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Gouvernement Lecornu : quels défis pour l’énergie et l’écologie ?

Le mois de septembre touche à sa fin. Les élèves ont fait leur rentrée et le gouvernement aussi. Clap de fin pour François Bayrou qui cède la place à Sébastien Lecornu : un nouveau premier Ministre qui aura fort à faire si l’on en croit le nombre de dossiers qui attendent l’exécutif. Quels sont les défis en matière d’énergie et d'écologie qui attendent le nouveau locataire de Matignon ? Ekwateur vous répond !

En résumé


Sébastien Lecornu : une connaissance des enjeux environnementaux ?

Avant d’entrer dans le vif du sujet, laissez-nous faire les présentations. 😉 Qui donc est le nouveau Premier Ministre ? Âgé de 39 ans, Sébastien Lecornu a déjà une expérience notable dans la gestion de dossiers liés à l’énergie et à l’environnement.

En 2017, il entre au gouvernement comme secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, puis de François de Rugy. Il suit alors plusieurs dossiers stratégiques, dont la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, avec la reconversion industrielle du site. Il pilote également les Assises de l’eau, un programme doté de 4 milliards d’euros destiné notamment à moderniser les infrastructures d’eau et d’assainissement.

À cette période, il participe aussi :

  • au renforcement du Fonds chaleur de l’ADEME, un dispositif pour promouvoir la chaleur renouvelable en entreprise ou collectivité, 
  • au suivi du chantier de l’EPR de Flamanville, 
  • au suivi du projet de stockage de déchets nucléaires Cigéo.

En 2018, il est nommé ministre chargé des Collectivités territoriales. Il poursuit les Assises de l’eau et coordonne un groupe de travail sur l’éolien terrestre.

De 2020 à 2022, en tant que ministre des Outre-mer, il doit faire face à des enjeux environnementaux importants (crise de l’eau en Guadeloupe, régulation des mines en Guyane etc.). Depuis mai 2022, il occupait le poste de ministre des Armées, une fonction plus éloignée des questions écologiques, il faut bien le dire. Et maintenant ?

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Mais où est donc passé le ministère de la Transition énergétique ?

Quels dossiers écologiques attendent Sébastien Lecornu à Matignon ?

Les présentations sont faites, voyons à la loupe ce qui attend Sébastien Lecornu. 🔎 Arrivé à Matignon récemment, il hérite de plusieurs dossiers énergétiques majeurs. Certains textes, retardés par la censure du précédent gouvernement, doivent être finalisés rapidement pour éviter une paralysie des projets en cours. Voici quelques explications. 

La PPE3, feuille de route stratégique

La Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE3) est l’un des textes les plus attendus. Elle fixe les orientations énergétiques du pays pour les dix prochaines années, notamment en matière de production, de consommation et d’investissement dans les différentes filières.

Dans ce cadre, le média Contexte, spécialisé dans les affaires publiques, avait annoncé le 25 septembre 2025, que la PPE contenait un moratoire sur l’éolien et le solaire.

Une information démentie par le nouveau Premier Ministre dans une interview au Parisien trois jours plus tard « il n’est pas question de revenir sur nos ambitions énergétiques car la décarbonatation est une priorité pour notre souveraineté.»³

Cependant, les dispositifs de soutien aux énergies renouvelables pourraient être revus à la baisse. C’est ce que font savoir les Echos « Dans le solaire et l'éolien terrestre, en revanche, l'Etat chercherait de toute façon à temporiser sur les appels d'offres publics, face à la faiblesse persistante de la consommation électrique en France, indiquent plusieurs sources.»⁴

Reste maintenant à savoir quand le texte verra le jour. Selon nous, l’enjeu est de publier la PPE3 dans un calendrier resserré. Le texte est attendu depuis maintenant 2 ans et permettrait aux entreprises publiques et privées du secteur de l’énergie de prévoir leur feuille de route pour 2030.

La sixième période des CEE

Autre dossier essentiel : la préparation de la sixième période (P6) des Certificats d’Économies d’Énergie (CEE), qui doit entrer en vigueur en janvier 2026.

Le dispositif des CEE est un levier majeur pour financer la rénovation énergétique et les actions d’efficacité énergétique. Les objectifs de la nouvelle période devraient être précisés rapidement afin de donner de la visibilité aux acteurs du secteur et aux collectivités.

