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avion, illustration pour les vols allant vers nul part
avion, illustration pour les vols allant vers nul part

Les vols qui ne vont nulle part : quelles conséquences pour la planète ?

« Je voyage pour le plaisir de voyager. La grande affaire est de bouger. » disait l’écrivain Robert Louis Stevenson. Et il faut croire que certaines compagnies aériennes ont pris au mot l’auteur de l’Ile au trésor. Suite à l’épidémie de Covid-19, pour redynamiser leur chiffre d’affaire, elles vendent des billets avec pour point de départ et d’arrivée le même aéroport. Des offres qui suscite l’engouement de passagers en manque d’avion… au détriment de la planète ! Comment expliquer un tel succès ? Quel est l’impact de ces vols sur l’environnement ? Ekwateur vous embarque dans un voyage en absurdie. Prêt-e à décoller ? 😉


Offre post covid-19 : des vols sans destination

Notre voyage commence à Taiwan. Le 8 août dernier, la compagnie aérienne EVA Air a proposé un vol sur le thème Hello Kitty à l’occasion de la fête des pères. La particularité de ce vol ? Pas de destination. Au programme ? Survol de l’île Guishan et de la côte de Huadong, du Wifi gratuit et un repas préparé par le chef étoilé Motokazu Nakazuma. C’est l’expérience qui compte. 

EVA Air n’est pas la seule à le faire. Les compagnies All Nippon Airways (ANA), Royal Air Bruneï et Qantas offrent ces mêmes types de croisière aérienne. Et le public en est friand ! 

En Australie, Qantas a commercialisé, en seulement 10 minutes, 134 billets pour un vol panoramique d’une durée de 7 heures : un aller simple Sydney-Sydney. « C’est probablement le vol qui s’est vendu le plus rapidement de l’histoire de Qantas », s’est félicité Alan Joyce, le PDG de la compagnie aérienne. Le prix du billet, compris entre 500 € et 2300 €, n’a pas découragé les futurs passagers. Ils voleront au-dessus du pays des kangourous le 10 octobre prochain.

Des opérations au lourd bilan environnemental 

Selon l’Association internationale du transport aérien, les pertes de 2020 avoisinent les 71 milliards d’euros. Pour l’association, il s’agit de la « pire année de l’histoire de l’aviation ». D’où l’apparition de ces vols de distraction. Le but des compagnies ? Limiter les pertes liées au coronavirus. 

Mais au final, c’est la planète qui paie le prix fort ! 😞 De manière générale, l’avion reste un mode de déplacement très polluant. En 2015, selon l’association Réseau Action Climat, le trafic aérien est responsable à hauteur de 5% du réchauffement climatique. A lui seul, il émet autant de CO₂ qu’un pays comme l’Allemagne

Ces vols qui tournent en rond présentent un bilan carbone important. Ainsi, le vol Qantas du 10 octobre 2020 rejettera à peu près autant de CO₂ qu’un vol Paris-Dubaï, soit 1,98 tonnes de CO₂. A titre de comparaison, c’est environ 1,5 fois ce qu’émet une famille française à l’année pour se chauffer. 

L’impact écologique de ces opérations a été vivement critiqué sur les réseaux sociaux. Karima Delli, eurodéputée présidente de la commission Transport au Parlement européen ironise sur Twitter, "Dites-moi les compagnies aériennes, les vols pour nulle part, c'est pour mieux observer les incendies vu du ciel ou assister en direct à la mort des barrières de corail ? Il faut cesser cette aberration écologique !"

A Singapour, lorsque la compagnie Singapore Airlines (SIA) a envisagé des trajets sans destinations, un collectif de citoyens écologistes s’est monté. Selon ce collectif, appelé « SG Climate Rally », une décision de la sorte « encourage des déplacements fortement émetteurs de carbone sans raison valable ». Via un appel à contribution, les membres ont cherché des solutions pour compenser les pertes de SIA sans impacter l’environnement. Les propositions n’ont pas manqué. Et, c’est une victoire ! 😃 SIA a renoncé à ces vols si particuliers. À la place, pour renflouer ses caisses, elle proposera des visites des cockpits, des dîners dans les avions au sol, des animations pour les enfants, etc.

De leur côté, les autres compagnies aériennes se défendent. Face aux critiques, Qantas s’est engagé à compenser les rejets de carbone provoqués par ses « vols de loisir ». Pour sa part, Royal Brunei Airlines explique utiliser un A320neo, un avion moins gourmand en kérosène.

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Y-a-t-il des vols pour nulle part en France ? 

Aura-t-on le droit à des vols de 7 heures au-dessus de l’Auvergne ou de la Meuse ? A priori, non (et heureusement ! Si vous voulez découvrir ces beaux paysages, rien ne vaut une randonnée 😉). Dans l’Hexagone, « ce genre de vols n’est absolument pas prévu », a fait savoir Air France. Au contraire, la France réfléchit plutôt à limiter l’impact carbone du trafic aérien. Le 22 juin, Jean-Baptiste Djebbari, secrétaire d’État chargé des Transports a annoncé la fermeture des liaisons aériennes internes pouvant être substituées par un train de deux heures et demie ou moins.

Cette décision avait d’abord été envisagée uniquement pour Air France, en échange des 7 milliards d’euros déployés par l’Etat pour son plan de sauvetage. Mais, il s’appliquera à toutes les sociétés aériennes. « Il n'est évidemment pas envisageable que des opérateurs quels qu'ils soient, notamment low cost, viennent s'y insérer. Donc nous prendrons un arrêté pour des raisons environnementales, compatible évidemment avec le droit européen, de manière à ce qu'il n'y ait pas, effectivement, ces effets de distorsion de concurrence » a mis en avant Jean-Baptiste Djebbari. 

Il s’agit là d’une mesure en faveur de l’environnement. Selon l’Agence européenne de l’environnement (AEE), le train émet seulement 14 grammes de CO₂ par passager contre 285 pour un avion. 

Pour les ONG de défense de l’environnement, c’est loin d’être suffisant. Cette disposition ne permettra de limiter que de 11,2% les rejets de CO₂ engendrés par les vols internes. Elles engagent donc le gouvernement à aller plus loin. Comme le rappelle Réseau Action Climat, « si on supprimait les vols à moins de 5h en train dès à présent, cela diminuerait de 60,6 % les émissions de CO₂ issues des vols métropolitains »

 

Les trajets en avion et plus largement les transports ont un impact sur la planète. Pour réduire son empreinte carbone, il faut donc repenser sa mobilité. Et au quotidien, pourquoi ne pas opter pour un vélo pour les petites distances et une voiture électrique pour les voyages un peu plus longs ? En plus de lutter contre le réchauffement climatique, en choisissant une offre d’électricité verte à petits prix pour l’alimenter, vous ferez des économies sur vos factures d’énergie. Plutôt chouette, non ? 😉

 

 

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