Après avoir fait réintégrer les États-Unis à l’accord de Paris sur le climat dès le premier jour de sa présidence, Joe Biden a annoncé de nouveaux objectifs de réduction des émissions polluantes jeudi 22 et vendredi 23 avril 2021, lors du « Sommet des Dirigeants pour le Climat ». Les autres pays ont fait de même. Retour sur ces échanges internationaux. 😊
27 avril 2021
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Organisée sous l’impulsion des États-Unis, cette réunion virtuelle de 40 pays et gouvernements mondiaux est doublement symbolique : concomitante avec la 51e Journée de la Terre, elle marque également le 5e anniversaire de l’accord de Paris sur le Climat. Elle est un point d’étape en attendant la grande conférence de l’Organisation des Nations Unies (ONU), la COP26, prévue en novembre 2021 à Glasgow, en Écosse.
C’est donc bien la fin d’une ère climatosceptique aux États-Unis, et le retour à un travail de concert avec les autres pays pour réduire les émissions carbone. Avec cette initiative, Joe Biden marque l’engagement de la superpuissance mondiale pour l’environnement et étaye son programme de soutien d’une énergie propre et de la justice environnementale.
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Après un recul historique à cause du COVID-19, les émissions de CO₂ liées à l’énergie devraient connaître en 2021 une hausse de 5%, deuxième plus forte croissance annuelle jamais enregistrée, d'après l'AIE (Agence Internationale de l'Energie). Quels sont les engagements des différentes puissances économiques face à cette hausse ?
La première puissance économique mondiale a promis de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 50% à 52% d’ici 2030 par rapport à 2005. Annoncé lors du sommet des dirigeants pour le climat le 22 avril 2021, l’engagement sera pris officiellement lors de la COP26.
L'Union européenne (UE), championne de la lutte contre la hausse des températures, a présenté son tout nouvel accord sur une réduction d'au moins 55% de ses émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030 par rapport au niveau des années 1990.
Le retour d’une superpuissance comme les États-Unis dans les discussions internationales sur la lutte contre le changement climatique a entraîné de grands pays émetteurs à réviser eux aussi leurs objectifs.
Ainsi, au Canada, le Premier ministre Justin Trudeau s'est engagé à baisser les émissions de CO₂ de 40% à 45% d'ici 2030 par rapport à 2005.
De son côté, le Japon a annoncé qu’il allait réduire ses émissions de CO₂ à 46% à l'horizon 2030 par rapport à 2013, contre une cible précédente de 26%.
La Corée du Sud ne s’est pas exprimée sur la réduction de ses émissions de CO₂. En revanche, elle a déclaré mettre fin au financement des centrales à charbon à l’étranger.
Le Brésil a promis la fin de la déforestation illégale en Amazonie d'ici 2030 et a avancé la neutralité carbone du Brésil de dix ans, en 2050.
Les autres grands émetteurs que sont l’Australie, l’Afrique du Sud, la Russie et l’Arabie Saoudite n’ont pas pris d’engagements aussi prometteurs… Quant à la Chine, premier émetteur mondial, elle s’est cantonnée à ses objectifs de septembre 2020, à savoir, atteindre la neutralité carbone en 2060. Encourager le gouvernement chinois à revoir ses exigences environnementales à la hausse demeure un enjeu diplomatique majeur.
Une fois que les grandes puissances de ce monde se sont engagées sur de nouveaux objectifs, vient le tour des pays en développement.
Le Fonds vert pour le climat a été créé en 2010 par l’ONU pour aider les pays en développement à déployer des moyens de lutte contre le réchauffement climatique grâce au soutien financier des pays développés. Lors du sommet des dirigeants pour le climat, les pays du Nord ont annoncé l’augmentation du soutien financier aux pays du Sud : le fonds représentera 100 milliards de dollars par an.
À ce jour, le soutien financier déployé n’est pas suffisant. Avant même que les pays en développement puissent mettre en place des leviers pour lutter contre le changement climatique, ils doivent en premier lieu s’y adapter. La moitié des fonds servira à cette adaptation. Pour orchestrer une véritable lutte par les pays en développement, il faudrait bien plus que 100 milliards de dollars par an. Sachant que les pays du Nord risquent d’avoir du mal à honorer cet engagement financier pour aider les Pays du Sud à faire face au dérèglement climatique.
Si le président des États-Unis martèle que la lutte contre le changement climatique est synonyme de création d’emplois, comment les économies mondiales vont-elles concrètement atteindre les objectifs annoncés ?
Le président américain Joe Biden compte sur son plan de rénovation des infrastructures : notamment les transports mais aussi le bâtiment et l’agriculture. Sans fournir de données chiffrées, il annonce cependant que la production électrique sera neutre d’ici 2025. C’est sans compter les résistances au Congrès qu’il pourrait rencontrer et les protestations d’une population habituée aux énergies fossiles bon marché.
Grâce aux taxes ! Avant la présidence Biden, les États-Unis ont connu 50 années quasi successives de baisse de l’impôt sur les sociétés. Le gouvernement américain compte sur une augmentation massive de la fiscalité sur les entreprises et la poursuite de la lutte contre une optimisation fiscale excessive pour financer la lutte contre le changement climatique. La taxation minimale sur les profits réalisés à l’étranger va augmenter drastiquement : elle passera de 10.5% à 21%. Les entreprises qui positionnent leurs profits dans des paradis fiscaux verseront ainsi une bonne partie de leurs bénéfices aux caisses de l’État.
En outre, des discussions sont en cours à l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économique), qui regroupe les principales économies développées, pour que l’ensemble des pays du monde adoptent le principe d’une taxe minimale pour les entreprises. Ces échanges aboutiront en juillet prochain.
Côté Europe, l’UE compte sur la décarbonation des secteurs les plus polluants tout en menant une politique active de compensation des émissions carbone, notamment via la reforestation. La déclinaison opérationnelle des engagements internationaux à l’échelle des États et des collectivités locales reste à définir. Peut-elle atteindre ce nouvel objectif ? Un signe encourageant : l’objectif de réduction des émissions de près de 22% par rapport à 1990 a été atteint en 2017, soit trois ans d’avance sur le calendrier initial. Peut-être l’UE pourra-t-elle renouveler ce tour de force ?
Le retour à la mobilisation environnementale des États-Unis est très rassurant ! Cependant, l’objectif de maintien du réchauffement climatique mondial sous la barre des +1,5° est encore hors d’atteinte malgré ces nouveaux engagements. Pour l’instant, la planète s’est réchauffée de +1,2° depuis la période qui précède la première révolution industrielle.
De surcroît, la réduction considérable de la proportion d’émissions de CO₂ aux États-Unis demeure toujours bien moindre que celle de l’UE car la superpuissance américaine émet 2,4 fois plus de CO₂ par habitant que l’UE.
La revue à la hausse des engagements laisse à penser que les objectifs vont tendre à être de plus en plus exigeants au fil des ans. D’autres jalons marqueront la lutte contre le dérèglement climatique tout au long de l’année : le G7 en juin, le G20 en octobre et la COP26 en novembre. Tous ces évènements internationaux font de 2021 une année cruciale pour accélérer la lutte contre le dérèglement climatique. Et on compte bien vous tenir informés de toutes ces évolutions qui, on l’espère, seront toutes plus prometteuses les unes que les autres ! 😉
En attendant ces prochaines étapes et la réalisation des engagements pris par les puissances économiques mondiales, découvrez comment, à votre échelle, vous pouvez rendre la planète heureuse. 😊