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Les centrales à charbon vont être plus utilisées pour cet hiver 2021/2022
Les centrales à charbon vont être plus utilisées pour cet hiver 2021/2022

Des centrales à charbon pour éviter les coupures de courant cet hiver

L’hiver est là, la hausse de consommation d’électricité due à l’utilisation du chauffage aussi. Chaque année presque comme une tradition, RTE le gestionnaire du transport d’électricité qui gère l’approvisionnement sur le réseau rassure les citoyen-ne-s sur d’éventuelles coupures de courant : elles n’auront pas lieu dans des conditions normales.

Rappelons au passage que le système est dimensionné pour assurer un temps de coupure moyen de 3h/an, qui se présente plutôt sous la forme de 30h tous les 10 ans en cas de vague de froid très sévère. Mais dans des conditions normales, il n’y a pas eu d’alerte sérieuse depuis longtemps.

RTE avait déjà placé l’hiver 2020-2021 « sous vigilance particulière ». Cette année, le constat se renforce : une production d’électricité nucléaire exceptionnellement faible a amené RTE à ne pas exclure d’éventuelles coupures de courant cet hiver dans des conditions climatiques qui n’ont rien d’extrême (de l’ordre de 4°C en-dessous des normales de saison). Conséquence ? Le gouvernement fait appel aux centrales à charbon pour augmenter la production d’électricité.


Pourquoi le gouvernement a-t-il décidé de faire appel aux centrales à charbon ?

Une production d’électricité au plus bas

RTE l’a annoncé dans son dernier rapport, il se prépare à « exploiter le système en situation dégradée ». Cela veut dire que cet hiver, il y a des risques que l’offre d’électricité ne puisse pas répondre à la demande. En cause ? Un concours de circonstances qui n’est pas en notre faveur.

En France, plus de 70% de la production d’électricité vient de la production nucléaire, c’est cette dernière qui fait défaut en ce moment. De nombreuses maintenances qui devaient avoir lieu en 2020 ont été reportées à plus tard à cause des confinements et de la pandémie. Un gros retard a été accumulé et plusieurs centrales nucléaire sont complètement arrêtées pour être entretenues.

En plus de ces dernières, d’autres maintenances ont dû être prolongées ou planifiées de manière non anticipée sur quatre réacteurs mi-décembre 2021 pour des défauts de soudure des tuyauteries du circuit d’injection de sécurité. Ainsi la production d’électricité via les centrales nucléaire est au plus bas, et en cas de températures sous les moyennes de saison cet hiver, RTE risque de manquer d’électricité. On vous explique tout en détail dans notre article dédié aux risques de coupures de courant.

Plusieurs solutions pourront être envisagées pour soulager le réseau et en dernier recours, RTE n’exclut pas les coupures de courant. Il est important de noter qu’il ne s’agit pas du tout d’un « black-out » (coupure généralisée non anticipée), mais de coupures tournantes organisées d’une durée de 2h sur les clients non prioritaires (les hôpitaux, par exemple, ne sont pas coupés).

 

Les centrales à charbon pour pallier le manque d’électricité

Pour venir en appui aux autres moyens de production et essayer d’éviter ces fameuses coupures, le gouvernement a mis en consultation le 30 décembre 2021 un projet de modification d’un décret autorisant les centrales thermiques à émettre 30% de CO₂ de plus qu’habituellement pendant les deux premiers mois de l’année 2022. Autrement dit, elles vont pouvoir augmenter leur production (donc leurs émissions de CO₂) pour compenser la perte de production d’électricité due aux arrêts imprévus d’un certain nombre de réacteurs nucléaires.

Ce sont les deux centrales à charbon encore en activité qui sont visées par cette modification de décret : celles de Saint-Avold en Moselle et de Cordemais en Loire-Atlantique. Il existe un troisième site à Gardanne en Provence mais il n’a plus produit depuis 2019 en raison de tensions sociales.

Que dit le fameux décret n°2019-1467 ?

Rédigé dans le cadre de la loi énergie-climat de 2019, ce décret vise à réduire la part des énergies fossiles dans la production d’électricité afin de diviser par six les émissions de gaz à effet de serre et donc, atteindre la neutralité carbone en 2050.

À partir du 1er janvier 2022, il impose aux installations de production d’électricité à partir de combustibles fossiles (les centrales à charbon, entre autres) la limite d’émissions de 0,7 kilotonne équivalents dioxyde de carbone par mégawatt de puissance électrique installée. Cette limite permet à une centrale à charbon de fonctionner environ 700 heures par an.

La modification du décret pour autoriser les centrales à charbon à produire plus

La modification en cours va permettre aux centrales à charbon d’émettre jusqu’à 1 kilotonne d’équivalents dioxyde de carbone par mégawatt pendant les deux premiers mois de l’année 2022, soit 30% de plus qu’en temps normal. Ce changement va permettre aux centrales de fonctionner pendant 1000 heures rien que pour cette période de deux mois.

Une fois la période hivernale passée, ce chiffre descendra à 0,6 kilotonne jusqu’à la fin de l’année 2022, pour retrouver son niveau initial de 0,7 kilotonne équivalents dioxyde de carbone en janvier 2023.

La modification du décret est encore en consultation et devrait être adoptée aux alentours du 20 janvier.

 

La fermeture des deux centrales à charbon maintenue

Le Ministère de la Transition écologique a précisé que la modification de ce décret ne remettait pas en cause la fermeture des deux centrales à charbon de Saint-Avold et de Cordemais.

Même si elles ont l’avantage d’être facilement mobilisables en cas de besoin (comme en ce moment), les centrales à charbon sont très polluantes. La modification du décret qui permet leur utilisation plus accrue cet hiver est exceptionnelle et intervient dans le cadre d’une situation tout aussi exceptionnelle.

La fermeture des tranches fonctionnant au charbon dans la centrale de Saint-Avold est maintenue pour la fin du mois de mars 2022. La centrale de Cordemais devrait quant à elle fermer ses portes à partir de 2024.

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Quelles enseignements peut-on en tirer ?

La situation nous montre que nous sommes dépendants du moyen de production qui nous fournit la majorité de notre électricité, le nucléaire. Comme tous les autres moyens, il a ses limites et nous en faisons aujourd’hui les frais.

Investir dans des moyens de production variés comme les énergies renouvelables et dans une gestion de l'énergie plus agile grâce, entre autres, au stockage ou à l'effacement de consommation nous permettra d’être moins tributaires du nucléaire, et donc moins soumis aux risques de coupures comme celles auxquelles nous ferons peut-être face cet hiver.

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