L’agrivoltaïsme est-elle une solution d’avenir ? Les pour et les contre

L’invention de l’agrivoltaïsme est récente puisqu’on estime qu’elle remonte à 1981 avec la formulation par les allemands Adolf Goetzberger et Armin Zastrow d’une cohabitation entre production d’énergie solaire et production agricole en vue d’améliorer le rendement. Jusqu’à il y a peu, cette pratique baignait encore dans un flou juridique. (1)

Ce n’est que depuis le 10 mars 2023, avec l’adoption de la loi relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables que naît la définition officielle de l’agrivoltaisme.  

D’après l’article 54 de la loi, il s’agit d’une « installation de production d'électricité utilisant l'énergie radiative du soleil et dont les modules sont situés sur une parcelle agricole où ils contribuent durablement à l'installation, au maintien ou au développement d'une production agricole ». (2)

Il ne suffit pas d’installer des panneaux photovoltaïques sur une surface agricole pour parler d’agrivoltaisme. En effet, l’installation doit apporter l’un de ces services à l’exploitant : 

À l’inverse, l’agrivoltaisme ne doit pas : 

Il existe deux grands types d’agrivoltaisme : 

Dans les deux cas, on observe une synergie entre la production agricole et la production photovoltaïque.

Parmi ces deux grands types d’agrivoltaisme, différentes technologies photovoltaïques peuvent être employées : 

L’agrivoltaisme présente de nombreux avantages, tant d’un point de vue économique qu’environnemental. Voyons lesquels !

La France s’est donné comme objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Pour cela, elle doit notamment passer à 40 % d’énergie renouvelable dans la production d’électricité d’ici 2030. Côté photovoltaïque, les objectifs sont tout aussi ambitieux : 100 GW d’électricité solaire d’ici 2050, contre 16 GW en septembre 2022. (2)

Le problème, c’est que la filière photovoltaïque alerte sur le manque de disponibilité des surfaces nécessaires à l’installation de centrales solaires. Heureusement, le foncier agricole représente 20 millions d’hectares disponibles et constitue donc une piste pour répondre aux objectifs de transition énergétique que s’est fixé la France.

L’agriculture française est en pleine mutation et doit répondre à des défis de taille : 

L’agrivoltaisme semble répondre à ces enjeux puisqu’elle permet de : 

L’agrivoltaisme ressemble à une solution miracle. Mais n’est-ce pas trop beau pour être vrai ? 🤔 Voici les arguments prônés par les détracteurs de l’agriculture photovoltaïque.

Les revenus générés par la rente photovoltaïque sont généralement plus élevés que ceux générés par la production agricole seule. « En louant les parcelles pour installer des centrales photovoltaïques, certains agriculteurs peuvent percevoir jusqu’à plusieurs milliers d’euros par hectare à l’année”, explique le porte-parole de la Confédération paysanne dans le Maine-et-Loire (4). Au contraire, le fermage est encadré par des règles et plafonné à quelques centaines d’euros par hectare. Le risque est que cela peut inciter les agriculteurs à abandonner leur activité principale au profit de la seconde, plus lucrative, alors même que ce métier est en perte de vitesse et qu’il est indispensable à notre économie. 

L’agrivoltaisme ne se résume pas à l’installation de panneaux solaires dans un champ. Il faut encore créer des chemins d’accès, planter des poteaux, dresser des clôtures. Des travaux qui peuvent porter atteinte à la biodiversité en place. Par ailleurs, il arrive que certaines serres agrivoltaïques ne fassent plus rien pousser, victimes de la dépossession de la terre agricole, ou encore que la production agricole évolue une fois les panneaux installés : on passe d’une culture de céréales à une culture de fourrage, qui demande moins d’entretien.

L’agrivoltaisme est une discipline récente qui demande encore une certaine structuration. Voici les pistes envisagées pour améliorer la synergie entre production agricole et photovoltaïque.

En septembre 2022, l’association des Jeunes Agriculteurs a demandé un moratoire sur l’agrivoltaisme. Pour eux, la priorité est d'installer des centrales solaires sur des terres déjà artificialisées telles que des “terrains pollués, les toitures, les couvertures de parking”. Une manière de protéger les surfaces agricoles existantes de la phagocytation par la rente photovoltaïque.

L’agrofresterie, c’est l’association d’arbres et de cultures ou d’animaux sur une même parcelle de terrain. Elle permettrait, selon certains, de lutter plus efficacement contre le réchauffement climatique que via des panneaux solaires grâce à la capture de CO₂ par les arbres, ou encore la diversification des productions (bois énergie, fruits, fourrage) etc. 

Chez Ekwateur, on est adeptes des solutions photovoltaïques. C’est pourquoi nous soutenons le développement de l’agrivoltaisme, dans le respect de la profession et des enjeux du secteur. Vous avez un potager dans votre jardin ? En installant un kit solaire à côté de vos plants de tomate par exemple, vous transformez votre jardin en installation agrivoltaïque 😉!