Plusieurs évolutions sont attendues, notamment un renforcement des contrôles pour limiter la fraude. Toutefois, difficile d’en savoir plus sur les contours du dispositif à venir.

La loi Duplomb

Au-delà de l’énergie, plusieurs chantiers écologiques doivent être poursuivis. Notamment le débat sur la très controversée Loi Duplomb. 

Récemment adopté, ce texte prévoyait la réintroduction de l’acétamipride, un insecticide de la famille des néonicotinoïdes. Ces substances sont particulièrement controversées en raison de leurs effets sur la biodiversité, notamment sur les abeilles et les pollinisateurs. Toutefois, le Conseil constitutionnel a censuré une partie du texte, jugeant qu’il n’était pas conforme à la Charte de l’environnement.

Une pétition citoyenne, signée par plus de deux millions de personnes, continue de suivre le processus parlementaire. Ce mécanisme, prévu par la Constitution, pourrait aboutir à un débat public à l’Assemblée nationale. L’objectif serait de permettre aux élu·es et à la société civile de discuter des enjeux liés à l’utilisation des produits phytosanitaires et des alternatives pour protéger les cultures tout en préservant l’environnement.

Espérons que le nouveau gouvernement saura saisir la balle aux bonds et répondre aux attentes des citoyen·nes qui ont signé la pétition. La biodiversité (et notre santé !) n’ont vraiment pas besoin de plus de pesticides. 

Des arbitrages budgétaires à réaliser

En parallèle, vient la question de l’économie. Le projet de loi de finances (PLF) pour 2026, qui sera présenté début octobre, prévoit 43,8 milliards d’euros d’économies.

Dans ce contexte, le financement des politiques environnementales devra être concilié avec les objectifs de réduction du déficit public. Pour le moment, impossible de savoir quelles seront les décisions du gouvernement en matière d’écologie. 

Cependant il faut savoir qu’à partir de 2026, un nouvel outil fera son entrée : le budget vert des opérateurs, qui permettra d’évaluer l’impact environnemental des dépenses des principaux opérateurs de l’État, comme l’Ademe ou Météo-France. 

Ce dispositif vise à éclairer les choix budgétaires et à améliorer la lisibilité de l’action publique en matière de transition écologique. Comme l’explique le Ministère de l’économie, avec le budget vert, « chaque dépense est analysée selon six axes environnementaux : la lutte contre le changement climatique, l’adaptation à ses effets, la gestion des ressources en eau, l’économie circulaire et la gestion des déchets, la lutte contre les pollutions, ainsi que la préservation de la biodiversité.»

Nouveau Premier Ministre : quels changements pour les Français·es ?

À court terme, la nomination d’un nouveau Premier ministre n’entraîne pas de changements immédiats pour les Français·es. Toutefois, les décisions prises dans les prochains mois auront un impact direct sur le quotidien. 

En effet, le PLF donne le « la » en matière d’investissement, de fiscalité et de subventions. Pour faire des économies, le gouvernement pourrait décider de raboter certaines aides ou de flécher vers d’autres priorités les investissements publics. Nous en saurons plus dans les jours à venir !

Une attente de stabilité chez les acteurs du secteur

Quoi qu’il en soit, les prochains mois seront déterminants. Les professionnel·les de l’énergie et de l’écologie expriment un besoin de visibilité et de continuité. Plusieurs textes, dont la PPE3 et la P6 des CEE mentionnés en amont, sont indispensables pour débloquer des projets et orienter les investissements.

Difficile de savoir ce que réservent les jours à venir, tant que le remaniement n’a pas été annoncé. Néanmoins la reconduction de plusieurs membres clés du pôle énergie et environnement du gouvernement laisse penser que la ligne suivie restera proche de celle déjà en place. Le début de mandat de Sébastien Lecornu marque une continuité avec le maintien des conseillers énergie du pôle vert à Matignon.  A priori, Vincent Le Biez, chef du pôle environnement, énergie, transports et logement sous Michel Barnier puis François Bayrou, a été reconduit à son poste. Le conseiller énergie, Samuel Delcourt, est également reconduit.

Pour Sébastien Lecornu, la priorité est donc de rétablir un calendrier clair et de finaliser rapidement les textes attendus. Chez Ekwateur, nous ne manquerons pas de vous tenir au courant (⚡️) des changements et évolutions réglementaires à venir !

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