La séquestration du Dioxyde de Carbone

Sur le papier, le principe de séquestration du dioxyde de carbone est très simple : lors de la combustion des énergies fossiles, du CO₂ s’échappe de la réaction chimique. Au lieu de laisser ce gaz s’envoler vers l'atmosphère qu’il asphyxie, un procédé étanche permet de le capturer, de le stocker (souvent dans un liquide qui aide à dissoudre le gaz) et de le transporter sans qu’il ne puisse s’échapper dans l'atmosphère.

Cette technique est importante dans le contexte écologique actuel, étant donné que c’est l’un des fers de lance dans la lutte contre le dérèglement climatique et ses conséquences pour les nations signataires de l'Accord de Paris. Selon les prévisions de l’agence internationale de l’énergie, on pourrait ainsi stocker presque une centaine de gigatonnes de CO₂ de cette manière en 40 ans. Le potentiel de séquestration du CO₂ est donc immense.

Il faut savoir que la séquestration du dioxyde de carbone n’est pas que l’affaire du genre humain. La nature aussi capture et stocke ce gaz pour réguler son fonctionnement depuis la nuit des temps.  

On distingue différentes méthodes pour séquestrer le CO₂.

La nature fait très bien son travail en éliminant une grande partie du CO₂ dans le monde. Ainsi, les stocks de dioxyde de carbone concentrés dans les sols sont plus de trois fois supérieurs à ceux contenus dans l'atmosphère. Plus encore, sans l’apport des océans qui capturent le CO₂, l'atmosphère pourrait contenir 50% de dioxyde de carbone en plus. 

Un chiffre qui illustre parfaitement le rôle déjà essentiel de la nature dans la régénération de notre atmosphère. 

Les océans (grâce aux organismes photosynthétiques), les forêts (grâce à l’humus et au système racinaire), ou encore les prairies sont donc des “puits de carbone” puisqu’ils renferment de manière naturelle le CO₂ et évitent ainsi qu’il ne se propage dans l’air.

La séquestration biologique ou bioséquestration consiste donc à assister la nature dans son œuvre naturelle. Pour qu’elle puisse stocker davantage de CO₂, on peut donc reboiser certains secteurs en créant une nouvelle forêt  et pas pour le bois de chauffage), qui retiendra du dioxyde de carbone, on peut aussi végétaliser de nouveaux espaces afin de constituer toujours plus de réservoirs pour le CO₂. Le GIEC estime dans son dernier rapport que l'abattage des forêts est responsable d'une augmentation de l'ordre de 20% du CO₂ dans l'atmosphère. 

Plus encore, il est possible de booster la photosynthèse des plantes, en ajoutant à la terre du biochar, un élément composé de charbon qui renforce le principe capturant du sol, ou encore d'adapter des techniques et des pratiques agricoles afin d’améliorer le stockage du dioxyde de carbone dans les sols.

Tout ce qui n’est pas stocké dans les océans ou dans les forêts est donc directement renvoyé dans l'atmosphère. 

Si cette méthode est préconisée par l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature, une organisation intergouvernementale, elle demeure une solution à long-terme, car les résultats de la capture du CO₂ s’apprécient sur des décennies. Un temps qui semble manquer tant les estimations des experts sont de plus en plus alarmantes.

La séquestration artificielle consiste en la capture et le stockage du CO₂ par un procédé humain. Par exemple, il est possible de capter le dioxyde de carbone présent dans l’air grâce à des absorbants solides. Une fois chauffés, ces absorbants relâchent le CO₂ emmagasiné (dans un tuyau, ou un réservoir, sinon cela ne sert à rien) et un nouveau cycle peut recommencer.

Plus encore, des centrales ont fait grand bruit en utilisant la bioénergie avec captage et stockage de dioxyde de carbone. Concrètement, les centrales fonctionnant avec la biomasse captent le CO₂ produit par la combustion de la matière. Ce CO₂ est ensuite stocké pour produire une énergie avec une empreinte carbone négative. Si cette technologie est portée en grande estime par le GIEC et d’autres experts, elle reste encore malheureusement marginale. 

Le CO₂ capté est souvent stocké dans d'anciennes mines fermées et étanches, d’anciens réservoirs naturels de gaz ou de pétrole, et même dans des nappes phréatiques salées (l'eau salée dissout le CO₂).

La séquestration artificielle à la source répond aux mêmes critères que la séquestration artificielle si ce n'est que le CO₂, lui, est prélevé à son lieu d'émission. Le CO₂ capturé est ensuite stocké dans un réservoir. Ce procédé diminue l’impact carbone mais ne permet pas de le supprimer totalement. En effet, la capture et le transport du CO₂ ont eux aussi une empreinte carbone.

Si cette technologie peut nourrir les espoirs des individus, elle n’en reste pas moins encore à ses balbutiements. Pour le moment, la capture du dioxyde de carbone reste une expérience menée un peu partout dans le monde, mais sans réel plan d’action à l’échelle mondiale. Or, ces techniques, pour la plupart, demandent une longue préparation et un long temps de développement avant d’être opérationnelles. 

On ne fait pas pousser une forêt à coup de baguette magique, tout simplement. 

En attendant un plan global plus ambitieux, ces technologies assez coûteuses restent insuffisantes pour régénérer complètement notre atmosphère.