Pour éviter les dérives et les arnaques (avec un succès relatif quand on connaît l’arnaque à la taxe carbone qui voit des sociétés fantômes empocher la TVA avant de disparaître dans la nature pour éviter de la rembourser aux États), ce système comporte plusieurs obligations et restrictions :
- Les prix et les volumes échangés par les entreprises et les secteurs industriels sont publics afin de garder une trace des échanges et de garantir la totale transparence des acteurs
- Ce sont les États qui distribuent les quotas carbone, sous la forme de mise aux enchères, qui apportent des liquidités à ces mêmes États. Cependant, ces derniers doivent (du moins au sein de l'Union européenne) dépenser au moins 50% du montant de ces enchères dans la lutte contre la pollution et le dérèglement climatique
Plus encore, plusieurs instruments permettent de contrôler la bourse du carbone en Europe pour veiller à son efficacité.
Chaque installation profitant de ces crédits carbone doit être inspectée scrupuleusement. Un registre comptable assure leur conformité ainsi que leur volume d'émission de GES. Pour cela, les mesures des émissions sont régulières et vérifiées par des organismes spécialisés. Dans le cas où une entreprise ne respecte pas son quota carbone, des sanctions et des pénalités peuvent être prises à son encontre.
Dans un monde aussi connecté, les différents marchés de carbone peuvent aujourd'hui travailler de concert. Ainsi, il est possible d'acquérir ou de vendre des actifs carbone dans un autre système d'échange si celui-ci est reconnu comme équivalent.
Car la grande difficulté est ici, en laissant le marché du carbone libre, les prix fluctuent en fonction de l’offre et de la demande et c’est pour éviter que les grandes entreprises achètent des crédits carbone dans des pays où leur prix est bien moins élevé que ce système d'équivalence a été créé.
Pour ne pas affoler les marchés du carbone, il est ainsi possible de garder son quota pour l'utiliser l’année suivante, ou bien même ”d’emprunter” le quota des années futures pour ne pas devoir acheter une trop grande quantité de crédits carbone et ainsi faire décoller son prix.
Afin que la spéculation et les délits d'initiés n’envahissent pas le marché, les États peuvent aussi mettre en place des prix plancher ou des prix plafond.
En décembre 2012, le prix de la tonne de CO₂ s’est ainsi littéralement envolé en augmentant de 140% en une année. Avec la crise énergétique et la réouverture de centrales à charbon (des réouvertures qui persistent encore en 2022) par exemple, certains secteurs ont dû acheter plus de crédits carbone qu'à l'accoutumée, ce qui explique l'augmentation du prix.
Les bourses du carbone et les quotas échangeables sont donc des instruments visant à fluidifier la lutte contre le dérèglement climatique, sans figer l'économie dans des lois qui pourraient lui nuire.
Plus encore, ce système permet de vérifier les émissions des différents secteurs et ainsi de mieux les contrôler. Pour autant, la réalité économique étant ce qu’elle est, bon nombre de pays, dont la France, octroient des quotas gratuits aux secteurs industriels les plus concurrentiels. Résultat ? Les entreprises n’ont pas besoin d’acheter de quotas carbone et laissent les prix au même niveau, dégageant ainsi des bénéfices à partir de rien. Un exemple de plus qui démontre qu’au-delà de ces mécanismes, la tendance vers une diminution de la production est nécessaire. Le dernier rapport du GIEC sur le sujet est clair. Pour garder une planète vivable et en bonne santé, il faudra réduire nos émissions de dioxyde de carbone d’au moins 75 % d'ici une trentaine d'années.