Chauffage : est-il difficile pour les Européens d’accéder au chauffage ?

Comme nous l’avons annoncé en préambule, 7,1% des ménages en l’Europe étaient en situation de précarité énergétique en 2021. Si l’on regarde dans le détail les données d’Eurostat, les populations les plus touchées sont les personnes seules (9,2% sont en situation de précarité) et les personnes âgées de plus de 65 ans (9,4% en difficulté).

Étonnamment, on se rend compte que les ménages avec des enfants à charge (on parle ici de mineurs pour la plupart) ne sont pas ceux souffrant le plus de précarité énergétique (4,5% de précarité pour un ménage composé de deux adultes et deux enfants à charge). Cela peut s’expliquer par les aides accordées aux familles modestes pour subvenir à leurs besoins. Il est d’ailleurs rassurant d’observer que les enfants souffrent moins d’un manque de chauffage.

Il est également intéressant de comparer le niveau de précarité énergétique en fonction des pays. Là encore, les données sont surprenantes puisque ce ne sont pas forcément les pays les plus riches économiquement qui sont les moins touchés.

La Bulgarie et la Lituanie sont les pays les plus affectés, et de loin, avec respectivement 23,7% et 22,5% de précarité énergétique chez les résidentiels. La Grèce, Chypre et le Portugal sont à peu près au même niveau, soit entre 16 et 19%.

Enfin, la Roumanie et l’Espagne oscillent entre 10 et 14%. 

À l’inverse, les pays européens où les habitant-e-s souffrent le moins de l’accès au chauffage sont : 

Pourtant, il s’agit en grande partie de pays situés dans le nord ou l’est de l’Europe, et donc sujets aux températures très froides en hiver. En Finlande, par exemple, le climat est de type continental, froid. L’hiver dure longtemps (entre 5 et 7 mois selon que vous vous trouviez dans le nord ou le sud) et les températures peuvent descendre jusqu’à -30°C (en Laponie, le pays du Père-Noël 🧑‍🎄) !

Cela signifie alors que le climat n’est pas le seul responsable de la précarité énergétique dans un pays. Continuons donc notre enquête pour en savoir plus…

Et, la France, alors ?! En France, 6% des ménages ont été dans l’incapacité de se chauffer correctement en 2021, soit un chiffre très proche de la moyenne européenne. Le suivi de la précarité énergétique en France est contrôlé de près par l’intermédiaire de l’ONPE (observatoire national de la précarité énergétique), créé en mars 2011.

Bien que les prix de l’énergie en France (et en particulier de l’électricité) aient progressivement augmenté depuis plusieurs années, la part des dépenses énergétiques sur leur budget total s’est réduite peu à peu. Du moins, avant la crise survenue fin 2021 en Europe, et qui nous impose depuis des tarifs exceptionnels sur l’électricité, le gaz naturel et même le carburant.

En voilà une belle transition pour parler des facteurs qui expliquent de tels niveaux de précarité énergétique en Europe.

Plusieurs éléments peuvent être responsables de cette difficulté à se chauffer pour les Européens, entre autres : 

Le prix de l’énergie de chauffage est certainement l’un des facteurs les plus importants dans la difficulté de se chauffer. Or, toute l’Europe subit une crise de l’énergie depuis fin 2021, ce qui a provoqué une hausse du prix du gaz, de l’électricité et plus globalement des énergies de chauffage.

Certains pays, comme la France, ont mis en place des actions pour limiter l’impact sur les factures des particuliers (bouclier tarifaire). Toutefois, cela ne suffit pas pour tout le monde, et certain-e-s Européen-ne-s se retrouvent face au mur au moment de payer leurs factures.

D’après les données d’Eurostat, voici le prix moyen d’un kWh d’électricité pour les particuliers, observé dans certains pays d’Europe au premier semestre 2022 : 

On observe que la Finlande, la Bulgarie, la Lituanie et les Pays-Bas figurent parmi les pays où l’électricité était la moins chère début 2022. Or, la Finlande et les Pays-Bas sont également les pays où la précarité énergétique était la plus faible en 2021. Coïncidence ? 

En réalité, on ne peut pas simplement corréler ces deux données, notamment, car il s’est passé un an depuis, et surtout une crise de l’énergie et une guerre en Ukraine menée par la Russie qui a rebattu toutes les cartes. D’ailleurs, la Bulgarie avait un prix de l’électricité plutôt bas en 2022 alors qu’elle figurait parmi les pays avec le plus de précarité énergétique en 2021.

Toutefois, c’est un élément à prendre en compte et qui peut avoir fait augmenter considérablement le taux de précarité dans les pays, en particulier chez ceux qui étaient très dépendants du gaz russe (qui aujourd’hui n’est plus livré à ces pays). On pense notamment à la Finlande, la Bulgarie, la Slovaquie ou encore l’Allemagne.

Tout le monde n’est pas logé à la même enseigne en ce qui concerne l’isolation thermique des logements. En Suède, par exemple, les normes imposées pour l’isolation d’une nouvelle maison sont très strictes. C’est de cette manière que les déperditions de chaleur sont très limitées et que les habitant-e-s peuvent rester au chaud !

D’après une étude menée par Tado, les pays nordiques sont ceux où la température intérieure est la mieux conservée. En effet, un logement norvégien chauffé à 20°C avec une température extérieure de 0°C verra sa température baisser de 0,9°C seulement au bout de 5h. En France, la baisse de température monte à 2,5°C et en Espagne 2,2°C.

Enfin, on peut bien sûr étudier le niveau de richesse ou de pauvreté des habitant-e-s d’un pays pour expliquer la difficulté d’accès au chauffage. Par exemple, si l’on regarde les pays avec la plus faible part de précarité énergétique, il s’avère qu’il s’agit également (pour la plupart) de pays où le PIB par habitant est particulièrement élevé (données de La Banque mondiale, 2021) : 

Pour information, la moyenne de l’Union européenne se situait à 48 480,5 $. Autrement dit, malgré des prix de l’énergie élevés dans certains pays, le niveau de richesse des habitant-e-s permet de garder un niveau de confort satisfaisant.

La France est, une fois encore, dans la moyenne, en partie grâce aux aides financières déployées par le gouvernement pour aider les plus modestes à payer leurs factures et améliorer l’efficacité énergétique de leurs foyers (nous en parlerons plus bas).

Toutefois, les chiffres de l’ONPE pour l’année 2021 sont assez alarmants. Plus de 785 000 ménages ont subi des interventions de la part de leur fournisseur d’énergie pour cause d’impayés (réduction de puissance, coupures de courant…), soit 17% de plus qu’en 2019. Et 36% des personnes ayant déclaré souffrir du froid au cours de l’hiver 2020-2021 (pendant au moins 24h) expliquent que la raison est financière.

Si vous avez du mal à payer vos factures d’énergie avec la crise actuelle, sachez que plusieurs dispositifs sont là pour vous aider :