mettre en œuvre au quotidien pour réduire notre impact sur l’environnement. (7)
Chez Ekwateur aussi, nous vous proposons un condensé d’astuces pour vous aider à faire des économies d’énergie au quotidien.
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Malgré les apparences, le facteur ayant le plus d’impact sur son environnement, ne sont pas les infrastructures ou les boissons produites pour l’événement, mais bien la consommation amenée lors de ce type d'évènement ! Eh oui, la production de déchets liée à la consommation qui pollue le plus car l'usage des cup, emballages, canettes est à son pic lors des matchs. Par exemple, durant l’Euro 2007 en France, nous avons consommé 778 tonnes de déchets dans les stades : soit l’équivalent de la production de déchets d’un an de 2000 individus. Pour un événement mondial comme la Coupe du Monde de Rugby, l’affluence risque d’être encore plus forte et promet des chiffres encore plus importants.
L’impact environnemental le plus important lors d’événements sportifs sont les déplacements ! Que ce soit pour aller dans le pays concerné, aller au stade, au bar ou chez des amis, tous les spectateurs qui vont se déplacer vont rapidement augmenter l’empreinte carbone de l’événement. Par exemple : Lors de la Coupe du Monde de Rugby en 2007, le déplacement des spectateurs représentait 84 % des émissions de CO₂ de l’événement, soit 480 000 tonnes de CO₂ ! Entre les déplacements en avion, en train ou en voiture effectués par des millions de spectateurs, les émissions de CO₂ explosent très vite. (8)
Nous devons réaliser que la Coupe du Monde de Rugby 2019 au Japon va drainer des millions de spectateurs : sur place, devant leur télévision ou dans des lieux publics. La Coupe du Monde de Foot de 2018 en Russie a généré plus de deux millions de tonnes de CO₂ émis, ce qui équivaut à l’émission annuelle de CO₂ de pays comme le Bénin ou la République du Congo. (9) (10)
En 2007, lors de la Coupe du Monde de Rugby qui se déroulait en France, au pays de Galles et en Écosse, les organisateurs ont demandé une étude sur l’impact environnemental des matchs en France. Le résultat fut d’une empreinte énergétique de 4 700 000 kWh pour 48 matchs, soit environ 9 tonnes de CO₂ émises par match. (11)
Si le fan ne peut se déplacer physiquement sur le lieu de la rencontre, celui-ci le regardera le match à la télévision ou dans les fans zones. La diffusion d’un tel événement amènera des milliers de spectateurs à se réunir derrière des écrans et la consommation d’énergie s’alourdira. La diffusion de streaming est extrêmement coûteuse environnementalement et énergétiquement. (Pour plus d’informations, voir le site : digitalfortheplanet.com) (12)
Rien ne se perd, tout se transforme.
Il est certain que les événements sportifs ont de beaux jours devant eux et favorisent le rassemblement. Il est cependant indispensable de continuer à mettre en place des actions concrètes pour la préservation des sportifs, des spectateurs, ainsi que pour la préservation de l’environnement et des terrains de jeu !