“T’es écolo mais t’as un iPhone”. Posséder un smartphone, est-ce vraiment contradictoire avec une démarche écologique ? Peut-on être végétarien et acheter un nouvel iPhone tous les ans ? Faire ses courses avec un cabas en osier tout en scrollant son téléphone à la caisse : est-ce hypocrite ? Pour le savoir, Ekwateur s’est penché sur l’empreinte carbone des smartphones. Enquête 🕵️.
2 novembre 2023 à 15:15
Lecture 3 mn
En résumé
Environ 1,5 milliards de smartphones sont vendus dans le monde chaque année. Quelle est l’empreinte carbone de chacun d’entre eux ? Autrement dit, quelles sont les émissions de gaz à effet de serre au cycle de vie de chaque produit : depuis leur fabrication, en passant par leur distribution, jusqu’à leur utilisation.
D’après l’Ademe, un smartphone de plus de 5,5 pouces émet 31,06 kg CO2e. Pour un smartphone de plus petite taille (5 pouces), l’empreinte carbone est de 26 kg CO2e.
L’Ademe est l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, un organisme public. Pourtant, cette dernière présente une empreinte carbone plus faible que celle calculée par les constructeurs de smartphones eux-mêmes.
En effet, Apple évalue l’empreinte carbone moyenne de ses derniers iPhone à 50 à 76 kg de CO2. Côté Huawei, un concurrent Android, les émissions sont estimées à 60 à 85 kg de CO2. Enfin, Samsung les chiffre quant à lui de 22 à 70 kg.
Pourquoi de telles différences d’estimations ? D’après un article du Monde, l’agence publique reconnaît avoir sous-estimé le bilan carbone des smartphones. En cause : une base de données ancienne.
Lorenz Hilty, professeur à la tête du groupe de recherche sur l’informatique et la durabilité environnementale à l’université de Zurich détaille : “dans la fabrication des smartphones, les circuits intégrés représentent la principale source d’émission de gaz à effet de serre. Quand nous avons étudié les bilans carbone des fabricants en 2020, les calculs d’émissions étaient basés sur des processeurs anciens, beaucoup moins denses en transistors que ceux d’aujourd’hui. Il est probable que les émissions liées à la fabrication des modèles que nous avons étudiés étaient sous-estimées.”
Bien que les méthodes de calcul de l’empreinte carbone d’un smartphone diffèrent d’une étude à l’autre, les chercheurs s’accordent à dire que la majorité des émissions de CO2 est liée à la fabrication du produit. Voyons comment se décomposent les postes d’émissions tout au long du cycle de vie du smartphone.
D’après l’Ademe, produire un smartphone revient à consommer quatre repas avec du bœuf ou à fabriquer 5 t-shirts. Or, chacune de ces activités est fortement émettrice de gaz à effet de serre. Plus précisément, dans le cas du smartphone, c’est l’extraction des matières premières qui alourdit le plus l’empreinte carbone du produit : cette étape représente 77 % des émissions totales, soit 24,17 kg CO2e émis sur les 31 finales.
Pourquoi l’extraction des matières premières est-elle si néfaste pour la couche d’ozone ? Tout d’abord, il faut savoir qu’un smartphone contient 70 matériaux différents. 40 à 60 % d’entre eux sont des métaux. Parmi eux, on trouve du cobalt ou du lithium, nécessaires à la fabrication de la batterie. Or, ces métaux sont très controversés : ils sont rares, difficiles à trouver, requièrent l’utilisation de machines fonctionnant aux énergies fossiles (elles-même émettrices de gaz à effet de serre). Par ailleurs, ils sont difficiles à recycler.
Une fois les matières premières extraites, le smartphone doit être assemblé et distribué dans les différents points de vente. Voici l’impact des transports sur l’environnement.
D’après l’Ademe, 4 tours du monde sont nécessaires pour produire un smartphone :
Toujours d’après l’Ademe, l’assemblage et la distribution sont responsables de 20 % des émissions de dioxyde de carbone d’un smartphone.
D’après l’étude de l’Ademe, l’utilisation du smartphone ne serait responsable que de 1,7 % des émissions CO2 du produit, soit 533,71 g CO2e.
Toutefois, les calculs omettent le bilan carbone des réseaux de télécommunication et des serveurs informatiques qui y sont liés. En effet, visionner une vidéo ou surfer sur internet en 4G est une activité extrêmement énergivore.
Selon un simulateur du site Impactco2.fr, “regarder une heure de vidéo quotidienne sur smartphone génère 10 kg de gaz à effet de serre annuels, voire 30 kg de CO2 si l’on est connecté en 4G plutôt qu’en Wi-Fi.” En prenant en compte ces usages, l’empreinte carbone d’un smartphone s'élèverait alors “au-delà des 100 kg de CO2 émis” !
Vous cherchez un moyen de réduire votre consommation d’énergie à la maison ? Découvrez notre thermomètre connecté 🌡️ qui éteint à distance vos appareils de chauffage en période de pics de consommation 🙂!
Alors, posséder un smartphone quand on se dit écolo, est-ce vraiment faire preuve de mauvaise foi ? Le média Bon Pote tente de déculpabiliser ses lecteurs en expliquant que cet argument n’apporte pas grand chose au débat puisqu’il s’agit avant tout d’une attaque envers le messager qu’envers le message.
Chez Ekwateur, on pense qu’il est difficile de se passer d’un smartphone de nos jours. Toutefois, nous vous proposons quelques astuces pour réduire l’empreinte carbone qui y est liée.
D’après une étude de Deloitte, “étant donné que la fabrication représente la quasi-totalité de l'empreinte carbone d'un smartphone, le facteur le plus important qui pourrait réduire l'empreinte carbone d'un smartphone est l'allongement de sa durée de vie”.
Si le principal changement est à réaliser du côté des constructeurs afin qu’ils réduisent l'obsolescence programmée, côté consommateur, nous avons tous un rôle à jouer : conservons notre smartphone en bon état et évitons de succomber aux sirènes du marketing.
À lire aussi
Google annonce une hausse de 48 % de son empreinte carbone
Utiliser la 3G ou la 4G pour scroller sur Instagram ou visionner un Tiktok est beaucoup plus énergivore que de le faire chez soi ou au bureau en utilisant la Wifi. Une bonne pratique simple à mettre en place est de systématiquement éteindre l’accès aux données quand vous quittez un endroit qui fournit de la Wifi.
Que ce soit avec votre smartphone ou avec tous les appareils numériques que vous utilisez au quotidien (télévision, ordinateur etc.), l’une des clés pour limiter sa pollution digitale est de réduire vos usages. Moins utiliser ses appareils revient à moins consommer d’énergie pour les faire fonctionner.
Vous pouvez également opter pour une offre d’électricité verte 🌿 comme celle d’Ekwateur pour recharger votre smartphone avec une énergie renouvelable et peu émettrice de gaz à effet de serre.
https://bonpote.com/tes-ecolo-mais-tas-un-iphone/
https://impactco2.fr/numerique/smartphone
https://presse.ademe.fr/wp-content/uploads/2017/09/guide-pratique-impacts-smartphone.pdf
https://www2.deloitte.com/fr/fr/insights/technology-media-and-telecom-predictions/2022/rendre-les-smartphones-durables.html
https://www.lemonde.fr/pixels/article/2023/03/10/le-bilan-carbone-des-smartphones-largement-sous-estime_6165009_4408996.html