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Jour 10 du calendrier de l'avent des articles : le soja est-il bon ou mauvais pour la santé et l'environnement ?
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« Les énergies renouvelables sont intermittentes, ça augmente le risque de black-out », vrai ou faux ?

Calendrier de l’avent des articles : jour 5 🎅

L’intermittence des énergies renouvelables est un grand classique chez les climatosceptiques. Alors, sont-elles vraiment source de problèmes pour le réseau et la sécurité d’approvisionnement ? Peuvent-elles déclencher un black-out ?


La production d’énergie renouvelable est décorrélée de la consommation

En effet, contrairement aux centrales de production dites « pilotables » comme le nucléaire ou les centrales à gaz, les énergies renouvelables comme le solaire ou l’éolien sont dites « intermittentes ». Cela signifie que nous n’avons pas le pouvoir de déclencher leur fonctionnement à n’importe quel moment de la journée, selon nos besoins, et que la production dépend du bon vouloir de Dame Nature (le vent, le soleil, les marées, etc.).

Or, si les pics de production des énergies renouvelables ne coïncident pas avec nos pics de consommation, on risquerait en effet le black-out.

Par exemple, les panneaux solaires photovoltaïques produisent surtout en milieu de journée. Or, les ménages consomment surtout en fin de journée, en rentrant du travail : on allume les lumières, lance une machine à laver ou le lave-vaisselle, branche la voiture électrique, et on recharge nos appareils électroniques.

En cela, la production d’électricité n’est plus corrélée à la consommation ce qui peut effectivement créer un décalage et donc un risque pour le réseau électrique.

Néanmoins, contrairement à ce que l’on pourrait penser, si l’intermittence est une réalité, le risque de black-out n’est pas une fatalité. Ce risque peut être évité pour trois raisons :

  • Le foisonnement des énergies renouvelables et la hausse de leur productivité ;
  • La maitrise de notre consommation ;
  • Les investissements dans le réseau électrique et nos capacités de stockage.

Qu’est-ce que le foisonnement ?

Le foisonnement représente la capacité que pourrait avoir la production d’énergie d'une zone (par exemple le Portugal) de compenser un excès ou un déficit de production dans une autre zone (par exemple l’Italie).

Par ailleurs, les régimes de vent dans le sud et le nord de la France ne sont pas les mêmes. Dès lors, lorsqu’ils sont complémentaires en termes de temporalités, on peut parler de foisonnement de la production éolienne.

En Europe, il ne fait pas beau partout au même moment. Cela peut permettre au soleil d’Espagne de produire de l’électricité aux foyers du nord de la France et au vent de la côte atlantique française de produire de l’électricité pour les Allemands.

Ce foisonnement à l’échelle européenne est permis grâce aux interconnexions. Le réseau électrique étant interconnecté en Europe, lorsqu’un pays produit moins, un autre pays est susceptible de pouvoir produire à ce moment-là nous permettant ainsi d’être alimenté.e.s.

Plus et mieux on répartit en France et en Europe les énergies renouvelables, plus et mieux on permet le foisonnement de la production. Cela peut donc pallier l’intermittence des énergies en s’assurant que la production soit concomitante avec la consommation.

Le foisonnement est déjà une réalité, en France comme en Europe, et constitue une première solution pour pallier l’intermittence et éviter un black-out.

Les énergies renouvelables sont accusées d'augmenter le risque de black-out.

Nous avons la possibilité de mieux maitriser notre consommation, pour la faire coïncider avec les pics de production des énergies renouvelables

La seconde solution pour éviter le black-out est de faire coïncider production et consommation. Si auparavant le système électrique et nos habitudes de consommation partaient du principe que la production s’adaptait à la consommation : c’est aujourd’hui l’inverse.

L’arrivée des énergies renouvelables nous invite à repenser nos habitudes de consommation et à les adapter pour les rendre plus durables. Cela signifie faire coïncider notre consommation avec la production en pilotant nos usages. Par exemple, brancher notre voiture électrique le midi lorsque les panneaux solaires produisent le plus !

Ce pilotage est permis à la fois par les appareils connectés, mais aussi par les innovations du réseau électrique et gazier. On parle de plus en plus de « smart grid » dans la mesure où les réseaux intègrent des technologies d’information et de communication au service d’un meilleur pilotage du réseau tout en garantissant une livraison d’énergie efficace, sûre et de qualité.

Fondamentalement, ces réseaux rendent possible le pilotage de la consommation et son optimisation par le consommateur. Il facilite alors l’intégration de la production des énergies renouvelables, alors qu’ils étaient historiquement conçus pour transporter et distribuer une énergie pilotable (issue du gaz, du charbon, ou du nucléaire). L’effacement de consommation et les thermostats connectés en sont une première ébauche. Pas besoin de partir vivre dans une grotte pour s’adapter à l’intermittence. 😉

Les énergies fossiles, si elles présentent l’avantage d’être pilotables, sont des énergies finies et ne nous permettront pas de perdurer ainsi dans le temps. Même chose pour le nucléaire qui, bien qu’elle ne soit pas considérée comme une énergie fossile, est une énergie épuisable.

Nous ne sommes pas les seuls à penser qu’un avenir 100% renouvelable ne soit pas seulement désirable, mais surtout économiquement et techniquement possible ! Plusieurs scénarios énergétiques, notamment celui de l’Agence internationale de l’énergie et l’un de ceux de RTE à l'horizon 2050 imaginent que les deux tiers de l’énergie consommée à cette époque-là seront d’origine renouvelable, de même que 90% de l’électricité produite.

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Le stockage : une solution pour pallier l’intermittence

Enfin, en plus du foisonnement et du pilotage de la demande, il existe des technologies de stockage qui permettent de conserver l’énergie produite lorsqu’elle n’est pas immédiatement consommée. Certaines batteries servent par exemple pour les systèmes personnels d’autoconsommation (un particulier peut ainsi stocker une quantité limitée d’énergie afin de pouvoir l’utiliser à un autre moment que celui de sa production).

Les véhicules électriques ne roulant pas peuvent aussi être de bons moyens de stockage. À savoir également que les batteries des véhicules électriques en fin de vie pourraient, à terme, s’offrir une seconde vie en permettant le stockage de l’énergie.

De belles innovations sont également attendues avec l’hydrogène qui promet de développer des capacités de stockages pouvant révolutionner le système électrique.

En conclusion : l’intermittence des énergies renouvelables est un fait. Néanmoins, il existe aujourd’hui de plus en plus de solutions pour éviter que cette intermittence puisse présenter un risque de black-out. À nous d’adapter nos habitudes de consommation et notre système électrique pour être à la hauteur des enjeux de la transition énergétique !

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