Le rapport intitulé “Le Numérique en Europe : une approche des impacts environnementaux par l’analyse du cycle de vie”, établi par les Eurodéputé-e-s David Corma et Kim Van Sparrentak, démontre que la production d’un objet a souvent un impact carbone plus fort que son utilisation. En retraçant la “biographie carbone” des outils numériques produits et utilisés en Europe, de l'extraction minière des métaux nécessaires à leur fabrication jusqu’à leur mise à la décharge, les eurodéputés ont pu analyser l’impact des objets numériques tout au long de leur vie (il faut imaginer ces outils numériques alignés d’un air coupable comme dans la couverture du film « Usual Suspect »).
Ainsi l'impact de la production sur l’environnement d’un équipement numérique équivaut à 54% de son impact total. Plus encore, 82% des déchets émis par l’objet le seront lors du processus de fabrication. L’utilisation de l'appareil génère 44 % de l’impact carbone, une quantité moins élevée certes, mais qui reste très importante. En outre, toute manipulation de l’outil numérique génère forcément le recours au réseau électrique, également source de pollution. Dans le monde, 10% de la quantité d'électricité produite sert à l’emploi des équipements numériques selon le CNRS.
Enfin, à l'impact carbone assez important, il faut ajouter les difficultés environnementales et humaines liées à l’exploitation des mines de métaux qui entrent dans la composition des objets numériques, comme l’étain par exemple.
La consommation de métaux est ainsi exponentielle depuis des années. Si les besoins en or et titane sont très minimes pour la construction d’une tablette, les chiffres s’envolent quand il s’agit de millions d’appareils numériques produits chaque année dans le monde. La demande étant de plus en plus forte que la possibilité de recycler ces métaux, les mines se multiplient pour tenter de faire face à cette exigence du marché.
L’ONG les Amis de la Terre a enquêté sur les mines d’étain de l’île de Bangka en Indonésie. “Mining for smartphones, le véritable coût de l’étain” est le fruit de cette enquête qui condamne le traitement des travailleurs-euses de ces mines et souligne la pression des géants mondiaux pour sans cesse augmenter la production de ce métal.
Si des mesures gouvernementales contre la pollution digitale existent, l’impact des objets numériques comme les tablettes reste pour le moment en hausse.